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Crise automobile: Les pénuries s’enchaînent, et inquiètent!

par Laurent F.

Déjà fortement éprouvé par la pandémie, le marché de l’automobile fait face à une crise mondiale sans précédent. Mais pourquoi. Et jusqu’à quand?

Un secteur automobile touché de plein fouet par la crise sanitaire

C’est une crise jamais vue que traverse depuis bientôt deux ans le secteur automobile mondial. Eprouvé par la Covid-19, par les fermetures d’usines et la chute des ventes qui en ont découlé, les constructeurs tournent au ralenti. Délais de livraison rallongés, productions retardés, la situation est totalement inédite. Volkswagen a même dû retirer une finition de l’ID.3 de son catalogue tandis que Renault s’est vu contraint de suspendre purement et simplement la production de sa Zoe. Et ce ne sont là que deux exemples parmi d’autres…

En cause? Le manque de semi-conducteurs. Comprenez: des pièces électroniques nécessaires au fonctionnement des véhicules. Essentiellement venus d’Asie leurs stocks ont fondu tout au long de cette crise, et les fabricants se trouvent aujourd’hui à court, provoquant un effet domino sur l’ensemble du marché.

Une industrie à flux tendu

Flavien Neuvy est économiste, et directeur de l’Observatoire Cetelem dont la nouvelle étude internationale («La Voiture: Le Divorce impossible») vient d’être publiée. Interrogé sur Franceinfo le 8 octobre dernier, l’expert s’étonnait: «Ce qui est inédit, c’est que cette pénurie de composants électroniques entraîne une pénurie de voitures. Si on m’avait dit ça un jour, je n’y aurais pas cru!».

Semi-conducteurs

Pourtant, selon l’économiste, l’explication est simple: «L’industrie automobile fonctionne à flux tendu, c’est-à-dire, sans stock. (…). Dès que vous avez un grain de sable dans la chaîne de production, ça se traduit en temps réel avec des perturbations dans les sites de production.» Et forcément, face à l’urgence les priorités s’installent. «Cette pénurie fait qu’ils orientent, à court terme, les quelques composants qu’ils ont en stock vers les voitures haut de gamme. C’est la course à la rentabilité, plutôt que la course aux volumes.»

Vers un retour à la normale? 

Passés les effets de cette crise mondiale, partout l’économie se rééquilibre. Pas du côté de l’automobile. Selon Flavien Neuvy, «cette pénurie de composants va durer longtemps, certainement toute l’année 2022 ». Un pronostic à peine moins pessimiste du côté d’Albin Warin. Le directeur France de Leon Cycle (un fabricant et distributeur de VAE qui opère dans une quinzaine de pays), envisage une amélioration, mais pas avant le second semestre 2022. D’ici là? Forcément certains s’interrogent: y aura-t-il autos, VAE et trottinettes électriques à Noël ? «Chez nous, des vélos il y en a, et il y en aura !, affirme Albin Warin. Le stock n’est pas un souci pour nous, car nous contrôlons toute la chaine. Nous sommes donc moins dépendants que bien d’autres.»

Chez Reine Bike aussi il y aura des VAE. Le fabricant nantais vient de lancer fin septembre la production de ses premiers modèles. Avec plusieurs semaines de retard, faute de la livraison des composants nécessaires. «Cette fois, ça y est, nous y sommes!», nous disait récemment Stéphane Grégoire, le fondateur (soulagé !) de Reine Bike. Sauf que…

Et maintenant… le magnésium!

Après les puces électroniques, un nouveau paramètre vient de surgir: le manque de magnésium chinois. Plus moyen d’en importer depuis début septembre, l’Empire du Milieu n’arrivant plus à faire face à la demande. Ses stocks ont là aussi été épuisés par la crise de la Covid19. Or, les Chinois fournissaient jusqu’ici 95 % du magnésium dont ont besoin les industries européennes. Des industries aujourd’hui sous la menace d’un nouveau coup d’arrêt.

«Il faut craindre des arrêts de production, des fermetures d’entreprises et des pertes d’emplois…»

ACEA, à propos de la pénurie de magnésium

Ainsi, la principale association de constructeurs en Europe (l’ACEA) vient d’alerter les autorités sur les conséquences dramatiques que pourrait provoquer à court terme une telle situation. La pénurie pouvant être totale dès ce mois de novembre, elle pourrait, selon elle, engendrer «des arrêts de production, des fermetures d’entreprises et des pertes d’emplois». Et l’ACEA d’implorer les gouvernements à trouver rapidement de nouvelles solutions. En un mot comme en cent, la sortie du tunnel n’est pas pour demain!

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