Accueil » Transition écologique » Thomas Côte, co-fondateur de Wever: «Notre but? Devenir un «standard» et proposer notre plateforme à un maximum d’acteurs des mobilités.»
wever

Thomas Côte, co-fondateur de Wever: «Notre but? Devenir un «standard» et proposer notre plateforme à un maximum d’acteurs des mobilités.»

par Laurent F.

Labellisée Greentech Innovation par le Ministère de la Transition Ecologique en 2018, puis lauréate du concours i-Nov porté par le gouvernement et par l’ADEME, Wever s’appuie sur une plateforme guidée par l’intelligence artificielle. Son ambition: accompagner entreprises, collectivités et opérateurs de transport dans la transition écologique des mobilités, et accompagner durablement au changement d’habitudes des usagers. Son co-fondateur Thomas Côte nous l’explique.

Comment est née Wever?

Thomas Côte: « Nous sommes partis du fait que, jusqu’ici, nos choix de mobilités autant que nos habitudes de trajets n’étaient jamais considérés. Lorsqu’on lançait de nouveaux projets, jamais les usagers n’étaient consultés. Pas plus qu’on ne leur demandait pourquoi ils n’utilisaient pas telle ou telle solution. En 2015, nous avons donc créé Wever afin de pouvoir fournir une plateforme aux agglomérations, aux opérateurs de mobilité et aux entreprises afin qu’ils puissent interagir avec leurs usagers et/ou leurs salariés. Et pour qu’ils construisent avec eux leurs offres de mobilités. À travers cette plateforme ils bénéficient d’un véritable outil de pilotage de la mobilité via (notamment) un système d’informations géographiques, la possibilité de faire des simulations, mais aussi de suivre l’évolution par le biais de données précises. Et parce que ce n’était pas suffisant, pour les usagers nous avons aussi souhaité proposer un accompagnement au changement

Qu’est-ce qui vous différencie d’une plateforme MaaS «classique»?

Thomas Côte: «Les MaaS «classiques» vous fourniront les informations pertinentes pour vos déplacements, mais il faut d’abord avoir compris l’intérêt de cette démarche pour aller les consulter. De plus, ils vous informeront des trajets les plus rapides d’un point A à un point B, mais ils ne collecteront jamais vos ressentis, vos éventuels sentiments de pénibilité. Si vous n’utilisez pas la flotte de vélos qu’ils vous proposent, c’est peut-être parce que vous estimez que le trajet n’est pas assez «sécure», ou que l’offre est trop chère, ou encore que les vélos sont trop souvent en panne. Wever vient donc agir sur ce levier

De quelle façon?

Thomas Côte: «Concrètement, lorsque vous arrivez sur la plateforme, au moment de la création de votre compte vous répondez à un questionnaire visant à renseigner vos habitudes de déplacements et les pénibilités que vous pouvez éventuellement rencontrer. Partant de ces informations, nous commençons notre travail. En clair, nous intégrons le MaaS en révélant les offres, mais sous le prisme de la pénibilité. Par exemple, un usager n’utilise pas le vélo et préfère se rendre au travail en voiture. Là, nous lui envoyons des informations: «Vous avez dit que l’impact environnemental était un vrai sujet pour vous? Alors savez-vous qu’il est possible de vous rendre à votre destination à vélo en moins de 30 minutes? En le faisant deux fois par semaine, votre impact carbone diminuera de…» En réponse, il nous donnera les raisons qui l’empêchent de faire appel au vélo plus souvent. Alors, nous lui donnerons en retour des informations complémentaires et alternatives afin, à terme, de l’inciter à passer à l’acte.»

«Nombreuses sont les agglomérations de taille moyenne (voire modeste) qui trouvent avec l’outil que nous leur proposons les ressources qui leur manquaient.»

Thomas Côte, co-fondateur de Wever

Qui sont vos clients et usagers? 

Thomas Côte: «Nous sommes présents un peu partout en France et en Suisse. Parmi nos clients, on peut citer Transdev, SNCF Réseau, Crédit Agricole PACA ou encore Nokia, ainsi que l’Eurométropole de Strasbourg, le département du Rhône, la région Hauts de France, les agglomérations de Paris Saclay, du Grand Chatellerault, de Calais, ou encore Esterel Côte d’Azur. Nombreuses sont les agglomérations de taille moyenne (voire modeste) qui trouvent avec l’outil que nous leur proposons les ressources qui leur manquaient. Ainsi, elles font aujourd’hui un super travail. Mieux: certaines «sur-performent» par rapport à quelques métropoles!»

Au-delà d’une «simple» plateforme, vous apportez aussi des solutions concrètes. Vous êtes donc également opérateur?

Thomas Côte: «Nous allons jusqu’au bout, c’est-à-dire que nous partons du diagnostic initial jusqu’à la montée en compétence et en autonomie des équipes. De plus, face aux informations très fiables que nous récoltons, nous nous sommes rendus compte que nous pouvions effectivement opérer en proposant des solutions très pragmatiques, et assez simples à mettre en place. Nous disposons d’offres de covoiturage. Nous avons aussi une plateforme de réservation et de distribution de vélos. Nous allons prochainement intégrer un calculateur d’itinéraires et, progressivement, d’autres solutions servicielles. 

Enfin, toujours à travers notre plateforme, nous proposons également de grandes enquêtes Origine destination qui viennent remplacer ou compléter les approches bien connues et souvent très coûteuses. Nous venons d’en réaliser une pour le Grand Genevois (français et suisse), et nous nous apprêtons à en faire une sur la métropole d’Orléans. Le grand avantage de cette solution, c’est que toutes les personnes ayant répondu à l’enquête sont «activables»: on peut ensuite les suivre et entamer avec eux leur changement de comportement.»

Bon à savoir: Parmi les actions entreprises par Wever, on peut citer l’optimisation du service de navettes internes pour les salariés de Nokia avec la création de six nouveaux itinéraires. Ou encore, pour la Région Hauts-de-France, le déploiement d’une flotte de vélos mécaniques et électriques sous forme de prêt découverte et en libre-service (40 vélos répartis sur trois sites).

Quelles sont vos perspectives?

Thomas Côte: «Nous comptons bien nous développer encore, notre but étant de devenir un «standard» et de proposer cette plateforme à un maximum d’acteurs. D’une part pour accélérer la transition énergétique dans les mobilités chez l’ensemble de ces acteurs, pas seulement chez les plus «riches». D’autre part, pour compléter notre offre afin de pouvoir proposer l’intégralité des services qu’une organisation peut attendre aujourd’hui. Le tout, en accompagnant au changement, ce qui est un peu notre obsession!…

Articles connexes