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métro paris J.O.

Pourquoi le prix des transports en commun franciliens va-t-il exploser pendant les J.O.?

par Laurent F.

Après l’annonce, fin octobre, de la forte augmentation des prix des transports en commun franciliens lors des J.O., et au lendemain du coup de gueule de la Mairie de Paris, le conseil d’administration d’Île-de-France Mobilités a finalement voté ce 7 décembre: oui, le ticket de métro passera bien à 4 euros durant toute la durée de la compétition. Mais pourquoi donc?… 

Ce fut longtemps une promesse: pendant toute la durée des J.O. de Paris, les transports en commun devaient être gratuits, du moins pour les détenteurs de billets donnant accès aux différentes compétitions. Jusqu’à cette fin novembre quand -coup de théâtre!- IDFM et sa Présidente Valérie Pécresse ont annoncé, en lieu et place de cette gratuité… un quasi doublement des tarifs! Concrètement, le temps de l’événement le ticket de métro passera de 2,10 euros à 4 euros. Un carnet de dix tickets via Navigo Easy reviendra à 32 euros. Et il faudra débourser 16 euros pour obtenir un ticket menant aux aéroports Roissy-Charles de Gaulle ou Orly. De plus, un passe Olympique sera mis en place (réservable dès janvier sur le futur site d’IDFM dédié aux Jeux, et à partir d’avril sur l’application smartphone spéciale J.O.). Il donnera accès à l’ensemble du réseau francilien pour la modique somme de 16 euros par jour ou 70 euros la semaine. Avec tarif dégressif à la clé: deux jours coûteront 30 euros, trois jours 42 euros, etc…

Le prix des passes Navigo ne changera pas pendant les J.O.

Immédiatement, le tollé a été immédiat. Et notamment du côté de la Mairie de Paris. Dans un courrier adressé le 6 novembre à la présidente d’IDFM Valérie Pécresse, Emmanuel Grégoire et Pierre Rabadan -les adjoints à l’urbanisme et aux sports- soulignaient le «coup de massue» pour les usagers, et demandaient le maintien de la tarification habituelle. Voire même la gratuité pour les volontaires parisiens intervenant sur l’événement: «Tous ceux qui feront de ces Jeux un succès ne sont pas nécessairement détenteurs d’un passe Navigo (mensuel ou annuel, dont le tarif ne changera pas) et n’auront pas d’autre choix que de payer le prix fort.» Mais la demande des élus parisiens n’aura pas été entendue: la hausse de la tarification a bel et bien été confirmée ce 7 novembre par un vote du conseil d’administration d’IDFM. 

Le surcoût des transports répercuté sur les seuls touristes?

Pourquoi une telle augmentation? Selon Valérie Pécresse, un seul responsable: le surcoût engendré par l’événement. Un surcoût estimé à 200 millions d’euros (loin des 45 millions prévus initialement), ceci pour «seulement» 15% de service supplémentaire. «Personne ne veut financer les transports, ni l’État, ni la ville de Paris ni le COJO. À partir de là, j’ai pris l’engagement que les coûts de l’augmentation de 15% de l’offre de transports ne seraient pas supportés par les habitants d’Île-de-France.» Avant de poursuivre: «Le COJO avait complètement sous-estimé l’ampleur de la hausse des transports. (…) Les Franciliens ne peuvent pas payer pour les Jeux. Ca les rendrait totalement inacceptables pour eux, impopulaires. C’est pour cela que nous avons mis en place un tarif spécial J.O., le passe 2024, qui sera payé par les visiteurs de l’Île-de-France qui viendront au mois d’août .»

«Le ticket a été mis à 4 euros pour qu’on ne le prenne pas; on ne veut pas avoir des files d’attente au guichet.»

Valérie Pécresse, Présidente d’IDFM

Un prix volontairement dissuasif

Si l’argument peut s’entendre, fallait-il pour autant multiplier par deux le prix du ticket de métro à l’unité? Sur ce point, IDFM et sa Présidente ont aussi une réponse: un effet voulu comme dissuasif! «Le ticket a été mis à 4 euros pour qu’on ne le prenne pas parce qu’on ne veut pas avoir des files d’attente au guichet. On a mis un tarif très élevé pour que tout le monde prenne le pass Paris 2024. Et ce passe d’une semaine à 70 euros, c’est 10 euros par jour pour être en transport illimité sur toute l’Île de France.» 

Restent tout de même les nombreux utilisateurs franciliens qui ne disposent pas de passe Navigo, car utilisant les transports en commun de manière trop irrégulière, voire occasionnelle. Ceux-là risquent bel et bien de payer le prix fort également. Mais IDFM y a pensé. Une grande campagne de communication devrait débuter ces prochains mois pour recommander aux principaux concernés d’acheter leurs carnets de tickets à l’avance, c’est-à-dire avant le 20 juillet (date de la mise en place de cette sur-tarification), et de charger ainsi leurs cartes Navigo Easy avant les J.O. Quant aux titres Liberté +, comme les passes Navigo leur prix ne variera pas. 

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