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Stéphane Troussel: «Sur la question des transports en Ile-de France, nous n’avons d’autres possibilités que de trouver des solutions tous ensemble.»

par Laurent F.

Alors que, ce 22 septembre, gouvernement et région ont annoncé avoir trouvé un accord sur la question du financement des transports franciliens, l’Association des Départements d’Ile-de-France (ADIF) a aussitôt appelé -par le biais d’un communiqué de presse- à un Grenelle des Transports qui puisse réunir toutes les parties prenantes. Membre de cette toute récente association, Stéphane Troussel est Président du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis et conseiller municipal de La Courneuve. Il nous en dit plus.

Un mot d’abord sur l’ADIF…

Stéphane Troussel: «L’ADIF réunit les sept départements d’Ile-de-France. Nous avons créé cette association il y a quelques jours, notamment parce qu’il nous a semblé qu’au delà de ce que fait déjà l’Assemblée des Départements de France -et forts de l’acquis de notre Fonds de solidarité interdépartemental d’investissement (FS2i)- elle pouvait être une sorte de prolongement et assurer le relais de nos positions auprès des pouvoirs publics.»

Pourquoi cet appel à un Grenelle des Transports?

Stéphane Troussel: «Il n’est faire offense à personne que de dire que les transports franciliens sont sous tension tant dans leur fonctionnement qu’au regard des gros enjeux de financement qui sont posés. Certes, c’est la région qui a la compétence sur la question, mais en Ile-de-France les départements sont de plus en plus appelés à contribuer. Et ceci, de façon de plus en plus significative (soit au travers du financement d’IDFM, soit de celui du CPER). C’est pourquoi il nous a semblé nécessaire de demander une rencontre avec les deux acteurs majeurs que sont le Préfet de région Marc Guillaume et la Présidente de la région Valérie Pécresse. A la fois pour évoquer les questions financières à court terme, mais aussi (au delà des mesures ponctuelles qui pourraient être prises ou décidées) pour les placer en perspective. Comme chacun sait, nos transports sont appelés à beaucoup se développer, alors -puisque nous sommes régulièrement appelés à «mettre la main à la poche» pour financer une compétence qui n’est pas la nôtre- il nous semblait de bonne pratique que les départements puissent être reçus! 

Ce Grenelle des Transports en Ile-de-France serait un prolongement des Assises organisées en janvier dernier, et qu’il nous semble nécessaire de renouveler. L’idée étant d’aboutir à une sorte de consensus, en tout cas de compromis. Et d’éclairer l’opinion publique francilienne, concernée quotidiennement par les transports publics. A l’heure de la nécessaire transition écologique, cet enjeu est devenu absolument majeur.»

Pensez-vous d’ores et déjà mettre en avant certaines «solutions»?

Stéphane Troussel: «Il est bien évident qu’il n’est pas question pour nous d’évoquer des pistes en amont. L’échange de solutions par communiqués interposés serait le meilleur moyen de bloquer les choses! Si nous faisons cette demande, c’est dans un esprit très constructif. Face à ces enjeux, nous sommes tous dans le même bateau. Aussi, nous n’avons d’autres possibilités que de travailler tous ensemble. Et de trouver des solutions tous ensemble.»

«En Seine Saint-Denis, la perspective des lignes 14, 15, 16 et 17 nous donnent de bons espoirs, mais ce rééquilibrage doit encore se poursuivre.»

Stéphane Troussel, Président du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis

La Seine-Saint-Denis est particulièrement concernée par ces questions, puisqu’elle abritera à terme un tiers des gares du Grand Paris Express…

Stéphane Troussel: «Elle l’est, en effet. Notamment parce que ce département souffrait (et souffre encore) d’un retard très significatif. Lorsque que vous voyez la densité des stations de métro dans Paris intra-muros -et même dans l’ouest francilien- vous ne pouvez que le constater: s’il y a bien un territoire sur lequel il y avait un rééquilibrage à faire, c’est en Seine Saint-Denis! La perspective des lignes 14, 15, 16 et 17 nous donnent de bons espoirs, mais ce rééquilibrage doit encore se poursuivre, car ces quatre lignes ne règleront pas tout. Mais si la Seine-Saint-Denis est particulièrement concernée, c’est aussi le cas des autres départements de la Grande Couronne. Tant que des réseaux de bus ou de tramway ne seront pas développés sur certaines parties parmi les plus éloignées du cœur de l’agglomération, un certain nombre de Franciliens ne renonceront pas à leurs véhicules individuels. Et on les comprend!»

Pour conclure, la Seine-Saint-Denis est-elle prête pour les Jeux Olympiques et Paralympiques?

Stéphane Troussel: «Elle le sera sur tout ce qui concerne les constructions, les équipements sportifs, les logements, les passerelles sur la Seine et sur l’autoroute, et sur les différents aménagements de voiries. En revanche, deux grands sujets se posent. D’abord, tous les projets immatériels (notamment ce qui concerne le sport et la culture dans l’espace public ou les dispositifs d’insertion par le sport…). Aujourd’hui, ceux-ci font l’objet de programmes en partie co-financés par Paris 2024. Mais Paris 2024 n’aura évidemment plus lieu d’être après les Jeux. Aussi, si on veut que le mot «héritage» ait un sens, alors il faut que dans l’année qui vient les pouvoirs publics songent à prendre le relais, et que nous nous demandions tous comment pérenniser ces programmes après les J.O de Paris. 

Le deuxième sujet sur lequel il faut continuer de travailler (et même de cravacher d’ici aux quelques mois qui nous séparent de la cérémonie d’ouverture!) ce sont bien sûr les questions du transport, de la sécurité et de l’organisation. Disons-le: l’état actuel du réseau, sa qualité, sa régularité, ses fréquences, nécessitent des mesures solides et robustes. Cela passe par des recrutements en nombre suffisant, des navettes, des lignes supplémentaires… Bref, pour répondre aux nécessités, aux attentes (et aux exigences) il y a encore du boulot !»

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