Accueil » Mobilité durable » Interview de Julien Mouyeket, Directeur Général de Bolt France

Interview de Julien Mouyeket, Directeur Général de Bolt France

par Yann Azran

Julien Mouyeket, Directeur Général de Bolt France, présente la plateforme VTC, le lancement des nouveaux services qu’elle propose et ses enjeux clés pour le futur.

Bolt en quelques chiffres

Bolt est une plateforme estonienne créée en 2013 par Markus Villig et son frère Martin Villig, présente dans 45 pays et en France depuis 2017. Elle opère dans plus de 500 villes sur différents modèles de mobilité elle possède une base de clients actifs de plus de 100 millions d’utilisateurs. Aujourd’hui, Bolt est la plus grosse plateforme européenne, leader en Europe dans sa globalité, numéro deux en Europe de l’Ouest, numéro deux en France et numéro un en Afrique.

Ces chiffres sont comptés premièrement en activité. On appelle ça la GMV, c’est le nombre de courses effectuées par chaque acteur. Bolt est le seul à opérer différentes lignes et donc différents produits en propre. Il existe également des manières en interne de pouvoir calculer les différentes positions de l’entreprise.

Lancement du service d’autopartage

Pour lancer l’autopartage, nous avons recruté experts sur ces problématiques qui créent en interne l’intégralité des processus, sourcer eux-mêmes les véhicules, pour pouvoir monter ce type d’activité. C’est là où Bolt va être très bon, puisque aujourd’hui, on opère sur différentes lignes de service: le VTC, le taxi, la micro mobilité, donc les trottinettes électriques et les vélos électriques. On fait aussi de la livraison de nourriture, de la livraison de courses et donc l’autopartage. Pour lancer Bolt Drive en France, nous avons recruté un expert pour le lancement qui avait déjà orchestré des lancements d’activité sur l’autopartage.

Lancement du service de taxis

Bolt a rencontré des acteurs qui se proposaient de dire « La question des taxis est importante. Il y aurait un intérêt pour les plateformes VTC de se positionner », notamment grâce à la technologie, puisque les chauffeurs taxis apprécient d’avoir les informations des courses en avance, ce qui différencie vraiment de la maraude en général, où le chauffeur ne sait pas en avance où il va aller ni le prix de la course. Avec une solution comme l’application Bolt, il va le savoir et donc il peut choisir ses courses. Ça lui donne aussi une forme de liberté.

Puis, pour répondre à l’intégralité de la demande, il n’y a pas assez de chauffeurs VTC en France. Le constat criant sur cette situation, c’est l’activité à Paris où les clients voient, par exemple, le prix des courses qui ont aussi fortement augmenté. On voit aussi qu’il y a des annulations à répétition et des chauffeurs qui sont revendicateurs sur les sujets de la rémunération, qui sont des points très importants, finalement, qu’on prend très au sérieux dans les problématiques et nos priorités d’activité.

Donc, les taxis viennent en complément parce qu’on peut toujours avoir plus de demandes et donc cette demande va adresser différents usages. On constate que les utilisateurs de taxis, les utilisateurs VTC ne sont pas forcément les mêmes, n’utilisent pas le service de taxi pour le même usage que quand ils souhaitent prendre un service VTC. Ça nous permet finalement de répondre à différents besoins, différents comportements et différentes parts de la population, parce que le prix des taxis est quand même plus importante que le prix des VTC, c’est environ 40 à 50% plus cher.

Comment Bolt collabore avec les villes sur le service d’autopartage ?

Bolt répond à des AMI (appels à manifestation d’intérêt). Aujourd’hui, nous ne sommes présents qu’à Lyon sur notre service d’autopartage, pas dans toute la métropole lyonnaise, mais dans la ville et quelques arrondissements. On constate qu’il y a un vrai usage, c’est-à-dire qu’on ne vient pas en concurrence des transports publics. On ne va même pas non plus en concurrence d’autres activités, puisque finalement, une part des besoins aurait pu être faite potentiellement par des VTC.

On vient pour créer un écosystème qui va répondre à l’intégralité des besoins, des différents besoins de mobilité pour adresser tous les usages. Toutes les courses de 0 à 6 km, c’est souvent fait par de la micromobilité ou du moins, il y a un report modal de la micromobilité. Entre 6 et 15-20 km, c’est du VTC. Mais pour tous les trajets beaucoup plus longs, l’autopartage répond à un besoin qui est très intéressant puisqu’on constate que, par exemple, il y a aussi des clients, par exemple, qui louent le véhicule pour plusieurs jours, pour se déplacer, pour aller au ski, pour faire des trajets beaucoup plus loin ou aller en week-end.

Développement dans d’autres villes

Là où Bolt se différencie dans son rythme de croissance, c’est avec une approche beaucoup plus frugale sur les opérations. Le premier objectif, d’abord à Lyon est d’entretenir, de maximiser ou d’améliorer de façon générale, d‘assurer qu’on ait une très bonne relation avec la municipalité, avec les différentes administrations et de vraiment bien comprendre l’usage Lyonnais. Parce que je pense que l’usage, par exemple, de l’autopartage n’est pas le même à Lyon qu’il est à Nice et encore différent de Paris. Et donc de bien comprendre l’usage et qui sont nos utilisateurs et ce qu’ils attendent pour avoir le meilleur service possible.

Une fois que Bolt aura répondu à cela, tout en remplissant les objectifs, d’activité, on pourra commencer à regarder les autres villes.

Le cadre réglementaire

Le marché a totalement changé. En cinq ans, il y a eu  un cadre réglementaire beaucoup plus important, notamment la loi Grand Guillaume. Il y a eu aussi une crise sociétale ou des mouvements sociaux comme les gilets jaunes qui ont fortement impacté l’activité.

Il y a ensuite eu le coronavirus, donc une crise sanitaire qui a fortement modifié les usages: le télétravail, potentiellement des gens qui changent de ville, les dynamiques aussi des mouvements entre les villes… Par exemple, les personnes qui ne souhaitent plus utiliser les transports en commun ou utilisent les transports en commun avec un autre usage, une autre fréquence.

Tout ce changement réglementaire a fortement encadré le marché, ce qui nous a obligé à mettre en place certains processus qui sont toujours très intéressants à piloter et à voir agir.

L’examen de chauffeur VTC

Pour préparer son examen, il faut trois à six mois de préparation. Mais une fois les examens passés, cela prend plusieurs mois pour obtenir sa carte. Donc, au total, on parle d’un processus qui, au plus court, dure six mois, au plus long pour certains chauffeurs, dure un an. Et aujourd’hui, les personnes souhaitant devenir chauffeurs VTC ne peuvent pas attendre un an pour avoir des revenus. Alors, beaucoup passent l’examen, mais finalement trouvent une autre opportunité de carrière, une autre opportunité économique, un emploi. Et ne vont jamais exercer l’activité VTC. Ainsi, il y a un déséquilibre entre le nombre de cartes délivrées et le nombre de chauffeurs actifs. C’est dommage parce que finalement, on pourrait créer des opportunités économiques à beaucoup de personnes.

Comment Bolt comble l’impact environnemental de ses courses ?

Pendant plusieurs années, Bolt a compensé les émissions en CO₂ au travers des projets environnementaux dans le monde entier. L’entreprise investissait dans les projets les plus ambitieux. C’était plusieurs millions d’euros réinvestis pour couvrir ces émissions ou essayer de compenser l’impact. Ce sont des sujets qu’on prend à cœur parce qu’on était les seuls à le faire de cette manière là, en ayant une compensation pour essayer d’avoir un impact direct.

Le deuxième gros chantier qu’on a effectué, c’était une initiative en Afrique où nous avons planté des millions d’arbres au Kenya, en passant par une société kenyane pour lancer cette initiative.

Nous travaillons actuellement sur un nouveau plan qui n’est pas encore communiqué, mais qui va essayer au moins d’être aussi ambitieux que les deux précédents.

Electrification de la flotte et financement

Aujourd’hui, on fait plus de courses en véhicules hybrides électriques qu’en véhicules thermiques. Chaque mois et même chaque semaine, on ajoute beaucoup plus de véhicules hybrides et électriques qu’on a ajoutés dans le passé de véhicules à diesel. Bolt a mis en place un écosystème avec des partenaires pour proposer des véhicules aux chauffeurs uniquement hybrides ou électriques (on n’offre pas de partenariat avec des véhicules thermiques). Mais on ne va pas s’arrêter à ce sujet -c’est-à-dire la proposition d’acheter une voiture à un prix intéressant – puisque c’est là où s’arrêtent les concurrents de la plateforme. Nous accompagnons aussi accompagner sur le financement.

Les chauffeurs n’arrivent pas à se financer facilement auprès d’une banque classique. Il n’y a pas d’organismes dédiés qui vont les aider. Donc nous travaillons avec des associations et sommes même aujourd’hui en train de définir une offre de financement, justement pour les accompagner dans l’achat du véhicule, puisque les véhicules électriques aujourd’hui sont relativement plus chers. En effet, notamment à cause des pénuries de puces, et de façon générale, avec l’inflation en cours, il y a des sujets autour de l’augmentation générale des prix, que ce soit de matières premières, de carburant, etc. Notre écosystème va aller du financement, de l’accompagnement, pour l’achat du véhicule, mais aussi pour la location

Quelle est la suite pour Bolt ?

Nous travaillons sur la complémentarité des services taxis, VTC, la micromobilité, et nous candidatons à toutes les appels d’offres qui nous semblent pertinents dans les grandes agglomérations françaises.

Nous souhaitons créer un écosystème permettant d’adresser les différents comportements des utilisateurs ou besoins des utilisateurs dans toutes les grandes villes françaises et s’assurer qu’en complément d’avoir une multitude de services dans les différentes villes où l’on opère, nous continuons à travailler sur les sujets de l’électrification, la sécurité, l’amélioration de la qualité. Notamment avec les problématiques des courses la nuit sur les activités de VTC, de taxis, le respect du code de la route, etc. Nous cherchons aussi à améliorer l’inclusion, notamment sur nos catégories VTC et vannes, inclure une offre PMR, pouvoir répondre à l’intégralité des besoins de tous nos utilisateurs.

Je pense que ce sont les gros challenges qui vont pousser Bolt, finalement, à se surpasser en France.

Articles connexes