Accueil » Mobilité durable » Ferromobile: une seconde vie pour les lignes désaffectées de la SNCF

Ferromobile: une seconde vie pour les lignes désaffectées de la SNCF

par Laurent F.

C’est lors du Salon des Maires et des Collectivités Locales -qui se tient du 22 au 24  novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles à Paris- que l’ancien ministre de l’Economie devenu serial entrepreneur a présenté sa Ferromobile. Mais de quoi s’agit-il?

@Ferromobile-SICEF

L’histoire commence en 2021, lors des «Rencontres du Transport Public» de Toulouse. Arnaud Montebourg, ex-ministre de l’Economie devenu chantre du made in France, y présente alors son dernier pari: une nouvelle start-up, la Société d’Ingénierie, de Conception et d’Exploitation de la Ferromobile (SICEF). Son objectif? Développer une voiture électrique autonome et de série pouvant circuler sur rails afin de palier l’arrêt des petites lignes du réseau ferré.

Pour l’aider dans son développement technologique et commercial, la SICEF (co-fondée avec Akkodis, leader mondial sur le marché de l’ingénierie et de la R&D), a multiplié les partenariats. Avec Alstom. Avec Systra, la co-filiale de la SNCF et du groupe RATP spécialisée dans la gestion des lignes ferroviaires. Et avec le géant automobile Stellantis qui abrite nombre de marques bien connues, comme Peugeot, Citroën, Fiat, Lancia, Jeep, Opel ou encore Free2move et Leasys… Pour autant, sur l’avancée du projet Ferromobile on n’en savait guère davantage jusqu’ici.

@Ferromobile-SICEF

Une priorité: Reconnecter les territoires

C’est donc lors du récent Salon des Maires et des Collectivités Locales qui s’est tenu à Paris que la SICEF et son fondateur et Président ont présenté pour la première fois leur Ferromobile. On le sait désormais: ce véhicule autonome devrait fonctionner 24 heures sur 24 et sept jours sur sept sur les lignes désaffectées (5700 kilomètres ne sont pas exploités aujourd’hui par la SNCF).

Librement inspirée de la fameuse Micheline qui circulait sur le réseau ferroviaire français dans les années 1930, la Ferromobile aura pour ambition de reconnecter les territoires en offrant un service de mobilité flexible et décarboné dans ceux qui en sont dépourvus. Ceci, sous forme de co-voiturage grâce à une flotte de véhicules partagés (huit personnes au maximum). Et avec un gestion du trafic optimisée puisqu’une Ferromobile devrait pouvoir circuler toutes les cinq minutes aux heures de pointe. De même, outre la coopération avec les acteurs locaux (entreprises et commerces) la SICEF envisage la réouverture de certaines gares pour en faire des «tiers-lieux» proposant «activités professionnelles et rencontres dans les communes.» 

@Ferromobile-SICEF

Un modèle économique solide?

Aussi ambitieux soit-il, ce projet est-il viable? Pour l’ancien ministre et candidat à l’élection présidentielle, aucun doute possible! Selon lui, le modèle économique de la Ferromobile s’avèrerait «trois fois moins cher en coûts d’exploitation que le TER, et dix fois moins cher en coûts d’investissement sur les infrastructures destinées à accueillir un train.» Et de poursuivre: «La Ferromobile additionne les systèmes de sécurité issus de l’automobile à ceux venus du système ferroviaire. Aussi, le projet (…) a obtenu du Plan de Relance gouvernemental après instruction de l’ADEME un soutien à la hauteur de 10 millions d’eurosReste donc à guetter une prochaine mise en service. Sur ce point aussi Arnaud Montebourg affiche son optimisme. «Nous travaillons avec plusieurs régions, dont la Région Occitanie, pour la remise en service d’une première ligne abandonnée, et trois autres régions ont décidé d’étudier l’usage possible de la Ferromobile pour réouvrir les petites lignes fermées. La Ferromobile reconstitue en effet un nouveau service public là où la SNCF s’est retirée pour des raisons de non-rentabilité du service.»

Flexy @SNCF

D’autres projets en cours

A noter que la Ferromobile cohabite avec d’autres projets en cours de développement à la SNCF. Comme le petit train modulaire électrique Daisy destiné aux lignes à faible trafic. Ou comme Flexy, une navette route-rails qui devrait pouvoir aller chercher des voyageurs résidant loin des gares avant de les conduire sur des petites lignes ferroviaires peu fréquentées (un ou deux trains par jour). Ce train du premier et du dernier kilomètre embarquera jusqu’à quatorze passagers. Les premières expérimentations sur des lignes pilotes sont prévues en 2024 pour Flexy, en 2025 pour Daisy.

Articles connexes