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Remaniement: Clément Beaune nommé ministre délégué aux Transports

par Laurent F.

Absent du premier gouvernement Borne, le Ministère des Transports vient de faire sa réapparition. Clément Beaune, jusqu’ici «Monsieur Europe» d’Emmanuel Macron, occupera désormais ce poste.

Depuis la démission du gouvernement Castex -et donc de celle de l’ancien titulaire du poste Jean-Baptiste Djebbari- le ministère des Transports était laissé vacant. Comme annoncé par l’Elysée à la fin mai, il vient de réapparaître à la faveur du nouveau remaniement. Et c’est donc Clément Beaune qui vient d’être nommé. Plutôt méconnu du grand-public, le nouveau ministre délégué auprès du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu est pourtant loin d’être un nouveau venu en politique. C’est même un politicien chevronné, éminent spécialiste des affaires européennes, qui entre aujourd’hui en fonction. 

Un début de carrière dans l’ombre des cabinets ministériels

C’est en 2009, à sa sortie de l’ENA, que Clément Beaune entame sa carrière politique. A la direction du Budget d’abord, où il est nommé adjoint au chef du bureau des lois de finance. Trois ans plus tard, il devient conseiller budgétaire au sein du cabinet du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Un poste qu’il occupera pendant deux ans avant de se poser un court moment à Bruxelles. Puis il intégrera le cabinet d’Emmanuel Macron alors ministre de l’Economie. Sans faire partie de sa garde rapprochée, Clément Beaune compte parmi les proches du candidat LREM. Il sera même, dès 2017, sa « voix européenne ». En clair, son conseiller spécial sur les questions européennes, et sur le G20. Une responsabilité qu’il tiendra jusqu’à l’été 2020. Il sera alors nommé secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes au sein du gouvernement Castex.

Après s’être pleinement investi dans la préparation (puis dans le bon déroulement) des six mois de présidence tournante de l’Union Européenne occupée par la France jusqu’au 30 juin dernier, Beaune change donc aujourd’hui de portefeuille. Mais le furtif ministre délégué chargé de l’Europe dans le premier gouvernement Borne n’accède pas pour autant au poste auquel il aspirait (du moins si l’on en croit les rumeurs!): celui de ministre de l’Economie. 

Clément Beaune et l'ambassadeur tchèque pour le changement de présidence de l'Union
Clément Beaune aux côtés de Michel Fleischmann, l’ambassadeur tchèque lors du passage de flambeau de la présidence de l’Union © Clément Beaune

Des décisions à dimension forcément européenne

Aussitôt après l’annonce officielle de la composition du nouveau gouvernement, le nouveau ministre des Transports réagissait sur son compte Twitter. «Je suis très honoré d’être en charge des Transports dans le gouvernement d’Elisabeth Borne auprès de Christophe Béchu. Très heureux aussi d’avoir servi notre projet européen pendant deux ans au Quai d’Orsay. Je n’abandonnerai jamais cet engagement.». Tant mieux! Car d’Europe il sera forcément beaucoup question dans les différents dossiers qu’il devra rapidement traiter. A commencer par ceux induits par l’interdiction à la vente des véhicules thermiques neufs dès 2035 récemment voté par le Parlement Européen. Conséquence, la filière batterie et celle de bornes de recharge électrique devront absolument passer à la vitesse supérieure. Et la France aura inévitablement son (grand) rôle à jouer. Sans oublier, évidemment, le développement des énergies renouvelables.

Des dossiers brûlants au niveau national

Sur le plan national? Dès les premières heures de sa prise de fonction le nouveau ministre des Transports aura du pain sur la planche! Le premier dossier auquel il fera face (le plus urgent sans aucun doute) sera lié aux revendications salariales et sociales qui ont conduit aux grèves touchant actuellement les aéroports parisiens. Après le chaos rencontré à Roissy-Charles de Gaulle le 1er juillet, d’autres mouvements s’annoncent. Clément Beaune devra donc négocier au plus près pour éviter que le début des vacances scolaires ne tourne au cauchemar pour les Français. D’autant qu’à la SNCF aussi une grève est prévue cette semaine.

Le réseau ferroviaire: un projet ambitieux et nécessaire!

La chose bientôt réglée (du moins, on l’espère!), il devra également poursuivre les mesures entreprises pour la décarbonation des transports. Et même les développer, assurant ainsi les engagements du candidat Macron. Sur la question du réseau ferroviaire, par exemple, la promesse était claire. «Nous mettrons en service une dizaine de lignes de trains de nuit, et 9.200 kilomètres de petites lignes seront réhabilitées par l’État et les régions.». Même chose sur le fret, «un grand chantier a été lancé pour renouer avec le fret ferroviaire et ainsi réduire le nombre de poids lourds sur les autoroutes. Pour le rendre plus compétitif, nous moderniserons le réseau et les contraintes réglementaires seront simplifiées.»

Les mobilités douces constituent aussi un gros enjeu

Du côté du vélo, le chantier s’annonce tout aussi important. Lors de la campagne présidentielle Emmanuelle Macron se félicitait d’avoir consacré plus de 850 millions d’euros d’investissements aux deux-roues. Et d’avoir mise en place 16.000 km de pistes cyclables sécurisées. «L’objectif que nous visons restera le même pour les cinq années à venir. Faire en sorte que le vélo puisse être un véritable moyen de transport du quotidien pour les Français. (…) Pour ce faire, nous accélérerons les investissements dans l’infrastructure cyclable, en renforçant le soutien à la construction de pistes cyclables sécurisées et la mise à disposition de stationnements.» Charge, donc, à Clément Beaune de suivre les vœux du Président… Et de répondre à l’attente de nombreux cyclistes!

© Clément Beaune

Quant aux trottinettes électriques, suite aux récents et dramatiques accidents que quelques-unes ont provoqués, le besoin d’une remise à plat semble aujourd’hui absolument nécessaire. Elle est même exigée par de nombreux acteurs du secteur, à commencer par les collectivités territoriales. Sur ce point également le ministre des Transports aura probablement à trancher.

Novice, mais pas tant que ça…

La nomination de Clément Beaune a surpris les différents acteurs du secteur qui semblaient s’attendre à celle d’une personnalité du sérail plutôt qu’à celle d’un macroniste de la première heure jugé novice en la matière. Pour autant, l’annonce a été globalement bien accueillie. D’autant que le politicien a depuis longtemps prouvé son implication. Implication tant dans les affaires européennes que dans la lutte pour le climat et dans celle visant à l’intérêt des Français. En août 2020, par exemple, comme le montre une vidéo publiée sur le compte du ministère de l’Europe auprès duquel il était alors secrétaire d’Etat Clément Beaune rendait visite aux acteurs de la filière vélo dans le Loiret. Il marquait ainsi son souhait de voir la filière se développer pleinement.

Enfin, plus récemment, le 29 juin, celui qui n’était pas encore nommé ministre des Transports appelait les géants de l’énergie (nationaux et internationaux) à faire davantage de gestes afin de réduire la facture des consommateurs. «Le gouvernement va leur demander «un effort supplémentaire», annonçait-il sur France 2.

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