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Véhicules électriques et bornes de recharge: L’ADEME dresse le bilan

par Laurent F.

L’ADEME a récemment publié son bilan sur les véhicules électriques et les bornes de recharge. L’occasion d’aborder toutes les questions essentielles à leur développement. Et de prôner quelques précieux conseils.

Recharge électrique

Alors que le Parlement européen a voté récemment la fin des ventes de voitures neuves thermiques en 2035 avec un objectif zéro carbone à l’horizon 2050, l’ADEME ne peut faire qu’un réjouissant constat. «Aujourd’hui, le parc automobile français entame une phase d’électrification massive. En 2021, pas moins de 174 000 véhicules légers 100% électriques ont été vendus contre 28 300 en 2016. Soit une multiplication des ventes par plus de six en cinq ans. Ce qui représente aujourd’hui une part de marché de près de 13,5%. Par ailleurs, la France comptait au 31 juillet 2022, 66 960 points de recharge ouverts au public. Soit une évolution de 49 % de leur nombre en un an.» Des chiffres que l’agence jugent toutefois insuffisants. «Il faut également que le déploiement des véhicules électriques soit bénéfique pour le climat. Accessible à tous et qu’il limite son impact sur le réseau électrique.»

La batterie au cœur des enjeux 

Selon l’agence pour la transition écologique, contrairement à ce que beaucoup peuvent penser le développement de batteries de forte capacité (au delà de 60kWh) ne présente pas vraiment d’intérêt. Du moins, si l’on considère leur impact carbone. «La dette carbone est remboursée au bout d’environ 15 000km pour un petit véhicule de type Citadine électrique. Alors qu’elle n’est remboursée qu’après 100 000km pour un SUV électrique haut de gamme. Il convient donc de choisir une batterie juste adaptée à l’usage majoritaire du véhicule (par exemple, le domicile-travail quotidien), en sélectionnant un modèle de véhicule le plus petit et léger possible, qui saura offrir l’autonomie la plus élevée à partir de cette capacité de batterie.»

Autre enjeu essentiel soulevé par ce rapport: la question du recyclage des batteries. Un véritable défi qui nécessite une concertation à l’échelle européenne.

bilan véhicules électriques

De la question de la recharge 

Constituant encore un frein à l’achat, le développement des bornes de recharge doit être massivement poursuivi et renforcé. Rappelons au passage que le gouvernement s’était fixé l’objectif de 100 000 bornes installées en France à la fin 2022 quand l’ADEME en revendique seulement 66 960 à la fin juillet 2022.

Selon Emmanuel Macron, le cap des 100 000 devra être franchi, mais désormais c’est sur «la fin du premier semestre 2023» que le gouvernement mise. Et l’ADEME de préciser: «Les collectivités ont un rôle à jouer pour planifier le déploiement d’infrastructures de recharge avec la bonne puissance au bon endroit. Pour les déplacements du quotidien, il est nécessaire de favoriser le déploiement de la recharge à domicile (dans les logements collectifs en particulier) et en entreprise, ainsi que le déploiement d’un réseau plus étendu de bornes de recharge simples et robustes de puissance «normale», notamment pour la recharge en ville et de nuit.»

« Recharger une batterie de 60 kWh en deux minutes (…) représenterait un appel de puissance de 1,8 MW électrique, soit l’équivalent de la puissance électrique moyenne appelée simultanément par 1 500 foyers ».

ADEME

Des habitudes à changer 

En cette période de crise énergétique et d’augmentation des coûts, l’ADEME en appelle aux changements de nos habitudes de ravitaillement. Et pour cause: «recharger une batterie de 60kWh en deux minutes représenterait un appel de puissance de 1,8 MW électrique, soit l’équivalent de la puissance électrique moyenne appelée simultanément par 1 500 foyers.»

Que faire alors? Privilégier les heures creuses et/ou de nuit. Et «favoriser les techniques de pilotage de la recharge (par exemple : l’asservissement de la recharge du véhicule à domicile, comme ce qui existe déjà pour les chauffe-eaux).» Et pour soulager le réseau électrique dans les zones urbaines et péri-urbaines, l’ADEME préconise le déploiement de bornes associées à une production photovoltaïque.

bilan véhicules électriques

D’autres solutions pour les longues distances

On l’a vu plus haut: si la question de la batterie est essentielle, l’ADEME ne privilégie pas le déploiement de véhicules à forte autonomie. Pour les longues distances, elle préfère encourager d’autres pistes. Comme, par exemple, un recours accru au train ou le déploiement d’alternatives ponctuelles. Des prolongateurs d’autonomie par batterie supplémentaire, notamment.

«Plus généralement, pour tous nos déplacements (quotidiens et longue distance), le véhicule électrique n’est pas neutre en carbone. Il convient donc avant tout de réinterroger la place de l’automobile dans nos déplacements (sobriété et report modal) et de faire du véhicule électrique une brique parmi une offre de services de mobilité plus large et diversifiée», conclut l’agence pour la transition écologique.

Pour télécharger l’Avis de l’ADEME, c’est ici.

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