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Tour de France des mobilités durables: Châteauroux: Des transports en commun entièrement gratuits depuis vingt ans

par Laurent F.

Quelles sont les offres de nos villes? Pour quels enjeux? Et quels sont leurs projets? Make a Move vous invite à un Tour de France des mobilités durables. Cette semaine, direction Châteauroux, au cœur du Berry. Vice-président de la Métropole en charge des Transports, mais aussi Président du Conseil Départemental de l’Indre, Marc Fleuret nous répond.

Depuis longtemps la métropole de Châteauroux a fait le choix de proposer la gratuité des transports en commun à ses habitants…

Marc Fleuret: «Absolument. Nous avons été parmi les premières villes de France à faire ce choix. Et en vingt ans la fréquentation a été multipliée par 3,5. En 2019 (notre année de référence) nous avons atteint 5,4 millions de voyages annuels. Notre flotte de 42 bus est donc très utilisée. Et les services qu’ils proposent suscitent une très grande attente des habitants. D’ailleurs, lorsque nous sommes en campagne électorale la première question qui nous est posée est toujours: «Est-ce que les bus seront encore gratuits?». On sait aujourd’hui combien il est compliqué de faire passer un réseau à la gratuité. Or, notre antériorité est une grande force car notre système est à l’équilibre. Et nous pouvons maintenir cette offre sans problème.»

Le tout s’articule autour du service Horizon, qui propose aussi des bus à la demande, Handibus, et Flexo Soirée. D’autres projets?

M.F.: «Nous sommes en train de restructurer une ancienne usine pour la transformer en bâtiment de stockage pour nos bus. Le tout pour un budget de 6,3 millions d’euros. Et nous lançons à partir d’avril une expérimentation autour d’une navette autonome en milieu très rural.»

bus Châteauroux
Châteauroux Métropole – Benjamin Steimes

Justement, dans ce secteur très rural qu’est le Berry, qu’est-il prévu pour l’auto?

M.F.: «Jusqu’ici nous avions deux aires de co-voiturage. Elles se sont faites assez naturellement, et de façon déstructurée. Nous allons les structurer, et en créer quatre autres. Nous aurons donc six aires qui permettront de desservir les six axes principaux empruntés pour les trajets domicile-travail. Ceci, tant en partant de Châteauroux Métropole pour aller vers l’extérieur qu’inversement. Nous démarrerons ce travail de maillage dès cette année. De plus, nous y intégrerons notamment des bornes de recharge pour les véhicules électriques. De plus, nous réfléchissons à étendre de telles aires sur l’ensemble du département.»

Et du côté de l’auto-partage?

M.F.: «Il y a quelques temps nous avons mené l’expérience avec Renault. Il s’agissait de véhicules en station que les habitants pouvaient venir chercher, mais cela n’a pas du tout fonctionné. Nous allons y retravailler.»

Et qu’en est-il du vélo?

M.F.: «Depuis plusieurs années nous effectuons un très gros travail sur le territoire. Par exemple, nous avons fait une piste cyclable sur ce que nous appelons les boulevards de l’agglomération. Sur trois kilomètres environ nous sommes passés de deux voies pour les voitures à une seule. Avec un important couloir vélo de chaque côté. A l’échelon départemental nous avons «L’Indre à vélo». Elle est connectée à «La Loire en vélo», et traverse le département du nord au sud. La partie allant de Châteauroux vers La Châtre n’est pas encore finalisée, mais nous avons lancé une grande étude. Avec, pour objectif, l’utilisation d’une voie ferrée désaffectée.

Une deuxième voie (qui concerne aussi le sud du département) fait également l’objet d’une étude. «L’Indre à vélo» est aujourd’hui ce que j’appelle une «vélo-route». Des petites routes où nous facilitons la présence des vélos. Mais, sur ces deux axes, l’idée est d’apporter une circulation autonome, avec des voies cyclables exclusives. D’autant que c’est ce que recherchent les touristes aujourd’hui!»

piste cyclable Châteauroux
Châteauroux Métropole – Benjamin Steimes

«Dans une grande ville, les habitants prennent de plein fouet les problèmes de pollution et de circulation. Ils voient donc vite l’intérêt de la pratique du vélo. Sur une agglomération comme la nôtre, ça ne vient pas à l’esprit de façon naturelle. Nous devons donc susciter les choses.»

Marc Fleuret, Vice Président de Châteauroux Métropole en charge des transports.

Proposez-vous une flotte de vélos en location?

M.F.: «Non. Notre agglomération est de petite taille : quatorze communes, et un peu plus de 80 000 habitants dont 45 000 à Châteauroux. Aussi, trouver l’équilibre entre l’offre et la demande est parfois compliqué. En revanche, nous proposons une aide à l’achat de VAE. Nous pensions atteindre au maximum les 150 dossiers de demandes. Aujourd’hui nous en sommes à 523 dossiers déposés. C’est un vrai carton! Il s’agit d’une aide de 200 € sans conditions de ressources. Nous travaillons par ailleurs à l’installation de parking sécurisés. Et 23 consignes à vélos seront réparties dans l’agglomération. De même, sur la commune de Déols qui touche Châteauroux, nous avons un grand projet de passerelle cyclable en lieu et place de l’ancien pont. Elle permettra de recréer la voie historique Châteauroux-Déols.»

Parmi les autres projets, figure un pôle d’échange multimodale à la gare de Châteauroux. Pouvez-vous nous en dire plus?

M.F.: «C’est fait! Le parvis est opérationnel, et il fonctionne bien. Le quartier a été totalement restructuré. Nous avons maintenant une vraie cohabitation des modes de transport. Pour nous il s’agissait encore de trouver le lieu idéal pour le stockage des vélos. Nous utiliserons un local de l’ancien centre de tri postal situé dans la gare. Nous y installerons une association, Château’roule, qui fait la promotion du vélo. Et nous pourrions y adjoindre un dépose-vélo sécurisé.»

Gare de Châteauroux Métropole
Châteauroux Métropole – Benjamin Steimes

Vous parliez d’un équilibre à trouver entre offre et demande. Quelle est la principale difficulté pour une petite agglomération comme la vôtre?

M.F.: «Nous pouvons déployer des solutions de mobilité certes, mais de façon forcément mesurée. Car, de toute évidence, nous sommes contraints tant par la taille du territoire que par le nombre d’usagers. De plus, n’oublions pas que dans ces territoires ruraux l’ancrage de la voiture est très présent. Dans une grande ville, les habitants prennent de plein fouet les problèmes de pollution et de circulation. Ils voient donc vite l’intérêt de la pratique du vélo.

Sur une agglomération comme la nôtre, ça ne vient pas à l’esprit de façon naturelle. Nous devons donc susciter les choses, aider à changer les mentalités. Il s’agit de mettre en place les pistes cyclables que j’évoquais afin de susciter l’envie. Mais aussi de faire face à l’incompréhension de certains automobilistes qui voient là un frein à la fluidité de la circulation. C’est à nous de leur expliquer les choses et de faire preuve de pédagogie!»

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