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Peur vélo

Comment surmonter sa peur du vélo?

par Laurent F.

Si la pratique du vélo s’est largement démocratisée ces dernières années, quelques résistances demeurent. En cause, la peur qui empêche certain(e)s de monter sur un deux-roues. Deux angoissés du vélo nous ont raconté leurs appréhensions tandis que la psychologue Amélia Lobbé et le champion cycliste Guillaume Martin nous ont livré leurs conseils.

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L’accident et la chute sont les peurs les plus fréquentes

A l’heure où la pratique du vélo est fortement encouragée, quelques irréductibles résistent farouchement. Aucune raison politique ou vaguement philosophique à cela, évidemment. Non, c’est plutôt la peur qui les en empêche. Comme Océane: «En fait, juste l’idée de monter sur un vélo m’angoisse. En ville, la foule me terrifie. Je ne sais plus où donner de la tête au point que j’ai l’impression d’en devenir dangereuse. J’ai peur de ne pas maîtriser mes réactions et de tomber. J’ai très peur de me faire renverser ou de renverser quelqu’un. Bref, j’ai peur de tout. Quant à partir toute seule pour me balader en pleine nature, rien que l’idée m’oppresse. Si jamais je venais à crever ou à dérailler, je serais vraiment très mal! Parce que je ne sais pas du tout réparer ça, moi! Si cela m’arrive en rase campagne à trente bornes de chez moi, au milieu de nulle part, je fais comment? Je sais ce que vous allez me dire: ça s’apprend. Mais bon…» 

«Pas envie d’y laisser ma peau»

Même chose ou à peu près chez Quentin. Etudiant, il n’a aucun problème à se rendre à son école de commerce de la proche banlieue parisienne en trottinette électrique, mais le vélo c’est autre chose! «Plus que moi, ce sont les autres qui me font trembler. On ne peut pas toujours anticiper les réactions des uns et des autres. Encore moins leurs imprudences. L’un de mes amis a eu un grave accident il n’y a pas longtemps, et cela m’a servi de leçon… Donc, le vélo, c’est non. Trottinette, transports en commun, et VTC quand je rentre de soirée. Point barre! Pas envie d’y laisser ma peau…»

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Un peur peut en cacher une autre

Psychologue spécialisée dans l’anxiété et la gestion des émotions, Amélia Lobbé a publié récemment «Le jour où j’ai apprivoisé ma peur» (éd. Le Courrier du Livre). Elle a accepté de nous en dire un peu plus sur ce que cache cette peur du vélo chez certains d’entre nous. «Bien entendu, chacune est personnelle. On ne peut donc pas donner la même réponse à tout le monde. Mais, de manière générale, la peur du vélo peut être liée à un mauvais apprentissage, à un problème d’équilibre (notamment à un appareil vestibulaire très sensible qui peut procurer des sensations de vertige, le mal des transports etc…). Comme on l’a vu dans les deux cas que vous venez de citer, elle peut aussi être liée à la peur de l’inconnu ou à l’agoraphobie. A la peur de mourir aussi, ou à un traumatisme passé ou récent. Et j’en passe! Bref, tout cela pour vous dire que cette peur peut aussi n’avoir rien à voir avec le vélo. Normal: une peur peut en cacher une autre!»

Comment surmonter sa peur du vélo? 

Pour Amélia Lobbé, une solution alors: «aller voir un(e) psy orienté(e) TCC (Thérapie Cognitive et Comportementale), et prendre le temps de se questionner, d’explorer ce que ces peurs dissimulent et révèlent de nous.» Certes, mais avant cela des pistes peuvent également être explorées qui permettent sans doute déjà de les dompter. Ou au moins d’essayer! Avant d’entamer le Tour de France 2022, le champion cycliste et philosophe Guillaume Martin (qui a été contraint à l’abandon pour cause de Covid) avait accepté de nous livrer son avis et ses conseils. Sur la peur de rouler en ville, d’abord. «Il est vrai que depuis le premier confinement la pratique du vélo a explosé, notamment dans Paris. C’est une bonne chose, mais forcément tout un tas de gens qui ne savaient pas très bien en faire s’y sont mis. Et c’est devenu très dangereux. Toutefois, je pense que les choses se sont arrangées: ils commencent à avoir une certaine pratique. Et ceux qui n’étaient pas faits pour ça ont basculé vers d’autres moyens de déplacement. De plus, la Mairie de Paris a fait beaucoup d’efforts sur le sujet. Je trouve plutôt bien de prendre en modèle l’Allemagne ou la Scandinavie qui disposent de pistes sécurisées et sécurisantes.» 

«A avoir peur, on se découvre des ressources insoupçonnées!»

Amélia Lobbé, psychologue

Y aller peu à peu pour aller de plus en plus loin…

Face aux angoisses d’Océane et de Quentin, Guillaume Martin -dont l’essai philosophique «Socrate à vélo» vient d’être réédité en poche (éd. Monpoche)- a aussi son avis sur la question. «Le stress est irrationnel, il est donc bien difficile de lutter contre. Mais si je devais donner un conseil, ce serait de commencer modestement, sur des petites pistes cyclables, là où tout autour les voitures sont rares. Ou (dans les cas où l’on a peur de tomber) de choisir des petits chemins sur lesquels chuter ne serait pas très grave.» 

Et si votre peur résiste? Dites-vous qu’elle est tout à fait normale, comme nous le confirme Amélia Lobbé. Elle peut même être prometteuse, figurez-vous… «La peur est une émotion qui fait partie de lexpérience humaine. Elle est probablement la première émotion quon ressent quand on vient au monde. Elle nous pousse à nous protéger, et parfois à prendre des risques. Car, oui, à avoir peur, on se découvre des ressources insoupçonnées!»

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