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Tour de France des mobilités durables: Lille: Priorité aux vélos et aux transports en commun!

par Laurent F.

Quelles sont les offres de nos villes? Pour quels enjeux? Et quels sont leurs projets? Make a Move vous invite à un Tour de France des mobilités douces. Première étape, la capitale des Flandres. Pour en savoir plus, nous avons interrogé François Navarro, Directeur Général de l’agence d’attractivité Hello Lille.

La question des mobilités durables est-elle devenue un enjeu en terme d’attractivité?

François Navarro: «Bien sûr. Cela fait partie des points importants soulevés par les entreprises désireuses de s’installer sur notre territoire. Puisqu’elles s’apprêtent à faire venir leurs salariés, elles se penchent forcément sur leur futur cadre de vie. Il faut savoir aussi que 70% de nos hôtels sont fréquentés par des touristes d’affaires. Ils doivent pouvoir se déplacer facilement et rapidement d’un point à un autre de l’agglomération, de leur lieu d’hébergement à notre centre de congrès notamment. Or, comme toutes les métropoles, la Métropole européenne de Lille (qui rassemble 1,2 millions habitants sur 95 communes) fait face à des problèmes récurrents d’embouteillages et de pollution de l’air. C’est pourquoi un certain nombre de décisions ont été prises. L’objectif étant d’inciter les métropolitains à utiliser les transports en commun.»

station v'lille

Quelles sont ces décisions? 

F.N.: «Nous disposons de bus, mais aussi de deux lignes de métro et de deux tramways (qui desservent 36 stations sur neuf communes, ndlr). Surtout, un grand plan a été voté à la fin 2020. Pour l’appliquer, la métropole va investir près de 2 milliards d’euros. Si l’on veut améliorer l’accessibilité tout en optimisant la qualité de l’air, c’est une nécessité! D’autant qu’à l’horizon 2035 nous devrions compter 100 000 habitants et 80 000 emplois supplémentaires. A terme, ce plan va permettre la création de près de 30 nouvelles liaisons en transports collectifs. Le doublement des rames de métro est prévu à l’échéance 2023. Nous proposerons aussi des tramways nouvelle génération. Et des bus à haut niveau de services, c’est-à-dire à haute fréquence aux heures de pointe et circulant sur des voies réservées. Bref, cette offre de mobilité douce sera incontestablement un outil en plus en terme d’attractivité!»

Hors les transports en commun, quelle est l’offre de mobilités durables lilloise?

F. N.: «Comme chacun sait, la région est une grande terre de vélos. Le Paris-Roubaix (deuxième course cycliste la plus regardée au monde après le Tour de France) passe par l’agglomération. En 2022, Lille sera une ville départ d’une étape du Tour. Et nous sommes à la porte d’entrée de l’Europe du nord, là où le cycle est roi. Bref, le vélo est dans l’ADN des Lillois! Du côté des offres, nous proposons V’Lille. Des deux-roues classiques, disponibles 24h/24, 7j/7 dans 233 stations, et que l’on peut réserver et payer via une application dédiée. Cette flotte en libre-service est gérée directement par la métropole. De même, les collectivités ont mis en place une très forte politique d’incitation à l’utilisation du vélo.»

C’est-à-dire?

F.N.: «Entre autres actions, tous les ans, durant un mois, un «challenge métropolitain du vélo» est organisé. Toutes les entreprises sont incitées à convaincre leurs salariés d’utiliser le vélo pour leurs déplacements. A travers une application là aussi dédiée, ils cumulent alors des points et des kilomètres qui permettent aux entreprises en question de gagner des lots. Par ailleurs, les voies réservées aux bicyclettes lors de la crise du Covid 19 ont été pérennisées. Et le long de la Deûle (la rivière qui traverse la métropole) des berges ont été spécialement aménagées. »

Les Lillois peuvent aussi disposer de vélos taxis et de vélos shopping. De quoi s’agit-il?

F.N.: «En effet, l’entreprise HappyMoov propose une flotte axée sur plusieurs offres : le taxi-vélo, la balade touristique dans les lieux emblématiques de la ville, et le vélo shopping. Ce sont des tricycles à cabine avec chauffeur, qui peuvent accueillir deux adultes et deux enfants. Ainsi, vous pouvez aller faire vos courses, et rentrer chez vous par ce biais. Des enseignes se sont associées à l’initiative pour proposer ce service à leurs clients.» (A noter aussi : Vélowomon propose, quant à lui, la location pendant 7 jours de vélos cargo électriques, ndlr.)

Et pour les solutions d’autopartage?

F.N.: «Le réseau Citiz s’est installé à Lille. Beaucoup pensent qu’il propose des voitures électriques ; ce n’est pas le cas. Mais cela fonctionne très bien. Citiz est présent dans des endroits très centraux, et sa flotte de véhicules est disponible en libre-service 24 h/24.»

Les flottes de deux-roues électriques en libre-service sont les grandes absentes ici. Lille fait même partie des quelques grandes villes à refuser le déploiement d’une offre de trottinettes. Pourquoi ce choix?

F.N.: «Il n’y en a effectivement pas. La ville de Roubaix, elle, propose vélos et trottinettes électriques depuis peu via l’opérateur Tier. En revanche, Lille ne souhaite pas en implanter. Pour des questions de sécurité et d’occupation du domaine public, notamment. Toutefois, quelques opérateurs privés en proposent pour des locations très courtes, à visée essentiellement touristique. Parmi eux, citons Le Grand 8 qui dispose aussi de gyropodes, de vélos fun, de vélos hollandais et même de paddles. De même, à la Citadelle (le poumon vert de Lille), la société Marin d’eau douce a mis en place une flotte de bateaux électriques sans permis, comme elle l’a déjà fait à Paris, Meaux et Strasbourg. On peut donc découvrir la ville en navigant sur le canal de la Deûle. Et cela fait un véritable carton! Il y a une véritable appétence pour ce type d’offres.»

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