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Véhicules électriques: Le point sur le recyclage des batteries

par Laurent F.

La question fait partie des principaux arguments développés par ceux qui montrent des réticences face aux véhicules électriques. L’impact environnemental des batteries de ces véhicules étant bien réel, quid de leur recyclage? On fait le point.

Des enjeux environnementaux colossaux

Lithium, cobalt, nickel, graphite… Pour fonctionner, les V.E. nécessitent l’extraction de matériaux non seulement chers, mais rares. Voire très rares. Et dont le traitement s’avère polluant, qui plus est. Afin d’être à la hauteur des enjeux environnementaux, l’industrie automobile se doit donc impérativement de travailler au rallongement de la vie des batteries électriques. Et donc à leur recyclage. D’autant que, engouement pour la voiture électrique et prochain abandon des moteurs thermiques obligent, les besoins en matériaux ne pourront que s’accentuer au fil des années.

Selon les spécialistes, ceux de l’Union européenne seront multipliés par cinq pour le cobalt en 2030, par dix-huit pour le lithium. Et ne parlons pas des décennies suivantes! En 2050, les besoins en lithium devraient être… soixante fois supérieurs à aujourd’hui. A la clé, une pollution accrue donc, mais aussi des matériaux rares qui (à terme) pourraient finir par disparaître. Un point encourageant, toutefois: selon un rapport de l’Institut des futurs durables (ISF), recycler plus massivement les batteries pourrait réduire la demande mondiale de 55% pour le cuivre, 35% pour le cobalt et 25% pour le lithium à l’horizon 2040. 

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Bien sûr, les industriels y travaillent d’arrache-pied. Si l’on en croit l’ISF, 90% du cobalt, du lithium, du cuivre et du nickel seraient d’ores et déjà recyclés. Mais cela reste évidemment très insuffisant! Si bien que la Commission européenne souhaite imposer aux fabricants l’obligation (dès 2030) d’intégrer un minimum de métaux recyclés dans leurs nouvelles batteries. A savoir 12% de cobalt, 4% de lithium et 4% de nickel. 

Le recyclage des batteries est «un sujet stratégique qui nécessite une concertation à l’échelle européenne.»

Ademe

Un recyclage insuffisant… pour le moment!

On l’aura compris, le recyclage des batteries est donc devenu un enjeu clé. Pas seulement pour les fabricants, pour les Etats et les différentes institutions également. Selon un rapport de l’Ademe publié le 12 octobre dernier, la question est même devenue «un sujet stratégique qui nécessite une concertation à l’échelle européenne.» Ce qui est déjà le cas, d’ailleurs. Notamment avec l’Alliance Européenne pour les batteries pilotée par EIT InnoEnergy et qui réunit industriels, chercheurs et institutions européennes travaillant main dans la main à l’émergence de batteries durables. «C’est un très gros enjeu à l’échelle européenne. Et les perspectives sont extrêmement prometteuses.», nous disait Karine Vernier, Directrice France d’EIT InnoEnergy, en début d’année.

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Charles @Mob-Energy

Mais comment recycler une batterie électrique?

A ce stade des recherches (et des innovations) plusieurs options sont possibles: 

  • Reconditionner la batterie et la remettre sur le marché pour qu’elle puisse équiper un autre véhicule. Si sa capacité est supérieure à 60% les choses s’avèrent alors plutôt simples.
  • Si sa capacité est trop faible, la démonter et la modifier afin de pouvoir être utilisée sur un véhicule moins «gourmand» (un vélo ou une voiture sans permis, par exemple).
  • Si elle est en fin de vie, la démonter totalement pour récupérer les différents matériaux qui serviront à d’autres choses. 

Mais ce n’est évidemment pas tout: des procédés de recyclage (et autres innovations) ne cessent d’émerger ces derniers mois, et les différents acteurs concernés les surveillent de très près. Parmi celles-ci, on peut citer la start-up lyonnaise Mob-Energy, par exemple. Son robot chargeur appelé «Charles» stocke l’énergie et se déplace de manière autonome vers les véhicules ayant commandé une recharge. En intégrant des batteries de seconde vie.

Une nouvelle industrie européenne se met en place

Et puisque l’enjeu est aussi urgent que stratégique, les différentes institutions mettent les bouchées doubles. C’est ainsi que l’Ademe a lancé cette année «L’Extrême défi». «L’objectif est d’imaginer, prototyper et produire de nouveaux véhicules sobres, durables, légers, simples et peu coûteux remplaçant la voiture pour les déplacements du quotidien dans des territoires urbains, péri-urbains et ruraux.» En clair, il s’agit de faire émerger une nouvelle industrie européenne d’ici à 2024. Sans laisser l’entièreté du marché à l’Asie. Et l’Ademe de poursuivre: «Ces véhicules se veulent sobres et efficaces, utilisant des composants standards, recyclables. Grâce à une faible masse et une plus grande efficacité, ils nécessitent moins de batterie, améliorant leur empreinte carbone. » A ce jour, plus de 150 candidats formant 43 équipes sont engagés dans ce défi. Plusieurs projets doivent d’ailleurs être présentés au Mondial de l’Automobile 2022.

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