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En 2024, la Supply Chain accélère sa mutation écologique et numérique

En 2024, la Supply Chain accélère sa mutation écologique et numérique

par Laurent F.

Entre l’obligatoire décarbonation du secteur, l’arrivée de l’intelligence artificielle et une circulation forcément rendue plus compliquée par les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, petits et grands acteurs de la livraison doivent absolument se rebâtir.

On l’a déjà dit ici : depuis l’explosion du e-commerce, la donne a changé, et c’est toute la logistique qu’il faut désormais réenvisager. En profondeur. Pour des raisons purement commerciales, d’abord. Il s’agit en effet de gérer au mieux les chaînes d’approvisionnement pour ne plus avoir à connaître les problèmes de ruptures récemment rencontrés. Un véritable défi quand on sait que les commandes à distance n’ont jamais été aussi nombreuses. Anthony Catillon, Directeur de Log’Issimo (la nouvelle entité du groupe La Poste qui assure livraisons et services sur-mesure et écoresponsables à destination des entreprises et des collectivités), l’explique : « On assiste ces temps-ci à une fragmentation des flux. La livraison devient de plus en plus récurrente, sur des volumes de plus en plus faibles. Ce qui impose une grande réactivité, donc une plus grande rapidité. » Sans parler d’un autre défi majeur : « ZFE ou non, les villes opèrent toutes leur reconfiguration. Par voie de conséquence, la logistique y est devenue plus complexe ; elle doit répondre aux nouvelles exigences et donc impérativement se transformer pour mieux s’adapter. »

Les grands acteurs accélèrent leur décarbonation

De fait, pour répondre aux exigences environnementales autant que pour être à la hauteur de l’immense attente que celles-ci suscitent dans la clientèle, de nouvelles mesures doivent être instaurées qui concernent toutes les étapes, depuis le stockage jusqu’à la livraison des produits au pas de la porte. Sans oublier, évidemment, l’instauration (ou le renforcement) d’une RSE devenue aussi incontournable qu’indispensable. C’est ainsi que de nombreux grands acteurs ont, depuis longtemps déjà, montré le chemin. Comme La Poste, le géant allemand DHL, Fedex ou encore Géodis, pour n’en citer que quelques-uns. Entre la décarbonation massive de leurs flottes et les (ré)aménagements d’entrepôts moins gourmands en carbone, tous ont lancé de grands projets ces dernières années. Et, loin de se reposer sur leurs lauriers (ou sur de trop faciles effets d’annonce), tous ont accéléré ces temps-ci.

Des livraisons par vélos, bateaux ou par drones, et des investissements massifs

Ainsi, par exemple, pour assurer ses livraisons du dernier kilomètre dans des zones réputées difficiles d’accès le groupe La Poste a lancé fin janvier une troisième ligne de drones, entre Villard-de-Lans et Corrençon-en-Vercors. Elle vient rejoindre celles inaugurées dans le Var en 2016 et en Isère en 2019. Avec une légère différence, toutefois : pour la première fois, une mutualisation des flux des différents opérateurs est possible.

Du côté de Geodis qui ambitionne des livraisons entièrement bas carbone dans les centres-villes des quarante plus grandes métropoles françaises d’ici la fin de l’année, les choses bougent aussi. Un centre logistique urbain vient d’être installé à Lille. À Lyon et à Strasbourg, c’est une double solution qui a récemment été choisie : outre les deux-roues électriques, à l’image de plus en plus de villes françaises et européennes, Géodis utilise le fleuve et les cours d’eau.

Quant à DHL, le géant allemand avait déjà annoncé le déploiement progressif de 30 000 véhicules électriques dans sa flotte mondiale et la commande de douze avions cargo 100% électriques. Il travaille aussi à ses livraisons de proximité. 25 millions d’euros viennent ainsi d’être investis dans la création de nouvelles infrastructures à Beaune, Caen, Marne-la-Vallée et Marseille. Et autant dans un tout nouveau site à Toulouse. Un site quatre fois plus grand que le précédent, et « à la pointe de la technologie pour renforcer la qualité de service offerte à nos clients, le confort de travail de nos équipes, tout en accélérant notre transition écologique » explique Philippe Prétat, PDG de DHL Express France.

Les nouvelles technologies pour optimiser les flux

« À la pointe de la technologie » ? Voilà justement l’autre grand pari auquel la supply chain doit désormais répondre. Automatisation et numérisation sont devenues plus que jamais nécessaires, et le déploiement de l’intelligence artificielle devrait là aussi venir tout bouleverser en même temps que les nombreuses innovations nécessaires à l’adaptation du secteur. Un sondage réalisé il y a un an par l’éditeur de logiciels spécialisés Descartes Systems Group sur un panel de 1 000 décideurs basés en Europe, au Canada et aux États-Unis le montrait déjà : 59% des chefs d’entreprise affirmaient avoir intensifié le rythme de leurs innovations depuis 2021, et 65% prévoyaient de les accélérer encore. Reste toutefois à mieux considérer l’I.A. Et, sur ce point, le chemin semble encore long. Selon le récent Baromètre annuel des DRH réalisé par WTW, ABV Group et RH&M, 71% des DRH français estiment leur entreprise en retard face à ces enjeux…

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