Damien Allouch: «Pour une petite ville comme la nôtre, la question des mobilités durables est évidemment prégnante.»

Par Laurent F.
Publié: Mis à jour: 6 minutes de lecture
Damien ALLOUCH

Comment les petites villes de banlieue entendent répondre aux enjeux des mobilités durables? Maire d’Epinay-sous-Senart (et Secrétaire général de l’Association des Maires Ville et Banlieue de France) Damien Allouch (PS) a accepté de nous répondre. 

A vingt-deux kilomètres au sud de Paris, dans l’Essonne, se trouvent Epinay-sous-Sénart et ses 12 200 habitants. Depuis peu, deux bornes de recharge électrique y sont disponibles (les toutes premières!), venues de Stations-e. Né en 2018, cet opérateur s’est donné pour mission de dynamiser les zones périurbaines en proposant des bornes multi-services puisque disposant en parallèle de points de livraisons ou de collecte de colis, d’un accès wifi ou de véhicules en autopartage (selon les cas). Damien Allouch, le maire d’Epinay, par ailleurs Vice-président de l’agglomération Val d’Yerres Val de Seine et Secrétaire général de l’Association des Maires Ville et Banlieue de France, nous en dit plus sur ce nouvel aménagement. Et sur les enjeux que représente la mobilité électrique (et les mobilités douces) dans les banlieues et leurs quartiers.

Vous venez d’installer deux stations de recharge pour véhicules électriques à Epinay-sous-Senart. Pourquoi ce choix?

Damien Allouch: «Jusqu’ici nous n’avions pas de stations de recharge, et je recevais de plus en plus souvent des demandes des habitants. Depuis le début du mandat (en 2020), nous réfléchissions à la question, et nous avons opté pour Stations-e. D’abord parce que c’est une entreprise du territoire et que nous les connaissons bien. Ainsi, j’ai pu voir que celles qu’ils ont déjà implantées dans les communes voisines (comme à Boussy-Saint-Antoine ou à Draveil) fonctionnent très bien. Cela s’est d’ailleurs confirmé: les nôtres ont été prises d’assaut dès leur mise en place! 

Mais si nous avons pris cette décision, c’est aussi parce que nous attendons les grandes décisions gouvernementales qui ont été annoncées concernant l’aide à l’acquisition des voitures électriques pour les foyers les plus modestes. En amont -et même si pour l’instant, nous avons encore très peu de voitures électriques à Epinay-, il nous faut absolument anticiper, et réfléchir à la question des bornes de recharge. Par exemple, nous travaillons actuellement avec Stations-e et avec les bailleurs pour savoir de quelle façon on pourrait instaurer un système d’abonnement social afin que les habitants puissent profiter pleinement de ce nouveau service.»

Le financement de telles bornes de recharge est-il conséquent?

Damien Allouch: «Non, cela ne nous a rien coûté. L’installation, la gestion et l’entretien des bornes sont entièrement à la charge de Stations-e. Ce qui est important pour nous car Epinay-sous-Senart est aujourd’hui très endettée.»

Que représente la question des mobilités durables pour une petite ville comme la vôtre? 

Damien Allouch: «Elle est évidemment prégnante. Elle appartient à l’avenir, donc il faut préparer les habitants mais aussi les infrastructures. Nous veillons déjà beaucoup à former les enfants et les adolescents. Car il ne suffit pas de mettre en place des infrastructures adéquates, encore faut-il qu’ils sachent pédaler en toute sécurité dans la rue. Pour cela, nous avons mis plusieurs dispositifs en place à leur intention.»

Et pour les aménagements?

Damien Allouch: «Nous travaillons sur les grands axes, la route départementale en particulier. Une piste cyclable existe déjà, mais elle est coupée à un moment pour reprendre dans la ville voisine, ce qui n’a évidemment aucun sens! Dans les années à venir, nous relierons les deux parties par un nouveau tronçon. Cela permettra d’aller d’une ville à l’autre, de rejoindre des gares, voire de développer des activités de livraisons en triporteur. En clair, nous travaillons sur un schéma directeur de liaisons douces à l’échelle de l’agglomération Val d’Yerres Val de Seine. A l’horizon 2026-2028, nous bénéficierons d’un territoire maillé pour ce type de mobilités.»

«Il y a quelques années on pouvait mettre 20 minutes pour arriver Gare de Lyon. Aujourd’hui, c’est 35 quand ça roule bien, et c’est totalement inacceptable! »

Damien Allouch, maire d’Épinal-sous-Sénart

Et du côté des transports en commun?

Damien Allouch: «Nous ne sommes pas malheureux! Deux lignes de bus passent par Epinay, et nous sommes à proximité de deux villes (Boussy et Brunoy) qui disposent chacune d’une gare. En revanche, là où les choses se compliquent c’est au niveau du RER D. Ses problèmes de régularité sont une vraie source de stress et d’angoisse pour les habitants. Un sujet central. Il y a quelques années on pouvait mettre vingt minutes pour arriver Gare de Lyon. Aujourd’hui, c’est trente-cinq minutes quand ça roule bien, et c’est totalement inacceptable! Cela donne un sentiment de déclassement. A l’échelle du territoire, mais pas seulement: le sentiment est partagé dans l’ensemble de la deuxième couronne, tout particulièrement en Essonne.»

Au regard du contexte social et politique, le sujet des mobilités durables reste-t-il aujourd’hui une priorité pour les maires de villes et banlieues?

Damien Allouch: «Il ne faut pas croire que les habitants des banlieues ne sont pas sensibles à la question de la transition écologique, bien au contraire! Nous savons que, chaque fois que nous arriverons avec une solution elle sera bien acceptée. Et cela va bien au delà de la question des mobilités, évidemment. Vous savez, les conséquences du réchauffement climatique, les habitants des quartiers les prennent en pleine face, et souvent plus que d’autres! Il convient donc, pour les élus, de travailler pleinement sur ces questions.

Et, pour en revenir plus spécifiquement à la question des mobilités (durables ou pas), elle est particulièrement importante dans ces territoires puisqu’elles permettent de sortir du quartier. Pour les loisirs, pour un accès à la santé, pour aller voir la famille, pour aller chercher du travail… Rien que parce qu’elles permettent un désenclavement, travailler sur le sujet est absolument essentiel.»

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