Dans le cadre des Assises du financement des transports qui se sont déroulées ce 23 janvier, Jean Castex a rappelé les principaux points de son plan d’action destiné à améliorer les performances des services assurés par la RATP.
On l’a déjà dit: depuis son entrée en fonction, le nouveau Président de la RATP doit gérer de nombreuses urgences. A commencer par les dysfonctionnements pointés du doigt par des usagers de plus en plus à bout de nerfs. En cause notamment, des temps d’attente bien trop longs et un matériel de plus en pus dégradé. Pour dresser l’état des lieux et souligner l’étendue des problèmes, en décembre dernier le quotidien Le Parisien avait effectué un test réalisé sur trois jours, matin et soir, pendant trente minutes consécutives. L’objectif? Mesurer ligne par ligne les temps écoulés entre deux rames, et les comparer avec les engagements officiels de la RATP. Sans surprise les résultats étaient alors sans appel. Le matin du 13 décembre, sur la ligne 10 l’attente dépassait de presque sept minutes le temps théorique annoncé par la RATP. Sur la 12, c’était à peine mieux: 3,26 minutes d’écart.
Une amélioration déjà notable, selon le PDG de la RATP
Depuis? La RATP assure que les choses se sont nettement arrangées. C’est en tout cas ce que son PDG Jean Castex a affirmé ce 23 janvier, lors des assises du financement des transports: «Nous produisons 96% de l’offre qui nous est demandée, ce qui dénote une forte amélioration par rapport à la fin de l’année dernière.» Un satisfecit qui ne l’empêche toutefois pas de reconnaître la persistance de problèmes: les lignes 3, 4, 6, 8 et 13 restent «fragiles», les 7, 10 et 12 «en grande difficulté.» Mais selon l’ex-Premier ministre, les choses devraient encore s’arranger. Et vite! D’ici au 1er mars, les lignes 3, 5 et 8 devraient retrouver une fréquence normale. Au 1er avril ce serait aussi le cas pour les lignes 1, 2, 3 bis, 6, 7 bis, 10 et 12.
Manque de conducteurs RATP: la politique salariale et sociale révisée
Face au problème de pénurie de personnel (et notamment de conducteurs) qu’on évoquait au moment de dresser le bilan 2022 de la RATP, les opérations de recrutement se poursuivent. Et devraient rapidement porter leurs fruits. Les nouveaux arrivants seront affectés en priorité sur les lignes où le manque pose le plus de problème, vient d’annoncer Jean Castex. A savoir sur les lignes 7, 8, 10 et 12. Cette dernière est, d’ailleurs, la plus touchée par la grève des services de maintenance: seulement 86% des trains prévus y circulent. Pour y remédier, les grilles de salaire sont actuellement revues. Une augmentation de 105 euros par mois a été accordée à l’ensemble du personnel. De même, le groupe assure poursuivre ses efforts «pour proposer davantage de logements sociaux à [ses] nouveaux embauchés ou salariés en difficulté afin de maintenir la plus grande proximité possible entre lieu de résidence et lieu de travail».
La sécurité bientôt renforcée?
Autre point soulevé, la sécurité. Et notamment les délais d’interruption de trafic en cas de colis suspect. Le nouveau PDG compte bien renforcer les équipes cynotechniques afin de réduire ces délais. Trois équipes de chiens renifleurs devraient être présents en permanence à Gare du Nord, Châtelet et Roissy. Et un service de secours en cas de malaises voyageur pourrait aussi être mis en place dans ces mêmes stations. Enfin, pour contrer les intrusions dans les tunnels -qui, eux aussi, entraînent ralentissements et incidents- des séparateurs de voie seront prochainement installés au nord des lignes 5, 7 et 12, particulièrement touchées.
Des plans spéciaux pour les lignes RATP les plus touchées
Quant aux lignes les plus en difficulté, elles bénéficieront d’un plan spécial. Ce sera le cas notamment pour le RER B dont la ponctualité a chuté à 85,7% en moyenne en 2022. «Le salut viendra des nouveaux trains et des travaux de modernisation, mais ce n’est pas pour tout de suite », a affirmé Jean Castex ce lundi. Et pour cause: les futurs rames du RER B ne devraient arriver qu’en 2025! D’ici là, des travaux d’optimisation du matériel et des ressources de dépannage sont en cours dans les ateliers de la régie autonome à Massy-Palaiseau et à Mitry.
«Nous espérons tenir notre échéance de l’automatisation de la ligne 4 d’ici à la fin de l’année. Il y aura un saut qualitatif important pour les usagers.»
Jean Castex, PDG de la RATP
Patience pour les autres!
Et, justement, à propos de travaux, les voyageurs des lignes 4, 6 et 11 devront encore patienter avant de voir une réelle amélioration du trafic. Car la fin de leurs travaux de modernisation n’est pas pour tout de suite. «Nous espérons tenir notre échéance de l’automatisation de la ligne 4 d’ici à la fin de l’année. Il y aura un saut qualitatif important pour les usagers.» Quant à la ligne 8, elle aussi touchée par les dysfonctionnements, l’ancienneté de ses trains (les plus anciens de la RATP) expliquerait le problème. Hélas, les prochains -des MF19, construits par Alstom- ne sont attendus qu’entre 2028 et 2030.
A ce propos, Jean Castex a lancé un appel à la Présidente d’Ile-de-France Mobilités, Valérie Pécresse, prônant une accélération du calendrier: «Je n’ignore pas les difficultés, y compris du fabricant du matériel (…) Mais ceci renvoie aussi aux capacités financières d’Île-de-France Mobilités, sur lesquelles j’espère vivement que, dans un cadre consensuel avec l’État, nous pourrons avoir des avancées significatives en 2023. Je rappelle que les difficultés financières d’IDFM deviennent rapidement les miennes.»