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Mais où est passé le ministère des Transports? 

par Laurent F.

Quasiment un mois aura séparé l’élection d’Emmanuel Macron de la nomination de son nouveau gouvernement dirigé par Elisabeth Borne. Un gouvernement… sans ministre des Transports! Un simple oubli? Une volonté? Quelles conséquences? On fait le point. 

Vendredi 20 mai après midi, le Secrétaire Général de l’Elysée Alexis Kohler annonce un à un les membres du nouveau gouvernement dirigé par la Première Ministre Elisabeth Borne quand… stupeur! Plusieurs portefeuilles pourtant essentiels semblent avoir purement et simplement disparu de la longue liste. Parmi eux, le ministère du Logement… et celui des Transports! Etonnant lorsqu’on sait que la nouvelle Première Ministre en fut chargée de 2017 à 2019. Surprenant aussi quand on se souvient qu’il y a encore deux mois cette question occupait une large place dans le programme du candidat Macron.

Aussitôt, membres de l’opposition et professionnels du secteur des transports s’en sont évidemment étonnés. L’adjoint à la Mairie de Paris David Belliard a marqué sa surprise par un tweet: «Et donc, dans ce gouvernement, pas de ministre des transports, qui pèse pour 30% des émissions de CO2.» Même Jean-Baptiste Djebbari, ministre de tutelle dans le dernier gouvernement Castex, a été poussé à réagir. Interpellé par un internaute, celui-ci ne s’est pas départi de son humour, répondant d’un laconique et bien senti: «Je crois que j’ai plié le game.» Qu’en est-il donc de ce ministère? Doit-on vraiment en faire le deuil, et avec lui celui des promesses d’hier?

tweet de Jean-Baptiste Djebbari, ancien ministre des Transports
réponse de Jean-Baptiste Djebbari concernant l'absence de son remplaçant

Un Secrétariat d’Etat en juin? 

Pas d’inquiétude! Pour le nouveau gouvernement les transports demeurent évidemment une préoccupation majeure. Et disposent bien d’un ministère de tutelle. Dans un communiqué successif aux annonces d’Alexis Kohler, le porte-parole de l’Union des Transports Publics et ferroviaires (UTP) s’est ainsi immédiatement félicité de la nomination d’Amélie de Montchalin, «nouvelle ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires qui garde la tutelle sur le secteur». Avant tout de même de préciser prudemment: «Nous attendons la nomination d’un ministre délégué aux Transports.» 

De fait, il est fréquent que les postes dits sectoriels (les ministres délégués et les secrétaires d’Etat) ne soient attribués que dans un second temps. Et c’est bien là ce qu’il risque d’arriver comme l’a indiqué l’Elysée au quotidien «Le Monde» quelques heures après la formation du gouvernement : effectivement, le logement et les transports figurent bien dans les attributions de la ministre de la Transition écologique. «Avant d’être pilotés éventuellement par des secrétaires d’État, après les élections législatives des 12 et 19 juin.» A suivre, donc! 

Photos des deux ministres en charge de la Transition Energétique et de la Transition Ecologique
Agnès Pannier-Runacher, ministre en charge de la Transition énergétique, et Amélie de Montchalin ministre chargée de la Transition écologique et de la cohésion des territoires.

Quelle sera la politique du gouvernement Borne en matière de transports? 

Sauf énorme surprise, la politique entreprise par Elisabeth Borne et son équipe devrait bien entendu suivre le plan de relance France 2030 et les promesses de campagne d’Emmanuel Macron qui, il y a peu, souhaitait «mettre en place une véritable planification écologique autour d’un agenda de solutions.» Parmi celles-ci la relance des trains de nuit, la réhabilitation de petites lignes, la modernisation du réseau et l’allègement des contraintes réglementaires pour renouer avec le fret ferroviaire «et ainsi réduire le nombre de poids lourds sur les autoroutes.» Sans oublier le développement d’«une offre abordable de voitures électriques pour tous grâce à une filière 100% française.» 

Elisabeth Borne: Un engagement de longue date

Quid des volontés d’Elisabeth Borne elle-même? Rappelons qu’après un passage par la SNCF la nouvelle Première Ministre fut PDG de la RATP en 2015. Avant d’entrer au gouvernement d’Edouard Philippe deux ans plus tard, nommée au ministère des Transports. Un poste qu’elle occupera deux ans avant d’être promue à la Transition écologique, puis au ministère du Travail en juillet 2020. On lui doit notamment l’adoption de la réforme ferroviaire. Une réforme qui annonçait notamment l’arrivée de la concurrence et la fin de l’embauche au statut de cheminot. Un texte «explosif» donc, qui déclencha quelques trois mois de grèves, mais qu’elle est parvenue à faire adopter.

Autres «faits d’arme»: l’instauration de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) qui a encadré la création des Zones à Faibles Emissions (ZFE), la réforme des compétences des collectivités, et le développement des nouvelles mobilités. On peut aussi parler du développement du «plan vélo», de l’annonce de la sortie du thermique à l’horizon 2040, de l’instauration d’une écotaxe sur les billets d’avion, ou encore de l’arrêt du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes près de Nantes. Un bilan souvent critiqué, mais fortement engagé vers une société plus durable. Et qui laisse donc présager une politique volontariste sur le sujet! 

«les Français pourront bientôt accéder à des véhicules électriques avec des locations longue durée à 100 euros par mois.»

Elisabeth Borne, JT de 20 Heures de TF1, le vendredi 20 mai.

Première télé, premières annonces

Interrogée par Anne-Claire Coudray au JT de 20 Heures de TF1 quelques heures après la nomination de son premier gouvernement, Elisabeth Borne a notamment évoqué la planification écologique et les mesures qui devraient être mises en œuvre (sous son autorité) par les deux ministres de tutelle, Amélie de Montchalin chargée de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, et Agnès Pannier-Runacher en charge de la Transition énergétique. «La transition écologique, ça doit se décliner dans toutes les politiques publiques que l’on mène», a ainsi annoncé Elisabeth Borne. Avant de promettre que tous les Français pourront bientôt «accéder à des véhicules électriques avec des locations longue durée à 100 euros par mois.»

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