Parce que les Jeux Olympiques de Paris arriveront vite, Smovengo sonne l’alerte. Selon l’opérateur de Vélib’, 10 000 vélos supplémentaires doivent absolument être commandés avant la fin de 2022 pour pouvoir répondre aux besoins lors de l’événement. Mais qu’en disent la Ville de Paris et les élus du SAVM qui financent le service?
C’est dans un an et demi seulement que se tiendront les Jeux Olympiques de Paris. Pour l’occasion, plus de dix millions de voyageurs supplémentaires sont attendus en Ile-de-France, entre la fin juillet et la mi-août 2024. Et si les offres de mobilité ne manquent pas dans le Grand Paris, inévitablement la question de leur saturation se pose. Parmi celles-ci, Vélib’ et sa flotte de 19 000 vélos devraient bien entendu faire partie des solutions les plus prisées.
Mais son opérateur (Smovengo) ne cache pas son inquiétude. Par la voix de son président Stéphane Volant il vient d’alerter les pouvoirs publics. Et tout particulièrement la Ville de Paris et le Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM) qui réunit soixante communes finançant à 70% le service Vélib’. «Le risque est de ne pas être au rendez-vous et de mécontenter tout le monde, les usagers locaux comme les touristes. Il y a urgence. Vus les délais nécessaires auprès de nos fournisseurs, nous avons besoin de savoir avant le 15 décembre si nous lançons une commande d’environ 10 000 nouveaux vélos.» Et Smovengo d’imaginer pouvoir ainsi déployer ses deux-roues (en de grands hubs éphémères) près des lieux où se dérouleront les épreuves ainsi que dans les zones touristiques.
«Il faudrait déjà que Smovengo lance une commande pour les 3 000 vélos en plus prévus au contrat. Un avenant est prêt depuis cet été pour augmenter la flotte. Mais Smovengo refuse de le signer.»
Sylvain Raifaud, élu de Paris et président du SAVM
SAVM et Smovengo: un conflit qui dure!
La réaction du SAVM ne s’est évidement pas faite attendre. Elle montre un peu plus les rapports tendus qui lient depuis plusieurs mois déjà les deux parties. Sylvain Raifaud (EELV), élu de Paris et président du SAVM, confirme la nécessité de renforcer l’offre pendant les Jeux Olympiques, mais il ajoute un bémol: «Il faudrait déjà que Smovengo lance une commande pour les 3 000 vélos en plus prévus au contrat. Un avenant est prêt depuis cet été pour augmenter la flotte. Mais Smovengo refuse de le signer.»
Rappelons qu’une violente passe d’armes s’est entamée en janvier 2022 entre les deux parties, le SAVM ayant manifesté son mécontentement face à la qualité (très critiquée) du service. Après avoir menacé d’octroyer à l’opérateur des pénalités record de 9,7 millions d’euros, la somme a finalement été ramenée à 2,1 millions. Une somme que Smovengo (qui affirme avoir investi quelques 14 millions durant l’année) juge évidemment excessive et injuste.
Pour son dirigeant, «Vélib’ n’a jamais été aussi utilisé. Nous avons 380 000 abonnés payants qui font en moyenne 120 000 courses par jour, de plus en plus longues, sur un périmètre toujours plus grand. Si Vélib’ ne marchait pas, nous n’aurions pas ces chiffres incroyables. Mais il faudra un jour traiter le phénomène de sur-utilisation chronique de la flotte. Un usage normal serait d’environ quatre courses par jour par vélo. C’est deux ou trois fois plus pour un Vélib’.» Prochaine étape ce 12 décembre, date de la prochaine réunion des élus des soixante communes formant le SVAM.