Comme chaque année, l’OID publie sa grande enquête consacrée à l’évolution de l’immobilier durable. Face aux contextes géopolitiques et économiques, quelle place tiennent aujourd’hui les pratiques ESG dans chacune des filières concernées? Et, surtout, quelles sont les priorités des différents acteurs du secteur?
L’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID) est une association indépendante composée de plus d’une centaine d’adhérents parmi lesquels les leaders de l’immobilier. Son objectif: accélérer la transition écologique du secteur, tant en France qu’ à l’international. L’OID publie chaque année depuis six ans son Baromètre de l’Immobilier Responsable qui permet d’analyser les tendances en matière de pratiques ESG (Environnement, Social et Gouvernance). Quels outils et quels indicateurs sont utilisés en priorité? Et, bien sûr, quelles actions sont menées? Pour cette édition 2023, deux nouvelles catégories ont été intégrées: les financeurs et les bailleurs sociaux. A noter aussi que ce baromètre s’appuie sur la contribution de 78 acteurs de l’immobilier.
Près de 100% des acteurs ont entrepris une démarche ESG
Un constat s’impose, doublée d’une bonne nouvelle: si les crises géopolitiques et l’inflation complexifient conséquemment la mise en œuvre des pratiques ESG, près de 100% des acteurs de l’immobilier interrogés affirment avoir entrepris une démarche associée tout au long de leur chaîne de valeur. De façon générale, le pilier environnemental est bien entendu marqué avant tout par les enjeux climatiques qu’on dira «globaux» (la décarbonation, en tout premier lieu). Les autres problématiques (eau, pollution, mobilité…) arrivent en revanche loin derrière. Une disparité que l’OID explique «par les réglementations sur les indicateurs carbone et énergie en vigueur depuis quelques années déjà, ainsi que les outils à disposition qui sont davantage développés sur ces enjeux (la trajectoire de décarbonation, par exemple).» Mais voyons de plus près les grandes tendances, filière par filière.
Immobilier de gestion: Priorité à la gouvernance
Chez ces acteurs, la gouvernance est (très majoritairement) la priorité numéro un avec une note moyenne de 8,4/10. «La transparence extra-financière exigée par les dispositifs européens tels que la Taxinomie européenne, le Règlement SFDR et la Directive CSRD est également de plus en plus forte.» Ainsi, l’intégration des enjeux ESG dans la stratégie des entreprises connait une forte hausse, de même que le nombre d’acteurs «intégrant des critères taxinomiques lors de la due diligence d’acquisition (+13%)», observe l’OID. Avant de pointer du doigt: «L’écart entre les taux d’éligibilité (plutôt élevés) et les taux d’alignement (faibles) relève encore de la difficulté d’interprétation des critères et de la collecte de données dont les processus ne sont pas encore établis.»
A noter: Pour les sociétés financières, le taux d’alignement sera obligatoire dès 2024.
Promotion immobilière: Réglementation ZAN et construction durable
Un équilibre quasi parfait dans les priorités données face aux enjeux actuels est observable dans la filière de la promotion immobilière. Ainsi, par exemple, l’environnemental obtient une moyenne de 7,3/10, les enjeux climatiques restant la préoccupation principale. A commencer par la décarbonation, les questions d’énergies et l’adaptation au changement climatique, évidemment. Mais la réglementation ZAN et la nécessité d’intensifier constructions et rénovations durables influent incontestablement, et de plus en plus. «L’objectif fixé par la Loi ZAN est lié à la montée de la biodiversité dans le classement (+4 places). En effet, les promoteurs doivent désormais construire autrement, sans artificialiser les sols, et se tournent vers davantage de réhabilitations et d’intensifications des usages. Les exigences de la RE2020 imposent aussi de repenser les modes de construction vers plus de matériaux biosourcés et de réemploi, tout en proposant des logements abordables.» En résulte une forte augmentation des formations mises en place (+43%).
«Les principales difficultés relevées restent la collecte de la donnée pour laquelle les financeurs doivent s’appuyer sur les données des acteurs qu’ils financent.»
Baromètre de l’Immobilier Responsable 2023
Financeurs: L’environnement plus que la gouvernance
Chez les acteurs de cette filière, la priorité est donnée au pilier environnemental (à hauteur de 7,4/10). «Les financeurs, intervenant en amont de la chaîne de valeur immobilière, via les crédits, sont particulièrement impactés par le contexte du changement climatique et les exigences des banques centrales sur ces enjeux.», se félicite l’OID. Au risque de faire grincer des dents, notamment celles des différentes ONG militant pour une finance (vraiment) durable. Restent les enjeux de gouvernance qui tiennent visiblement une importance moindre (5,8/10 en moyenne). Une certitude: chez les acteurs interrogés les performances ESG auraient un impact sur les conditions de financement. «Les réglementations, telle que la Taxinomie européenne, permettent aux financeurs de structurer leur reporting et de développer des indicateurs, notamment pour la publication du Green Asset Ratio (GAR) ou les obligations vertes. Les principales difficultés relevées restent la collecte de la donnée pour laquelle les financeurs doivent s’appuyer sur les données des acteurs qu’ils financent.» La pédagogie vis-à-vis des clients est alors plus que jamais nécessaire, selon eux. De même que la formation des différents acteurs de la chaîne.
Bailleurs sociaux: Le social avant tout
Sans aucune surprise, c’est bien évidemment le pilier social qui compte comme priorité principale chez les bailleurs sociaux, forcément tournés vers leurs territoires. Ainsi portent-ils «une attention particulière à la mixité sociale et accompagnent leurs locataires dans la gestion des charges locatives.», résume l’OID dans son Baromètre 2023.