Ce 5 mai, un comité interministériel dirigé par la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé la mise en place d’un nouveau plan vélo qui succède à celui déjà annoncé en septembre dernier. À la clé, une enveloppe budgétaire d’une ampleur jamais vue jusqu’ici…
Pour succéder au premier plan vélo mis en place en 2018, la Première ministre Élisabeth Borne avait annoncé en septembre dernier la mise en place d’un nouveau dispositif : une enveloppe de 250 millions d’euros sur l’année 2023 spécifiquement dédiée au vélo. Au programme, le maintien des aides à l’achat, et surtout le développement des pistes cyclables et des parkings sécurisés. Lors d’un comité ministériel organisé ce 5 mai, le gouvernement a décidé d’appuyer singulièrement sur la pédale puisque ce nouveau plan vélo voit son budget multiplié par… huit ! Soit 2 milliards d’euros entièrement consacrés (d’ici à 2027) à la démocratisation de l’usage du deux-roues en France. Avec la ferme intention d’en faire « une alternative attractive à la voiture individuelle » et un moyen de déplacement « accessible à toutes et tous, dès le plus jeune âge et tout au long de la vie. »
Des aides étendues au marché de l’occasion
Comment s’articulera ce nouveau plan vélo ? Par le maintien des aides à l’achat d’abord. Environ 500 millions d’euros leur seront consacrés. Les conditions devraient rester les mêmes, à ceci près qu’elles s’appliqueront désormais aussi à l’acquisition d’un vélo d’occasion. Jusqu’ici, qu’elle soit électrique ou non, la bicyclette devait absolument être neuve pour que son nouveau propriétaire puisse prétendre à une subvention.
« On ne financera pas de la peinture, mais de vraies pistes cyclables sécurisées et séparées du trafic automobile. »
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique
Pistes cyclables : l’Etat subventionnera surtout les petites villes
Aujourd’hui, la France dispose de 50 000 kilomètres de pistes cyclables, dont 14 000 ont été aménagés depuis 2017. L’exécutif souhaite intensifier encore le réseau, et même le doubler. « L’objectif est d’atteindre 80 000 km en 2027 et 100 000 km en 2030. », a expliqué Clément Beaune, le ministre délégué aux Transports. Les collectivités locales (tout particulièrement les mairies) pourront bénéficier d’une aide de l’ordre de 25 à 30% pour chacun de leur projet. Avec une priorité donnée aux villes petites et moyennes, le gouvernement estimant que les grandes métropoles ont déjà « bénéficié de beaucoup de moyens de l’État et ont elles-mêmes des ressources importantes pour avancer. » Attention toutefois au greenwashing. Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a préféré prévenir : « On ne financera pas de la peinture, mais de vraies pistes cyclables sécurisées et séparées du trafic automobile. »
Cap sur la sécurisation des infrastructures
Justement, la sécurisation des infrastructures faisait déjà partie des priorités des précédents plans vélo. Elle le devient encore davantage aujourd’hui. D’abord, pour parer aux trop nombreux vols, le nombre de marquages devrait passer de 4 millions à 13 millions d’ici 2027. Surtout, des aides au financement de parkings sécurisés, boxes à vélo ou zones de stationnement surveillées seront déployées. Ainsi, copropriétés, collectivités, bailleurs sociaux et certaines entreprises sont éligibles à des subventions et à des accompagnements par le biais du programme Alveole +. Le gouvernement mise notamment sur le triplement des espaces sécurisés dans les gares : 90 000 d’ici la fin du quinquennat.
Savoir rouler à vélo : 800 000 enfants chaque année
Enfin, créé en 2019 le programme Savoir rouler à vélo à d’ores et déjà permis la formation de 200 000 enfants. Ceci, partout en France (notamment à Épinay-sous-Sénart comme nous l’expliquait son maire Damien Allouch très récemment ici). Ce n’est pas assez selon l’Etat qui souhaite à terme former l’ensemble des enfants avant leur entrée au collège. Pour la seule année 2023, 200 000 enfants supplémentaires bénéficieront du programme. « Progressivement, ce sont 800 000 enfants qui seront formés chaque année, soit tous ceux qui sortent de l’école primaire à partir de 2027. », a expliqué Christophe Béchu. Pour ce faire, 6 000 professionnels devraient être formés alors qu’un test grandeur nature sera réalisé prochainement en région PACA.
« C’est la première fois qu’un plan dépasse la barre du milliard d’euros d’investissement. Mais cela ne sera pas suffisant tant l’engouement pour le vélo est fort. »
Olivier Schneider, Président de la FUB
Un plan d’une ampleur inédite
« L’effort de l’État est inédit, massif et sans précédent. Nous ne sommes pas dans l’anecdote ou dans l’épaisseur du trait. », s’est satisfait Clément Beaune. De fait, les professionnels du secteur ne peuvent que se réjouir des moyens déployés. Mais ils restent toutefois vigilants. À commencer par Olivier Schneider, Président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB): « C’est la première fois qu’un plan dépasse la barre du milliard d’euros d’investissement. Mais cela ne sera pas suffisant tant l’engouement pour le vélo est fort. (…) Il ne faut pas avoir fait Polytechnique pour comprendre que les sommes mises sur la table par le gouvernement auront du mal à satisfaire toutes les demandes. »