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Les 50 km/heure sur le périph’ parisien, c’est pour l’automne sauf si…

par Laurent F.

Adjoint en charge des transports à la Mairie de Paris, David Belliard vient de le confirmer: la limitation de la vitesse sur le périphérique sera bel et bien abaissée cet automne. Reste à savoir si le gouvernement de Gabriel Attal lèvera d’ici là les franches oppositions de l’équipe précédente…

Le débat fait rage depuis des mois. D’un côté, Anne Hidalgo et son équipe qui affirment leur volonté d’abaisser la vitesse autorisée sur le périphérique parisien à 50 km/heure. De l’autre, une bonne partie des élus d’opposition, des associations d’automobilistes. Sans compter le gouvernement qui a montré, lui aussi, ses plus vives réticences. Les arguments mise en avant? La mesure serait «anti-sociale». Et pas si écologique que cela. C’est en tout cas ce qu’a avancé, début décembre, la ministre de la Transition énergétique d’alors Agnès Pannier-Runacher au micro d’Europe1 et de CNews: «On ne prend pas une mesure, quand on est maire de Paris sans prendre en compte tous les usagers du périphérique qui sont, comme par hasard, des gens qui vivent en banlieue, qui n’ont pas les mêmes moyens que les Parisiens, qui n’ont pas les mêmes transports en commun. Je trouve ça antisocial, je trouve ça illégitime.» Quant à l’argument écologique, il ne la convainc pas davantage: «Si c’est pour générer plus de bouchons, c’est surréaliste, parce que ça génère plus d’émissions de CO2, donc, c’est vraiment de l’écologie à la petite semaine

Une mesure bénéfique pour la santé publique?

Si l’annonce suscite donc de vives oppositions jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, la municipalité n’entend pas plier pour autant. Profitant du dixième anniversaire de l’abaissement de la vitesse à 70 km/heure sur le périphérique (c’était le 10 janvier 2014), David Belliard, l’adjoint EELV d’Anne Hidalgo en charge des transports, a confirmé les intentions municipales. Et contre-carré les critiques. Pour lui, limiter la vitesse sur le périphérique, c’est du bien-être en plus pour ceux qui résident à proximité du périphérique. «Une étude de l’ADEME publiée en 2015-2016 a pointé les effets bénéfiques de cette baisse, tant pour les usagers du périphérique que pour les 500 000 personnes qui vivent à proximité. Pour eux, la baisse de la vitesse a été synonyme de baisse de bruit. Jusqu’à 1,2 dB de moins la nuit. C’est comme si on avait retiré 25% du trafic automobile Quant aux usagers, ils n’auraient eux aussi que des bénéfices à y trouver. A savoir, moins d’accidents et une circulation plus fluide. Bref, David Belliard dit ne pas comprendre les polémiques: «Je suis très étonné par les postures électorales des responsables politiques de la majorité présidentielle, mais aussi de la droite municipale, opposés à une nouvelle mesure de réduction de vitesse certes difficile à expliquer, mais qui a un intérêt majeur.»

«Le périph à 50 km/heure, nous le ferons cet automne… sauf si l’État décide de nous attaquer!»

David Belliard, dans Le Parisien-Aujourd’hui, 10 janvier 2024

Le feu vert du gouvernement est nécessaire

La mesure serait-elle donc d’ores et déjà entérinée? Oui et non. Car, légalement, le feu vert du gouvernement est nécessaire avant que cette nouvelle réglementation puisse être mise en œuvre. Or, au regard des critiques énoncées par les différents ministres d’Elisabeth Borne, rien n’est moins sûr! Rappelons qu’outre Agnès Panier-Runacher, l’ex-ministre des Transports Clément Beaune est également monté au créneau: non, le gouvernement ne validera pas cette mesure, a-t-il prévenu. Mais les choses peuvent-elles changer depuis l’arrivée de Gabriel Attal à Matignon? «Je ne sais pas ce que va faire le nouveau Premier ministre. Peut-être qu’il souhaitera laisser un peu plus de marques qu’Élisabeth Borne en termes d’écologie au sens large. L’abaissement de la vitesse, c’est un acte qui ne coûte pas grand-chose politiquement et qui permettrait de concrétiser certaines promesses, notamment en termes de protection environnementale.»

Un décret municipal pour bientôt

Toujours est-il que, pour l’équipe municipale, le choix est fait. Tout comme les voies réservées au covoiturage pourraient bien êtres pérennisées après les J.O., l’abaissement de la vitesse maximale sur le périphérique semble inéluctable. «On a la responsabilité de ce périphérique (classé voie communale mais avec le statut de voie d’intérêt national). Donc nous prendrons un décret municipal instaurant les 50 km/heure sur le périphérique après les J.O. (…) Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout. Encore une fois, le périph à 50 km/heure, nous le ferons cet automne… sauf si l’État décide de nous attaquer

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