Frédéric Salles: «Pour en finir avec la fast déco dans les entreprises, la digitalisation du mobilier reconditionné est absolument nécessaire!»

Par Laurent F.
Publié: Mis à jour: 5 minutes de lecture
Frédéric Salles: «Pour en finir avec la fast déco dans les entreprises, la digitalisation du mobilier reconditionné est absolument nécessaire!»

Face à l’explosion de la décoration et du mobilier jetables, de nombreuses solutions existent qui privilégient la circularité et le reconditionnement. Créée en 2021, Scop3 s’est spécialisée dans celui du mobilier d’entreprise. Son co-fondateur et CEO, Frédéric Salles, nous en dit plus sur cette tendance particulièrement polluante, et sur l’activité et le développement de son entreprise. 

Alors que, depuis plusieurs mois, la fast fashion est au centre des débats, un autre secteur est lui aussi très concerné: l’ameublement et la décoration. Selon l’ADEME, le nombre déchets d’ameublement (DEA) collectés a plus que doublé entre 2014 et 2020. La demande pour des produits tendance mais accessibles et renouvelables fréquemment n’a jamais été aussi importante. Et si les particuliers en sont particulièrement friands, les entreprises aussi. Toujours selon l’ADEME, c’est au moins 18 millions d’unités de mobilier qui sont jetés chaque année. Avec un taux de recyclage estimé à seulement 15%. Face à ce défi, de nombreuses enseignes spécialisées proposent la circularité. Parmi les dernières nées, Scop3 a été créée en 2021 par Frédéric Salles et Sophie Scantamburlo-Contreras. Depuis lors, elle se consacre à l’aménagement de mobilier éco-responsable pour les entreprises et les collectivités locales.

Comment expliquer ce triomphe de la fast déco? 

Frédéric Salles: « Pour des raisons financières, bien entendu. Mais pas seulement. Les entreprises, et tout particulièrement les grands groupes, achètent du mobilier tous les six mois en moyenne. Du moins, chaque service achète son mobilier en fonction du budget qui lui est alloué. Résultat, rien n’est uniformisé. Jusqu’au jour où les responsables décident de finalement uniformiser le tout. Des meubles vieux de six mois se trouvent alors jetés au côté d’autres qui datent d’une dizaine d’années ou plus. Je vous parle des grands groupes, mais ceux qui pratiquent le plus la fast déco sont plutôt les petites entreprises, notamment les start-ups. Pour bénéficier d’une déco cosy à moindre coût, elles se dirigent vers les enseignes bien connues. Puis, dans les mois et les années qui suivent, soit ces start-ups mettent la clé sous la porte, soit elles se développent. Dans les deux cas, elles vont déménager et se débarrasser de ce mobilier. Bref, les adeptes de la fast déco le font au nom de la flexibilité, et par manque de visibilité sur leur durée de vie. Il s’agit maintenant de s’interroger: que peut-on faire de ce mobilier qui, pour la plupart, date de moins d’un an? C’est en partant de cette question que nous avons créé Scop3

Frédéric Salles et Sophie Scantamburlo-Contreras, fondateurs de Scop3

Que proposez-vous?

Frédéric Salles: «Nous avons créé un service d’accompagnement des entreprises et des collectivités locales qui leur permet de s’équiper en mobilier reconditionné. Et, pour cela, nous avons favoriser la création de plusieurs entreprises de reconditionnement. Car, nous nous en sommes vite aperçus, il n’est pas question de prendre les meubles dont l’entreprise ou la collectivité A ne veut plus pour les revendre aussitôt à l’entreprise ou à la collectivité B. Nous avons essayé ; cela ne fonctionne pas du tout. Pour rassurer, il faut vérifier ces pièces d’ameublement et, si besoin, les réparer pour qu’à l’arrivée leur état soit irréprochable, comme neuf. Pour répondre à leur politique carbone ou à leur RSE les entreprises sont nombreuses à se montrer intéressées. Même chose pour les collectivités  locales qui doivent s’aligner sur la loi AGEC et sur la circulaire qui les oblige à s’équiper de mobilier reconditionné à hauteur de 20%. Mais celles-ci font très souvent face à une problématique: ce ne sont pas juste des bureaux qu’elles doivent acheter, mais des espaces entiers. Ce peut être un open space, une cafétéria, un hall d’accueil… Sauf que se projeter est difficile, et c’est là que nous intervenons. D’abord, nous les interrogeons sur l’ambiance qu’ils souhaitent donner aux lieux, puis nous dessinons l’espace en 3D avant de procéder à l’installation. La difficulté, c’est que si le mobilier actuel dispose bien souvent de 3D, ce n’est pas du tout  le cas du reconditionné. Pour que ce marché puisse croître, cette digitalisation est absolument nécessaire 

Vous intervenez sur toute la France?

Frédéric Salles: «Oui. Nous sommes basés à Montpellier et à Paris, mais nous intervenons partout en France où nous avons des partenaires. Par exemple, si nous avons une demande à Lyon, nous envoyons tout le mobilier à notre partenaire lyonnais procèdera à l’aménagement. Cela nous permet de proposer des installations clé en main.»

«Jusqu’ici la circularité que nous proposons fonctionne très bien; il s’agit donc d’accélérer!»

Frédéric Salles, co-fondateur et CEO de Scop3

Vous avez accompagné plus de 1 200 entreprises et collectivités jusqu’ici. Lesquelles, par exemple?

Frédéric Salles: «A la demande de la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée, nous avons aménagé les bureaux de sa Présidente Carole Delga. Je peux aussi vous citer la mairie de Courbevoie, Eiffage Génie Civil, Eiffage Construction, Keolis, Enerfip ou encore le groupement Pack T. Depuis 2022, nous avons ainsi permis d’éviter 2 062 tonnes d’émissions CO2.»

Des projets? 

Frédéric Salles: «Nous venons de boucler une nouvelle levée de fonds qui nous permettra de digitaliser l’activité. L’idée est de pouvoir travailler sur un logiciel accessible sur internet afin que les entreprises et les collectivités puissent concevoir elles-mêmes leurs aménagements Jusqu’ici la circularité que nous proposons fonctionne très bien; il s’agit donc d’accélérer!»

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