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Le Pass Rail sera mis à quai cet été

par Laurent F.

C’était l’un des grands chantiers de l’ancien Ministre délégué aux Transports, le Pass Rail sera bel et bien mis en place cet été. Mais pas tout à fait comme attendu à l’origine. Retour sur des mois de tergiversations.

De longs mois d’incertitude

Il l’avait annoncé dès février 2023, l’ex-ministre délégué aux Transports Clément Beaune souhaitait l’instauration d’un Pass rail permettant à tous les Français -suivant le modèle allemand- de pouvoir voyager en train de façon illimitée contre un abonnement mensuel de 49 euros. Le ministre en avait même fait l’un de ses chevaux de bataille, maintenant son objectif de voir cette offre instaurée dès l’été 2024 en dépit du scepticisme de certains observateurs. Selon ceux-ci, difficile (pour ne pas dire impossible!) de réunir dans un bel élan d’unanimité l’ensemble des régions. Une unanimité toutefois indispensable à la mise en place d’un tel forfait. 

Alors le Pass Rail s’annonçait-il mort né? La question pouvait d’autant plus se poser qu’en septembre dernier, à l’occasion d’une interview donnée au Youtubeur Hugo Travers, Emmanuel Macron se targua d’une nouvelle annonce: la mise en place d’un Pass Rail… pour les moins de 27 ans. S’agissait-il là d’une seconde offre ou le Pass «universel» était-il d’ores et déjà enterré? Dernière interrogation, début février: l’arrivée de Gabriel Attal au poste de Premier ministre et la nomination de Patrice Vergriete en remplacement de Clément Beaune allaient-elles sonner (un peu plus) le glas de la mesure? 

Bref, après plusieurs mois d’incertitude la nouvelle est donc tombée ce 4 avril. Le Pass Rail pour les moins de 27 ans sera bel et bien lancé cet été. Ou plutôt «expérimenté». Le point final d’un long parcours qui aura nécessité de nombreuses tractations entre Etat et régions. 

Un «coup de com’» aux yeux de certains

Car, on le sait désormais, plusieurs points d’achoppement ont freiné cette mise en place. Jusqu’au dernier moment (c’est-à-dire quelques heures seulement avant l’annonce du Ministre des Transports),  plusieurs régions ont refusé catégoriquement de s’investir dans ce qu’ils voyaient comme un «coup de com’». Il aura fallu l’insistance du Ministre, la pression de leurs administrés et l’intervention de Carole Delga, Présidente de la région Occitanie et fervente partisane du projet, pour finalement les convaincre. Mais la partie semblait loin d’être gagnée à entendre il y a encore peu le Président de la région Normandie, le centriste Hervé Morin: «Emmanuel Macron l’avait d’abord annoncé sans nous concerter, puis Patrice Vergriete a rétréci l’ambition à une expérimentation en juillet et août… Pourquoi irions-nous faire un cadeau au gouvernement pour un projet qui n’aura peut-être aucun lendemain?». Même son de cloche du côté des Pays de Loire, de l’Auvergne Rhône-Alpes et des les Hauts-de-France. Pour son président, le LR Christophe Coulon, «ils veulent faire un coup pour les J.O., mais on ne va pas perdre notre temps pour quelque chose qui n’a ni queue ni tête!» 

L’Ile-de-France exclue du dispositif

Pour ces régions comme pour d’autres, le fait d’exclure l’Ile-de-France du projet est lui aussi mal passé, certains conditionnant même leur participation à celle de l’IDF. L’argument du gouvernement pour expliquer cette décision? «Nous nous sommes basés sur le modèle du Pass TER qui avait été mis en place par les régions en 2020.»  Enfin, restait un ultime frein: la question du financement. Selon les estimations, le Pass Rail devrait coûter 15 millions d’euros : 8 à la charge de l’État, 7 à celle des régions. Un coût certain, d’autant que les revenus générés par l’achat des billets s’en trouvera forcément diminué. Le manque à gagner (du moins si l’on en croit les premiers calculs effectués) pourrait être de l’ordre de 100 000 à 900 000 euros selon les régions.

Mais cette fois, ça y est! Après de nombreuses tractations, Patrice Vergriete, a donc finalement obtenu l’accord de l’ensemble des parties prenantes. Contre 49 euros par mois les moins de 27 ans pourront donc voyager de manière illimitée sur l’ensemble des TER et Intercités français durant les mois de juillet et août. Ensuite? Réponse après les J.O.

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