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La Commission européenne veut réduire les émissions carbone de 90% dès 2040

La Commission européenne veut réduire les émissions carbone de 90% dès 2040

par Laurent F.

Ce n’est encore qu’une proposition qui se transformera peut-être en loi lors de la prochaine mandature : les instances européennes souhaitent donner un très net coup d’accélérateur à la décarbonation.

Depuis 2021 le Pacte vert de l’Union européenne (European Green Deal) a fixé un objectif de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Un objectif que la Commission Européenne juge désormais largement insuffisant. Dans une annonce faite ce mardi 6 février, elle propose donc de modifier conséquemment ces objectifs en préconisant désormais une réduction nette des GES de 90% (par rapport aux émissions enregistrées en 1990). Et ceci dès maintenant. En tout cas, d’ici 2040. Une étape qu’elle juge essentielle pour atteindre la neutralité carbone attendue en 2050. Charge donc à la prochaine Commission (qui sera formée à la suite des élections européennes de juin prochain) de soumettre aux Etats et au Parlement européen une proposition de loi formelle et officielle dans les prochains mois.

« La définition d’un objectif à l’horizon 2040 permettra de mettre un terme au gaspillage des ressources rares. (…) Elle enverra des signaux clairs à l’industrie et aux entreprises sur les perspectives d’avenir dans les secteurs des technologies propres ».

Wopke Hoekstra, Commissaire au Climat, devant le Parlement européen ce 6 février 2024

Vers un Pacte vert industriel

Face aux critiques grandissantes (voire même aux franches hostilités), l’Union Européenne veut se donner toutes les chances de réussite. Ainsi, ce même 6 février, le Commissaire au Climat Wopke Hoekstra s’est exprimé devant le Parlement européen : « L’action climatique nécessite une planification dès maintenant. (…) C’est un marathon, pas un sprint, et nous devons nous assurer que tout le monde franchisse la ligne d’arrivée.» Et de souhaiter une « transition équitable » qu’« un dialogue ouvert entre toutes les parties prenantes » devra précéder. Ainsi, parmi ses propositions phares Bruxelles entend notamment élargir son Pacte vert à l’industrie. « La définition d’un objectif à l’horizon 2040 permettra de mettre un terme au gaspillage des ressources rares. (…) Elle enverra des signaux clairs à l’industrie et aux entreprises sur les perspectives d’avenir dans les secteurs des technologies propres, y compris pour l’industrie manufacturière, et aux individus sur les perspectives d’emploi futures et sur les compétences qui seront requises. »

« L‘agriculture peut jouer un rôle vital dans cette transition. »

Commission Européenne, le 6 février 2024

Des investissements annuels colossaux, mais…

Autre garantie que l’Europe entend donner : l’accès à une énergie décarbonée suffisante et abordable « avec l’essor continu des renouvelables, des réseaux d’hydrogène, mais aussi de l’atome civil via les futurs petits réacteurs modulaires. » Quant aux investissements nécessaires pour aboutir à ces très ambitieux objectifs, sur la période 2031-2050 Bruxelles les estiment à 660 milliards d’euros dans l’énergie et 870 milliards dans les transports chaque année. Un coût faramineux, mais comme Céline Guivarch (coautrice du rapport 2022 du Giec) l’affirmait alors : « Le coût de l’action est moins important que celui de l’inaction. »

Reste donc, d’ici là, à convaincre les différentes parties prenantes à poursuivre (et même à intensifier fortement !) leurs actions de lutte pour le climat. Un sacré défi en cette période de fronde des agriculteurs européens qui, tous, dénoncent l’excès de réglementations parfois contradictoires et souvent jugées injustes ou incompréhensibles. Mais sur ce point, Bruxelles a déjà sa réponse : « L‘agriculture peut jouer un rôle vital dans cette transition. », dit-elle.

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