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Enquête : 47% des Français ne sont pas satisfaits de leurs déplacements du quotidien

Enquête : 47% des Français ne sont pas satisfaits de leurs déplacements du quotidien

par Laurent F.

Le think tank La Fabrique de la Cité a récemment publié «Pour une transition juste des mobilités». Une riche synthèse qui s’appuie notamment sur les résultats d’une enquête menée en juillet 2023 par l’Ob-SoCo. 4 000 français âgée de 18 à 75 ans ont été interrogés sur leurs relations à la mobilité. Et les enseignements sont nombreux. Ils appellent à un nécessaire sursaut.

Les mobilités partagées ne convainquent pas

Le premier constat est imparable : près d’un Français sur deux (47%) se dit insatisfait de ses conditions de déplacement. Et, sans surprise, plus le trajet Domicile-Travail est long (au delà de 30 km ou de 30 minutes), plus l’insatisfaction est grande. Au point de devenir  même majoritaire ! Au cœur du problème, les contraintes évidemment. Des contraintes que les 3/4 des personnes interrogées sont certaines de voir s’accentuer ces prochaines années. Marie Dégremont, Directrice des études de La Fabrique de la Cité et autrice de cette synthèse, explique : «En cohérence avec d’autres observations régulières de l’opinion, les promesses technologiques sont perçues de manière négative. Seuls 12% des répondants considèrent les scénarios prospectifs à dominante technologique comme séduisants contre 50% pour les scénarios reposant sur le partage. Environ 40% de l’effort à fournir pour décarboner les déplacements d’ici à 2030 tel qu’il a été quantifié par le Secrétariat général à la planification écologique repose sur des solutions les moins spontanément appréciées des Français. Ces propositions d’évolution des pratiques, même quand elles s’inscrivent dans un scénario a priori plébiscité, sont aussi celles dont la mise en œuvre peine à se dessiner.» Sur la sellette notamment, le covoiturage et le report modal. «La voiture personnelle reste un moyen de transport considéré comme idéal, suivi par la marche dont le potentiel de développement est assez limité. Seule une très faible proportion des Français (5%) a aujourd’hui une appétence pour le covoiturage.»

Un goût de liberté qui ne durera pas pour 75% des Français

Heureusement, l’enquête de l’ObSoCo n’apporte pas que des mauvaises nouvelles. Si les modes de transport partagés et collectifs ont peu la cote, la mobilité est à leurs yeux porteuse d’une valeur à laquelle ils sont 40% à être particulièrement attachés : la liberté! Et justement, plus de huit Français sur dix se sentent plutôt libres dans leurs déplacements. Mais pour 75% environ… ça ne durera pas ! Marie Dégremont résume la situation en pointant notamment du doigt «un penchant pour la possession individuelle de son véhicule (51% contre 29% privilégiant le recours aux services de mobilité)», et «un intérêt marqué pour l’autonomie territoriale». En conséquence, le report modal demeure très faible. «Le volume des trajets du quotidien réalisés «seul au volant» ne diminue pas. 82% des déplacements sont effectués en voiture individuelle, le plus souvent thermique. Une tendance stable sur la dernière décennie.» Pire : «Le nombre de personnes par voiture, indicateur de covoiturage, décroît sur la même période.»

«La Fabrique de la Cité posera la question, dans un dialogue croisé avec des acteurs de terrain, de la mutation à moyen et long terme de ces systèmes de transport.»

Un sursaut des politiques locales est nécessaire

Pour La Fabrique de la Cité, ces résultats invitent clairement à un sursaut des pouvoirs publics et des collectivités. D’autant que «les institutions sur lesquelles les Français projettent le plus de responsabilités et de capacité d’action (État, entreprises), notamment dans la mobilité, sont celles envers lesquelles ils ont le plus de défiance.» Aussi, simultanément à la publication de sa note de synthèse, le think tank a annoncé son intention («pour tenter de mieux comprendre comment ce chemin pourrait être tracé») d’étudier «des actions menées à l’échelle de bassins de mobilité. (…) Elle posera la question, dans un dialogue croisé avec des acteurs de terrain de la mutation à moyen et long terme de ces systèmes de transport. Il s’agira notamment de mettre en perspective les politiques locales de mobilité avec les enjeux de la transition juste, en commençant par identifier des indicateurs pertinents de suivi.»

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