Que sont devenues les promesses des élus depuis les élections départementales de 2021? A mi-mandat, le collectif Vélo Ile-de-France s’est penché sur l’avancée du plan vélo dans chacun des départements de la région. Un état des lieux plutôt contrasté.
Souvenez-vous : lors de la campagne des dernières élections départementales de juin 2021, forts de l’explosion de l’usage du deux-roues durant la période Covid, l’immense majorité des candidats d’Ile-de-France (et d’ailleurs) affirmaient leur intention de développer fortement les pistes cyclables sur leurs territoires. Trois ans plus tard, qu’en est-il de leurs promesses? Les aménagements cyclables ont-il connu l’essor annoncé? Le Collectif Vélo Île-de-France (qui fédère une quarantaine d’associations) vient de rendre public un bilan à mi-mandat, recensant le nombre de kilomètres de pistes aménagées jusqu’ici. Et, à la lecture de cet état des lieux, un constat s’impose: entre les départements limitrophes de Paris et la grande couronne les disparités tiennent de l’évidence.
La Seine Saint-Denis est maillot jaune, les Hauts-de Seine en embuscade
Un double satisfecit d’abord. Grâce à une politique que le collectif juge «particulièrement volontariste», la Seine Saint-Denis présidée par Stéphane Troussel (PS) a aménagé 41,4 km de pistes cyclables ces trois dernières années. Soit «52 % du plan vélo» du département doté de 150 millions d’euros. A cela sont venus s’ajouter 18 kilomètres d’«olympistes» certes provisoires mais dont une grande partie devrait être pérennisée.
Seul regret émis par le collectif: le réseau demeure encore trop discontinu. Du côté des Hauts-de-Seine présidé par le LR Georges Siffredi, ce sont aussi 150 millions d’euros qui sont consacrés au «plan vélo». Avec, pour l’heure, 36,9 km d’axes cyclables sécurisés qui ont été aménagés. Le département ambitionne118 km d’ici à 2028, 69% restent donc à livrer. Là encore, quelques regrets: selon le collectif Vélo Ile-de-France, des «coronapistes» dégradées attendent encore leur pérennisation tandis que de nombreux ponts viennent entraver la fluidité et la sécurité des usagers. Tout particulièrement à Clichy, Puteaux et Gennevilliers.
Val-de-Marne: Des maires volontaristes, mais trop de retards
Placé depuis 2021 sous la présidence d’Olivier Capitanio (LR), le Val de Marne se situe à la troisième place du podium francilien avec 14,3 km de pistes cyclables livrés en trois ans pour un budget vélo porté à 100 millions d’euros. Avec des réalisations souvent jugées «exemplaires» par le collectif, et des maires «volontaristes». Tout particulièrement ceux de Charenton, Vincennes et Joinville. Un seul vrai regret. Ou du moins une recommandation. Face aux gros retards pris sur certains chantiers, «la mise en place d’aménagements transitoires de qualité» serait une bonne idée, selon le collectif.
«Un kilomètre de piste cyclable coûte beaucoup moins cher qu’un projet routier, avec des résultats concrets immédiats pour les cyclistes… et les élus.»
Louis Belenfant, Directeur du collectif Vélo Ile-de-France
La grande couronne doit changer de vitesse
Reste donc la grande couronne où le collectif souligne des efforts encore balbutiants. Le Val-d’Oise (19,7 km) fait certes mieux que le Val de Marne. Mais les autres? La Seine-et-Marne a aménagé 12,6 km, les Yvelines 11,1 km, et l’Essonne 9,3 km. «Il est vraiment temps d’accélérer et de résorber en priorité les points noirs. Les cyclistes sont nombreux en grande couronne. Et la grande majorité des accidents graves de cyclistes ont lieu en grande couronne.», alerte le directeur du collectif Louis Belenfant. Avant de rappeler, à toutes fins utiles: «Développer les aménagements cyclables, ce n’est pas qu’une question de moyens financiers. La Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre, a réussi à créer 40 km de pistes en trois ans. Un kilomètre de piste cyclable coûte beaucoup moins cher qu’un projet routier, avec des résultats concrets immédiats pour les cyclistes… et les élus.»