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Etonnant : Ou quand le Futuroscope et Vinci Autoroutes recyclent les urines de leurs visiteurs!

par Laurent F.

L’engagement du Futuroscope en faveur de la transition écologique n’est plus à prouver depuis longtemps. En même temps que Vinci Autoroutes, le site vient d’annoncer un étonnant partenariat. À la clé, une solution écologique (et économique) au service de l’agriculture…

 

Du côté du Futuroscope et de ses 2 millions de visiteurs chaque année, l’expérimentation a été discrètement lancée en juillet 2021. Avant d’être officialisée à la fin mai dans un communiqué : en partenariat avec la société de propreté GSF Athéna, le parc d’attractions poitevin généralisera bientôt le recyclage des urines de ses visiteurs. Une initiative surprenante due au rapprochement du site avec une start-up girondine, Toopi Organics, qui fabrique déjà (avec succès) des biostimulants agricoles issus d’urine humaine fermentée. En 2022, Toopi Organics a même obtenu l’autorisation de commercialiser son premier produit urino-sourcé (le Lactopi Start) dans six pays de l’Union Européenne. Elle s’est aussi vue récompenser des prix i-LAB, i-NOV, et d’un appel à projet France 2030. Et est bénéficiaire d’un contrat à impact de l’ADEME qui, en 2021 et dans le cadre d’un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI), s’est engagée à financer la start-up à hauteur de 3,8 millions d’euros sur cinq ans, soit 760 000 euros par an. 

«La finalité est double : le développement d’une nouvelle filière d’économie circulaire, et l’amélioration de la performance écologique des installations sanitaires autoroutières»,

Toopy Organics & Vinci  Autoroutes, communiqué

Sur l’autoroute aussi…

Mais ce n’est pas tout. Preuve de son gros succès, en même temps que son partenariat avec le Futuroscope était annoncé, Toopy Organics a également fait savoir qu’un autre venait d’être renforcé. Avec Vinci Autoroutes, cette fois. Depuis 2022, la société d’autoroutes a équipé une première aire avec ce dispositif (l’aire des Meuniers sur l’A10). Cette fois, «dans le secteur de Châtellerault et de Poitiers, quatre aires de repos de l’A10 sont (désormais) équipées pour la collecte d’urine en vue de  sa valorisation pour l’agriculture.» À savoir, depuis le 23 mai, les aires des Chagnats, des Quatre vents et des Cent septiers. «La finalité est double : le développement d’une nouvelle filière d’économie circulaire, et l’amélioration de la performance écologique des installations sanitaires autoroutières», ont déclaré les deux parties prenantes. L’ambition de Toopy Organics, désormais ? Fermenter plus de 2 millions de litres d’urine par an en 2027.

Comment ça fonctionne ?

Le principe du Lactopi Start est simple. Fondées sur l’usage d’urinoirs secs (donc sans eau), ces toilettes «vertes» permettent d’économiser 3 litres d’eau potable à chaque passage. «Les urines récoltées sont immédiatement stabilisées pour un stockage sans odeur, puis transportées chez Toopi Organics pour transformation.», explique-t-on au Futuroscope où, pour l’heure, «quatre blocs sanitaires équipés d’urinoirs masculins sont aménagés pour le recyclage d’urine». Bilan (forcément provisoire), depuis juillet 2021, ce sont déjà 23 000 litres d’urine qui ont été collectés sur le parc, soit plus de 275 000 litres d’eau potable économisés. Mais cela ne suffit évidemment pas : «dans les trois ans à venir, le Parc compte collecter l’urine dans la totalité des sanitaires.»

Une alternative écologique (et économique) pour les agriculteurs

Le secret est évidemment dans le procédé de transformation réalisé par Toopy Organics. «Filtrée, supplémentée en sucre, l’urine est inoculée avec des bactéries d’intérêt agronomique et fermentée pendant quarante-huit à soixante-douze heures, afin d’obtenir un biostimulant microbien très concentréUne fois mis en place par la start-up, le procédé a été testé sur plus de dix types de cultures au cours d’une quarantaine d’essais agronomiques. Résultat : le Lactopi Start permet de «réduire la consommation d’engrais de synthèse de 50% tout en maintenant les rendements agricoles, et en baissant les coûts de fertilisation de 37%».

Une solution pour les collectivités (entre autres…)

Forte du succès de son innovation, Toopi Organics propose désormais d’installer des usines de valorisation en France comme à l’international, en s’appuyant toujours sur des acteurs locaux : agriculteurs, collectivités territoriales, distributeurs d’engrais, coopératives agricoles et professionnels de l’assainissement. Ceci dans un rayon de 150 km autour de l’unité de transformation. Pour une économie circulaire… vraiment circulaire !

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