Si elle a d’ores et déjà envahi notre quotidien et qu’elle nous apporte bien des avancées, l’intelligence artificielle (I.A) suscite de vives inquiétudes. Menaces sur nos emplois, manipulations, désinformations et autres fake news font partie des points noirs auxquels on pense bien souvent. Il est un domaine en revanche qui, jusqu’ici, n’inquiétait guère : la transition écologique. Et pourtant…
Depuis qu’elle s’est installée dans nos vies voilà quelques mois, l’intelligence artificielle ne cesse de s’étendre. Ses usages sont désormais innombrables, tant et si bien que de nouvelles technologies apparaissent quasiment jour après jour. ChatGPT s’est introduit dans de nombreux outils professionnels comme sur les messageries Microsoft Teams et Slack. Midjourney produit pour nous des images à la demande, et l’on trouve l’I.A. désormais sur nos smartphones dans nos outils domotiques et nos objets connectés, comme sur différents moteurs de recherche (Bing, par exemple). Pour répondre efficacement (rapidement, surtout !) aux nouveaux usages que cette avancée a suscité, des milliers de modèles ont été déployés simultanément qui viennent forcément, lourdement peser sur nos data centers. Et donc sur l’empreinte carbone du numérique.
«Il y a un énorme manque de données, nous ne savons pas combien il y a d’utilisateurs ni quelle est la consommation énergétique des data centers de ChatGPT.»
Kasper Groes Albin Ludvigsen, fondateur de la Communauté danoise de Data Science, (sur Novethic.fr)
Sur ses émissions de CO2 le secteur reste totalement opaque
Au point de la faire exploser ? Difficile à savoir, tant les entreprises concernées restent évasives sur le sujet, pour ne pas dire totalement opaques. Et pas seulement elles. Preuve en est le premier sommet mondial sur les risques posés par l’I.A. qui s’est tenu en novembre dernier en Grande-Bretagne. Pas un mot sur son impact carbone, pas même une simple allusion. Et pourtant, dans le monde entier, de nombreux spécialistes s’accordent pour donner l’alerte. Comme Kasper Groes Albin Ludvigsen, le fondateur de la Communauté danoise de Data Science. Selon les calculs de cet expert (et comme le rapporte le site Novethic.fr), si 3 milliards de personnes effectuaient une trentaine de recherches quotidiennes via GPT4, les émissions en découlant atteindraient en vingt ans l’équivalent d’une bombe climatique, à savoir ces mégas projets pétroliers et gaziers qui émettront plus d’un milliard de tonnes de CO2 sur l’ensemble de leur cycle de vie. De quoi faire froid dans le dos ! «C’est un scénario extrême pour garder à l’esprit que chaque requête a un impact physique même si, isolément, celui-ci est faible.», précise le Danois à Novethic. Avant de conclure par un constat d’impuissance : «Il y a un énorme manque de données, nous ne savons pas combien il y a d’utilisateurs ni quelle est la consommation énergétique des data centers de ChatGPT.»