L’OID ET L’I4CE ont publié une étude sur les conséquences dévastatrices du changement climatique sur le secteur du bâtiment. Quand les stratégies de résilience doivent impérativement s’accélérer…
Dans une étude conjointe, l’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID) et l’Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE) mettent en avant les graves conséquences que risque de faire peser le réchauffement climatique sur le secteur du bâtiment. Pour ce faire, elle s’appuie sur un premier signal d’alarme: l’année 2023 aura été la plus chaude jamais enregistrée avec une hausse des températures moyenne de 1,45 °C. Et 2024 pourrait battre encore ce record.… Pour preuve, rien qu’en mars c’est une augmentation d’1,68°C qui a été enregistré tandis que les neuf mois précédents avaient déjà atteint des sommets. «Le changement climatique est une réalité ; l’urgence est là ; l’inaction est impensable, l’atténuation un impératif et l’adaptation incontournable.» clament l’OID et l’I4CE.
+4°C d’ici 2100… un scénario catastrophe, mais probable si rien ne change!
Pour cette étude, les deux organismes ont souhaité évaluer l’exposition aux aléas climatiques du parc de bâtiments en France hexagonale en s’appuyant sur quatre aléas spécifiques: les vagues de chaleur et les ilots de chaleurs urbains, les sécheresses et le retrait gonflement des argiles, les feux de forêt, et enfin les inondations par «événements extrêmes de pluie». Ceci en prenant en compte la trajectoire de réchauffement de référence, à savoir: +2° C en 2030, +2,7° C en 2050 et +4° C en 2100. Un scénario qui correspond au réchauffement tel qu’il risque d’être vécu si les politiques internationales actuelles demeurent inchangées. «Chaque fraction de degré compte, les efforts d’atténuation doivent s’accélérer pour éviter un scénario catastrophe qui pourrait aller au-delà des +4°C et des conséquences désastreuses déjà modélisées.», préviennent OID et I4CE.
Plus de canicules, de feux de forêts et d’inondations
De fait, une augmentation de 4°C aurait déjà de très lourdes conséquence ainsi que les listent les auteurs de l’étude. «La quasi-totalité du territoire hexagonale sera fortement ou très fortement exposée aux vagues de chaleur, à l’exception des zones de hautes montagnes et de l’extrême nord-ouest. En raison des périodes de sécheresses plus intenses et plus fréquentes, on observera une intensification majeure du phénomène de retrait et gonflement des argiles, avec une très forte exposition couvrant les deux-tiers du territoire. Autrefois concentrée dans le sud de la France (80% des zones méditerranéennes sont classées à une exposition très forte ou exceptionnelle), une exposition supérieure à la moyenne aux feux de forêt concernera près de la moitié du territoire.»
Sans oublier les pluies, plus rares mais plus intenses. La Normandie et les Hauts de France ainsi que la région Grand Est seront les plus fortement exposées aux inondations. 52% et 56% de leurs surfaces seront particulièrement exposées. La très récente actualité commence d’ailleurs à le montrer!
«Cette disparité souligne la nécessité de mettre en place des approches adaptatives différenciées en fonction de la géographie et des caractéristiques locales afin de renforcer la résilience du secteur immobilier.»
Etude OID I4CE
Des disparités géographiques qui imposent des stratégies différenciées
Pour l’OID et I4CE, les faits sont là: les bâtiments seront de plus en plus exposés au réchauffement climatique, ceci tant dans les zones urbaines que rurales. Les stratégies d’adaptation s’imposent donc, mais «sans pour autant que cela nous amène à négliger les efforts d’atténuation toujours nécessaires pour limiter ces conséquences », disent les rapporteurs de l’étude pour qui «il est essentiel de reconnaître les disparités régionales et urbaines dans l’exposition aux aléas climatiques.
(…) Les zones urbaines, en particulier celles densément peuplées, montrent une plus grande vulnérabilité en raison des effets des îlots de chaleur urbains, des inondations et de la concentration des bâtiments. Cependant, les zones rurales sont également confrontées à des expositions significatives, notamment en ce qui concerne la sécheresse et le retrait-gonflement des argiles pour les maisons individuelles, ainsi que les incendies de forêt dans les zones suburbaines..» Pour eux, une politique s’impose alors, évidente et urgente: «Cette disparité souligne la nécessité de mettre en place des approches adaptatives différenciées en fonction de la géographie et des caractéristiques locales afin de renforcer la résilience du secteur immobilier.»