Réalisée dans une douzaine de pays européens, la septième édition du Baromètre Recommerce sur le marché du téléphone reconditionné vient d’être publiée. Pas de doute, l’engouement des consommateurs pour l’économie circulaire se confirme. Tout particulièrement en France.
Depuis sa création en 2009, l’Européen Recommerce s’est imposé comme l’un des leaders de la reprise, du reconditionnement et de la revente de produits high-tech. L’entreprise publie chaque année son Baromètre consacré au marché des smartphones reconditionnés. Pour sa septième édition, l’étude a été menée en ligne du 11 au 15 janvier sur un échantillon de 7 750 individus âgés de 16 à 65 ans vivant dans douze pays européens: l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, la Hongrie, l’Italie, l’Irlande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie et la Suisse. Une étude d’autant plus intéressante qu’elle offre un instantané de l’évolution des comportements, mais aussi des idées reçues sur la question. Comme le rappelle Augustin Becquet, Directeur Général de Recommerce, «il y a deux ans, une enquête de la DGCCRF a démontré le manque d’informations délivrées aux consommateurs sur le reconditionné. Il y a urgence à améliorer les pratiques, car encore 44% des Français doutent ou ne lui font pas confiance. Il est donc de notre responsabilité de stabiliser ce marché vertueux.»
En France, 20% de nos smartphones sont d’occasion contre 7% il y a 6 ans
Qu’en est-il, justement, de ce marché, tout particulièrement en France ? Suit-il l’évolution de la société qui consacre désormais l’économie circulaire comme une solide solution dans nos petits gestes du quotidien? Pas de faux suspens; la réponse est clairement… oui! Et pour cause: en seulement six ans, le marché de l’occasion a enregistré une très forte croissance, au point d’avoir quasiment doublé. En 2024, plus de 45% des Français disent avoir déjà possédé un smartphone d’occasion. Ils étaient seulement 27% en 2018. Concrètement, un smartphone sur cinq est aujourd’hui un appareil d’occasion quand on en comptait que 7% en 2018. Et ce n’est probablement là qu’un début quand on sait que 23% des Français interrogés disent envisager de se tourner vers le reconditionné pour leur prochain achat prévu dans l’année à venir. Plus globalement, ce sont même 56% qui se déclarent sensibles à ce mode de consommation pour leur téléphone, soit plus que la moyenne européenne (52%). 67% l’envisageraient même pour l’ensemble de leurs produits high tech..
Le prix est la principale motivation, d’achat comme de revente
Quelles sont leurs motivations principales? Le prix, bien entendu (à 72% contre 66% en 2018). Et le fait de faire là un geste responsable pour 38% des consommateurs interrogés. Des consommateurs qui pensent aussi à en tirer bénéfice puisque près d’un sur deux (47%) souhaite revendre son ancien smartphone. En 2023, ils n’étaient encore que 37% à l’envisager. Là encore, c’est davantage que dans le reste de l’Europe où 35% des consommateurs en moyenne affirment avoir cette intention. Ce qui les empêcherait de le faire, finalement? Un prix de reprise trop faible, d’autant que cet ancien smartphone pourrait toujours servir si besoin. D’ailleurs, 35% des Français le conservent à cet effet.
Des doutes qui persistent…
Au delà de ces chiffres encourageants, un constat s’impose. Comme l’affirmait plus haut le Directeur Général de Recommerce, les doutes persistent chez bien des consommateurs, tant sur la qualité des produits reconditionnés vendus que sur la fiabilité des vendeurs eux-mêmes. 22% des consommateurs français refusent catégoriquement l’idée d’acheter des téléphones reconditionnés pour cette raison, et ils sont tout autant à exprimer différentes craintes comme les trop fréquentes pannes par exemple. Ou un effacement des données qui pourrait ne pas être réalisé par le reconditionneur. C’est d’ailleurs là le premier frein à l’acte de revente: 85% en font une crainte majeure!
Vers la fin de la surconsommation high tech?
Mais pas de quoi freiner une croissance qui semble bel et bien faite pour durer. Selon Gaël Brouard, fondateur de la plateforme de reprise d’appareils électroniques CompaRecycle, «la baisse du marché du smartphone neuf met en lumière une prise de conscience des consommateurs concernant cette course au lancement de nouveaux modèles qui entraîne une surconsommation des produits high-tech. L’innovation technologique de ces appareils semble peu à peu arriver au bout. On remarque de moins en moins de différences entre les dernières sorties de produits électroniques et leurs versions antérieures. Ce qui explique que de plus en plus de personnes font le choix d’acquérir un modèle plus ancien, en occasion donc à un prix réduit, plutôt que d’opter pour la dernière version sortie.» Ainsi, pour le professionnel comme pour ses concurrents l’heure est clairement à l’optimisme: «On peut estimer qu’en 2024 cette baisse puisse se poursuivre de l’ordre de 5% pour la téléphonie neuve au profit du marché de la seconde main qui pourrait croître de 15%. »