Dans sa course à l’électrification l’opérateur VTC passe à la vitesse supérieure: depuis le 1er janvier, plus aucun nouveau véhicule diesel n’est accepté sur sa plateforme française. C’est donc l’occasion de faire le point sur l’engagement d’Uber en matière de mobilité durable. Et de savoir si, à l’exemple d’Uber UK avec le monoplace Arrival, Uber France projette un VE spécifiquement fabriqué pour elle!
Depuis ce 1er janvier, Uber France refuse toute nouvelle voiture diesel sur sa plateforme. Quel est votre plan en matière d’électrification?
Nicolas Prévitali.: «Absolument. Qu’il soit neuf ou d’occasion il n’est plus possible d’inscrire un véhicule diesel sur la plateforme française d’Uber. C’est une étape importante dans notre plan qui est à la fois progressif et ambitieux. A horizon 2040, Uber vise le 100% zéro émission à l’échelle mondiale. Et d’ici 2030 à l’échelle européenne. Avant d’atteindre ce cap, chez Uber France nous ambitionnons zéro véhicule diesel en 2024, et 50% de véhicules électriques en 2025.»
Un chauffeur n’est pas forcément en mesure de se racheter un nouveau véhicule. Comptez-vous les soutenir?
N.P. «Il s’agit là d’un des plus gros freins, en effet. Il est donc de notre rôle et de notre devoir de les accompagner dans cette transition. Ainsi, nous disposons d’une enveloppe globale de 75 millions d’euros. Pour les aider à l’achat d’un véhicule électrique, d’abord, mais aussi pour construire tout un éco-système qui puisse répondre aux freins existants.»
Outre le frein financier, quels sont les autres?
N.P. «La complexité de ce nouveau marché les freine souvent. D’où notre volonté d’accompagnement au quotidien. Car il ne s’agit pas seulement de les aider financièrement, mais aussi de répondre à leurs questions. Sur le choix du bon véhicule, sur son financement, sur la question de la recharge qui constitue un vrai problème pour eux. Pour tout cela, nous avons mis en place des partenariats avec des constructeurs automobiles et des fournisseurs d’énergie. Et avec le Crédit Agricole et Sofinco qui leur permettent un accès au financement facilité.»
Comment répondez-vous à ce problème de la recharge? Envisagez-vous, par exemple, la création de bornes Uber?
N.P. «Notre partenariat avec TotalEnergies est justement là pour y répondre. Il vise à donner accès aux stations du réseau Total. De plus, par ce partenariat, nous avons également entrepris tout un travail afin de pouvoir mieux cibler les lieux en Ile-de-France où des bornes pourraient être déployées , puis mises à disposition des chauffeurs. Dans le centre de Paris le réseau est certes riche, mais cela ne correspond pas forcément à leur zone d’habitation alors qu’ils en sont les plus gros utilisateurs. Nous avons également entamé une collaboration avec Izivia. Et avec Power Dot, une entreprise portugaise qui commence à se développer en France.»
Revenons à cette enveloppe de 75 millions. Comment leur sont-ils versés?
N.P. «Concrètement avec ce plan, les chauffeurs accumulent 6 centimes par kilomètre roulé. Ces 6 centimes sont financés à parts égales par une hausse de prix côté passager et par l’entreprise. Ils peuvent utiliser cette cagnotte quand ils le souhaitent pour acheter une voiture électrique. Le dispositif est en place depuis janvier 2021, sauf sur l’option Uber Green qui, du coup, est moins chère que notre option standard UberX.»
A ceci vient s’ajouter des réductions tarifaires chez les constructeurs partenaires?
N.P.«Tout à fait. Par exemple, avec Hyundai un chauffeur pourra bénéficier d’une réduction allant jusqu’à 26% sur une Ionic. Avec Renault Nissan, ce sera entre 18 et 21% en fonction des véhicules. Et pour ceux de nos chauffeurs qui ne pourraient pas s’acheter un véhicule, nous travaillons avec des partenaires entrant dans l’optique location (avec option d’achat ou non).»
«UN V.E. SPECIFIQUEMENT CONCU POUR UBER FRANCE? C’EST QUELQUE CHOSE QUI POURRAIT VOIR LE JOUR, EN EFFET!»
Nicolas Prévitali, Directeur des Opérations Chauffeurs chez Uber France
Le constructeur Arrival vient de lancer un monoplace électrique spécifiquement créé pour Uber UK. Peut-on imaginer une création équivalente avec Uber France?
N.P. «C’est tout à fait souhaitable, en tout cas ! En effet, la start up Arrival a créé ce modèle qui s’adapte à leurs usages et qui a été spécialement designé pour eux. De notre côté, nous discutons beaucoup avec Renault qui vient d’ailleurs de lancer une berline électrique dédiée aux chauffeurs VTC via sa marque Mobilize. C’est donc quelque chose qui pourrait voir le jour, en effet. Mais nous ne sommes pas aussi avancés qu’au Royaume-Uni !»
Quelle est la part d’Uber Green dans votre flotte?
N.P. «37% des véhicules. Soit une augmentation de 13% sur un an, puisqu’au début de 2021 nous étions à 24%. Et cette tendance ne pourra évidemment que s’accélérer. Car non seulement vous ne pouvez plus inscrire de modèle diesel sur la plateforme, mais ceux déjà actifs vont en sortir progressivement. Soit du fait de leur vieillissement, soit en raison de leur remplacement!»
Au fait, quel est le profil type du chauffeur Uber?
N.P. «Parmi les 30 000 qui travaillent avec nous, il existe une grande diversité. Mais, au dernier trimestre 2021 nous avons effectué une étude Harris qui nous a donné pas mal d’éléments. Dans les grandes lignes, un chauffeur Uber a aujourd’hui 42 ans. Il en avait 39 en 2018. Surtout, c’est un métier qui a énormément gagné en professionnalisation. Plus de 50% opèrent chez nous depuis plus de trois ans. En 2016, seulement 25% y opéraient depuis plus d’un an!»