Mis en place il y a tout juste deux ans, le bonus réparation demeure étonnamment peu utilisé par les consommateurs qui sont près de 50% à ignorer jusqu’à son existence. La preuve en quelques chiffres saisissants…
Mis en œuvre en janvier 2023, le bonus réparation vise à participer à la décarbonation en appelant à consommer moins les produits neufs pour revaloriser nos vieux appareils électro-ménagers, ou nos vêtements, chaussures et accessoires. A la clé, une subvention de l’Etat qui vient prendre en charge les dites réparations à hauteur de quelques dizaines d’euros forts appréciables en ces temps de crise du pouvoir d’achat. Mais si chacun pouvait s’attendre à un large succès du dispositif dès son apparition, il n‘en a rien été du tout.
Selon le Ministère de la Transition écologique, 500 000 réparations étaient attendues via ce bonus à la fin 2023, mais seulement 50 000 avaient été enregistrées. Ceci, pour un million d’euros attribués, c’est-à-dire très peu au regard de l’enveloppe de 63 millions initialement prévue par les pouvoirs publics. Qu’en est-il un an plus tard, alors que le bonus de réparation a été doublé et élargi? Un bilan communiqué en décembre par le spécialiste de la réparation d’électro-ménager Murfy nous éclaire davantage. Et il est riche d’enseignements…
En moyenne 19% du coût de la réparation sont pris en charge
Passé à 113 millions d’euros, le budget consacré au bonus réparation était encore fortement doté à la mi-décembre dernier: 94 millions d’euros étaient encore disponibles. Particulièrement étonnant lorsqu’on sait que cette (petite) aide est accessible à tous les Français, et qu’elle est d’autant plus facile à obtenir qu’elle est automatiquement déduite de la réparation. En clair, ce sont 50 € qui peuvent être directement déduits de la facture de réparation de votre lave-linge, de votre lave-vaisselle ou de votre sèche-linge sans que vous ayez le moindre dossier de demande à déposer. Ainsi, en moyenne la prime couvrirait 19% du coût total de la réparation (soit 28 € sur une facture moyenne de 143 €, selon Murfy).
Près d’un Français sur deux ignore l’existence du bonus réparation
Une étude réalisée par l’association Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) souligne clairement la méconnaissance des consommateurs: seulement 47,3% des Français (qui se disent pourtant intéressés par les enjeux de la réparation) connaitraient aujourd’hui son existence. Et seulement 14% des foyers ayant connu une panne ont fait réparer leur gros électroménager par un professionnel, les autres ayant préféré le jeter pour en racheter un autre.
Un gros déficit de notoriété qui nécessite une évolution du dispositif
Pour les experts de Murfy, (qui confirment qu’un client sur deux découvre l’existence du bonus lors de sa prise de rendez-vous) une réévaluation et un renforcement du dispositif s’avèrent donc nécessaires en même temps qu’une campagne d’information. «Ces chiffres prouvent que les Français sont prêts à se tourner massivement vers la réparation, à condition que le dispositif soit réellement incitatif et avantageux d’un point de vue économique pour un grand nombre de situations et d’appareils. Or, actuellement, ce n’est pas le cas pour certains types d’appareils comme les fours encastrables. Une réévaluation du dispositif permettrait d’atteindre l’objectif fixé par le fonds réparation, à savoir un bonus couvrant 20% du coût de la réparation.»