Avec environ 45 000 véhicules déployés dans plus de 35 pays, la flotte d’EDF fait partie des plus importantes au monde. Pour piloter sa transition énergétique, le groupe s’appuie depuis bientôt sept ans sur ce chef de projet dont l’expertise a déjà permis de grandes avancées.
L’ambition d’EDF? Electrifier d’ici 2030 100% de sa flotte. Et, pour piloter cette très profonde mutation, le groupe compte depuis 2018 sur Pascal Pavard. Diplôme d’ingénieur aux Arts et Métiers Paris Tech en poche, c’est tout naturellement que ce spécialiste des énergies est entré chez EDF en 2016. D’abord en tant que directeur de cabinet, avant d’être nommé chef de projet senior en charge de la mise en œuvre de l’initiative EV100 au sein du groupe. Rappelons qu’EV100 a été lancée en septembre 2017 lors de la «Climate Week» organisée chaque année par l’ONG «The Climate Group» lors de l’assemblée générale de l’ONU. Son objectif étant de fédérer des grands groupes internationaux autour de ce même objectif 100% de véhicules électriques d’ici à 2030.
Une nécessaire exemplarité
«EDF a été la première entreprise française à rejoindre l’initiative. Aujourd’hui, plus de 100 groupes y ont adhéré à l’échelle mondiale.», précise Pascal Pavard au site Energystream, le blog Energies des consultants Wavestone. «Nous avons choisi de la rejoindre pour plusieurs motifs, poursuit-il. D’abord, cette initiative correspond à notre ADN et à notre volonté d’être exemplaires.(…) Cela nous permet de contribuer à l’effort collectif pour amplifier et accélérer la conversion d’autres entreprises pour arriver à diminuer au global les émissions carbone du transport. De plus, EV100 est aussi un véritable terreau d’expérimentation pour EDF. Cela nous permet en effet d’ajuster et d’accélérer l’industrialisation de solutions technologiques nouvelles et révolutionnaires telles que le V2G (vehicule-to-grid).»
A ce jour, EV100 concerne uniquement les véhicules légers (particuliers, de société ou utilitaires). Uniquement? Façon de dire… «A l’échelle du groupe, cela représente plus de 45 000 véhicules répartis à travers 35 pays, mais dont la majorité se situe en France.», rectifie l’expert. Une transition de telle ampleur exige donc de profondes transformations, tant en termes financiers qu’opérationnels. «En concertation avec la direction financière du groupe, nous avons souhaité en faire un critère pris en compte dans certaines lignes de crédit de l’entreprise. Cela lui donne d’autant plus d’importance dans la stratégie du groupe EDF et dans ses objectifs en matière de développement durable.».
«Nous avons fait une étude interne: les voitures de fonction électriques sont économiquement plus avantageuses que leurs homologues thermiques quand on regarde le coût total de possession (TCO).»
Pascal Pavard, chef de projet sénior chez EDF
200 000 collaborateurs concernés
En juillet 2023, lors des Rencontres Villes et Entreprises durables consacrées à la logistique et aux flottes d’entreprise organisées par Make a Move, il précisait encore: «Nous avons fait une étude interne: les voitures de fonction électriques sont économiquement plus avantageuses que leurs homologues thermiques quand on regarde le coût total de possession (TCO).» Et le chef de projet de préciser (sur son profil Linkedin) l’ampleur du «chantier» à mener: «Cette électrification, qui doit se réaliser à TCO similaire à ce qu’il aurait été si le groupe EDF avait conservé des véhicules thermiques sur la période du projet (2019-2030), prend en compte le remplacement de véhicules thermiques par des véhicules électriques, la mise en place des infrastructures de recharge sur nos sites et au domicile de salariés et la conduite du changement associée.»
Et, justement, cette conduite du changement n’est pas le moindre des dossiers que Pascal Pavard doit piloter. Car ce sont près de 200 000 collaborateurs que compte le groupe EDF, tous concernés par la transition énergétique. Alors, comme le responsable nous le confiait lors des Rencontres que l’on vient d’évoquer, tous les cas d’usage doivent être évidemment considérés «Pour chaque cas répertorié, nous apportons des solutions appropriées. Cela passe, par exemple, par la mise en place d’infrastructures de recharge, de pools d’autopartage ou encore par des tests de système de recharge en fast, voire ultra fast charging. En ce moment, le cas d’usage sur lequel nous travaillons plus particulièrement concerne l’employé(e) qui revient à son domicile avec son véhicule professionnel et qui a besoin de le recharger pendant la nuit. Cela concerne entre 5 000 et 10 000 véhicules. On a maintenant une solution opérationnelle pour les maisons individuelles et des POCs en habitat collectif.» Fin 2024, 30% de la flotte de véhicules légers d’EDF était déjà électrifiée.