Accueil » Mobilité durable » Des zones «Cyclistes pied à terre» à Agen, Nice, Lille… Bientôt à Paris?
cycliste pied à terre

Des zones «Cyclistes pied à terre» à Agen, Nice, Lille… Bientôt à Paris?

par Laurent F.

Si la proposition de la maire du 9ème arrondissement n’a pas été retenue dans le Plan Piéton présentée récemment, l’idée fait son chemin. Comme d’autres villes avant elle, Paris finira-t-elle par demander aux cyclistes de mettre la pédale douce dans certaines zones?… 

D’abord, ce fut Nice qui depuis deux ans interdit l’accès de son vieux quartier piétonnier aux vélos et trottinettes pendant l’été. Puis ce fut Agen en juillet, et Lille début octobre. Depuis lors, la capitale des Flandres comme la préfecture du Lot-et-Garonne proscrivent la circulation de tout engin de mobilité douce sur certaines des voies piétonnes de leur centre-ville. Pour les emprunter les usagers doivent donc mettre pied à terre et marcher à côté de leur engin. A défaut, ils sont amendables de 35 euros, et jusqu’à 135 euros s’ils roulent trop vite ou avec des écouteurs dans les oreilles.

Sécurité et partage de l’espace public au cœur du débat

Ce qui justifie cette mesure? La sécurité évidemment, et le bon partage de l’espace public entre piétons et usagers. Un partage sérieusement mis à mal depuis le boom du vélo et des trottinettes dans les rues de nos villes. En témoigne un sondage réalisé par Vinci Autoroute: 82% des piétons déclarent avoir déjà été frôlés par un deux-roues (motorisés ou pas) ou par un EDPM alors qu’ils marchaient sur un trottoir. De quoi faire de cette problématique un sujet essentiel des politiques publiques d’aujourd’hui. Et pas seulement là. A Paris aussi où, comme on le sait, ce partage fait partie des priorités. Tellement que l’équipe d’Anne Hidalgo a récemment érigé un Code de la rue voté par le Conseil de Paris en juillet dernier. Pas étonnant, donc, que les zones «Cyclistes pied à terre» se soient récemment invitées dans le débat parisien.

Parmi ses soutiens les plus fervents, figure la maire Horizons du 9ème arrondissement Delphine Bürkli. «C’est un sujet sur lequel je milite depuis longtemps. J’ai réitéré cette demande au moment du débat sur le Code de la rue, mais la mairie n’a pas donné suite.», se désole-t-elle alors qu’elle a remis le sujet sur la table lors du dernier Conseil. Soit au moment même où David Belliard annonçait le futur Plan Piéton qui n’y fait pas mention. «Les engins motorisés autorisés et les vélos ou trottinettes sont censés rouler au pas dans les aires piétonnes. Mais ce week-end encore, par exemple rue des Martyrs, qui est une zone très dense, j’ai vu des vélos descendant à fond de train. C’est comme une piste de ski, c’est dangereux.», constatait encore Delphine Bürkli il y a peu.

«Il n’y a pas besoin d’inventer une nouvelle règle. Le vrai sujet, c’est de faire mieux respecter celle qui existe et qui est suffisante. C’était d’ailleurs l’objet du Code de la rue.»

David Belliard

Paris dit non!

Bien entendu, à Paris comme à Agen, Lille ou Nice, si elles ont leurs supporters ces zones «Cyclistes pied à terre» font aussi grincer bien des dents. A commencer par celles des usagers et des associations dédiées. Comme la Fédération nationale des usagers de la bicyclette (FUB) qui voit là des arrêtés «clairement anti-vélos». «Près de 90% des victimes de sécurité routière en ville sont des piétons et des cyclistes, blessés ou tués par des automobilistes.», rappelle-t-on à la FUB. Paris sera-t-elle néanmoins bientôt concernée? Si l’on en croit David Belliard… non! «Ce serait envoyer un mauvais signal. La marche, les transports en commun et le vélo font partie des mobilités que nous souhaitons développer. (…) Il n’y a pas besoin d’inventer une nouvelle règle. Le vrai sujet, c’est de faire mieux respecter celle qui existe et qui est suffisante. C’était d’ailleurs l’objet du Code de la rue.»

Articles connexes