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Mathilde Courau: «Nous ne pouvons plus nous contenter de rester gestionnaires de flottes, mais devenir des gestionnaires de mobilités.»

par Laurent F.

A l’ère de la transition écologique les flottes ne doivent pas seulement travailler à leur obligatoire verdissement. Il s’agit aussi d’accompagner aux changements d’habitudes, tant celles des salariés que celles de leurs directions. De développer les alternatives de déplacements aussi, et de participer ainsi activement à la décarbonation. De quoi revoir profondément la philosophie de la profession.

Fatec Group se pose comme le premier gestionnaire indépendant de flottes en France avec plus de 135 000 véhicules pour plus de 200 clients privés et publics. Sa Directrice Générale Mathilde Courau nous en dit plus sur ces (r)évolutions devenues nécessaires. Et sur la démarche RSE de son Groupe.

Quelques mots sur Fatec, pour commencer?

Mathilde Courau: «Fatec compte aujourd’hui 200 salariés. Nous assurons la gestion des flottes de véhicules professionnels, y compris les véhicules de service ou les véhicules d’intervention, depuis les camions de pompiers jusqu’aux bennes à ordures ménagères. Nous agissons pour le compte de nos 200 clients partout en France, et assurons le maintien de leurs flottes en conditions opérationnelles. Pour cela, nous sommes partenaires de 35 000 garages

Et vous intervenez aussi dans l’achat ou la location des véhicules?

Mathilde Courau: «Oui, dans la commande, mais aussi dans la pré-commande en ce sens où nous définissons au préalable les besoins de nos clients. Nous pouvons mettre en concurrence les différents loueurs. Mais nous travaillons également avec des flottes dont les clients sont les propriétaires, et pour lesquelles nous assurons notamment toute la partie gestion de l’entretien technique. Et, bien sûr, tout l’aspect conseil sur les réglementations, sur le verdissement ou sur leur plan mobilité notamment. Aujourd’hui, «mobilité» ne veut plus simplement dire «véhicule». Il s’agit aussi de considérer les solutions alternatives

Donc les mobilités douces?

Mathilde Courau: «Oui, mais pas seulement. Considérer les solutions alternatives, c’est aussi s’interroger sur la nécessité même du déplacement, par exemple. Pour nos propres salariés nous avons institué deux jours de télétravail par semaine. Nous avons ainsi supprimé quatre trajets et 40% des émissions de CO2 générés par les trajets domicile-travail. Nous avons également mis en place un plan de mobilité avec notamment une appli de covoiturage, un FMD, la prise en charge d’abonnements train plus généreuse… Résultat, il y a un an nous avions 80% d’auto-solistes dans nos équipes; ils sont maintenant 56%. Cet accompagnement au changement est évidemment très important. Ce type d’approche est devenu bien plus global que celle des gestionnaires de flottes qui ne s’occupaient (comme autrefois) que des actifs détenus par l’entreprise.»

Votre RSE est particulièrement marquée, si bien que vous tenez à «engager clients et partenaires à vos côtés en initiant des actions communes». Lesquelles, par exemple?

Mathilde Courau: «Tout d’abord, Fatec est -comme je vous l’ai dit- une entreprise familiale. Mon mari en est le Président, et moi la Directrice générale, sachant que nous ne sommes évidemment pas les seuls dirigeants de l’entreprise puisque nous sommes neuf au Comité de direction. Nous avons décidé de participer cette année à la Convention des entreprises pour le climat PACA-Corse (CEC). Et, pour tout vous dire, c’est quelque chose qui nous a vraiment fait bouger. Qui nous a même heurté de plein fouet.»

C’est-à-dire?

Mathilde Courau: «Pour vous parler franchement, jusqu’ici nous n’étions pas spécialement «écolos». En tout cas, nous ne nous en sentions pas particulièrement la fibre. Mais, depuis cette Convention, les choses ont changé. Elle nous a fait prendre pleinement conscience que c’est à nous tous de bouger. Et elle nous a aussi montré la vertu du travail en éco-système. C’est-à-dire avec les entreprises issues de notre tissu local (peu importe leurs secteurs d’activité), et avec notre chaîne de fournisseurs et de clients.

Bien sûr, nous l’avions déjà expérimenté, notamment par le biais d’ateliers que nous animons avec nos clients depuis quatre ans déjà. Mais nous avons passé un cran supplémentaire en rassemblant en effet autour d’une table clients, fournisseurs et partenaires sur tous ces enjeux durables. En mai dernier, pour célébrer nos dix ans, nous avons organisé une journée d’anniversaire au cours de laquelle nous avons souhaité lancer une dynamique. Aussi nous avons organisé un atelier d’intelligence collective pour construire tous ensemble une toile prospective

@Fatec Group

De quoi s’agissait-il?

Mathilde Courau: «De formaliser tous ensemble ce que l’on pense qu’il adviendra d’ici 2050 en termes de mobilités, et quels sont les enjeux qui nous semblent se présenter pour nos activités. Autour de la table se trouvaient des clients, des réseaux d’entretien, des opérateurs de vélos… Bref, tous ceux se trouvant dans la chaîne de valeur. Ce premier atelier n’était que l’occasion d’un décodage; il n’était pas encore question de bâtir une offre ensemble, mais c’était très riche. Et très inhabituel!»

«Faire de la mobilité durable juste parce qu’on aide ses clients à acheter de l’électrique, ça ne suffit pas!» 

Mathilde Courau, Directrice Générale de Fatec

Vous venez d’annoncer l’évolution de votre positionnement. N’est-ce pas une absolue nécessité de nos jours? 

Mathilde Courau: «Oui, vous avez raison. Nous ne pouvons plus nous contenter de rester gestionnaires de flottes, mais devenir des gestionnaires de mobilités, c’est une certitude! En revanche, beaucoup n’opèrent pas encore cette transformation car cela demande un certain renoncement. Comment revoir un business model pour avoir envie d’avoir moins de véhicules, par exemple?

De toutes façons, l’enjeu n’est pas de convertir toutes les flottes au 100% électrique (ce qui n’aurait pas de sens), mais de développer une mobilité ajustée. Et de se poser un certain nombre de questions. Comme «Quel serait le véhicule le plus léger que je pourrais utiliser?», «Comment faire durer plus longtemps les véhicules?», «Comment les entretenir avec des pièces issues de l’économie circulaire?», et «Avec quelle énergie je fonctionne?» Faire de la mobilité durable juste parce qu’on aide ses clients à acheter de l’électrique, ça ne suffit pas!»

Pour conclure, quelles sont vos perspectives?

Mathilde Courau: «Nous venons de remporter un marché important qui nous permettra d’intégrer plus de 30 000 véhicules supplémentaires dans les prochains mois. Ce qui nous annonce 30% de croissance et l’embauche de 70 personnes supplémentaires. C’est une grosse marche que nous nous apprêtons à monter, mais elle est enthousiasmante!»

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