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Livraisons du dernier kilomètre: Les «Dark stores» bientôt réglementés? 

par Laurent F.

Mi entrepôts mi-commerces, les «Dark stores» se multiplient à vitesse grand V dans les rues de nos villes. Dédiés aux livraisons express et à celles du dernier kilomètre, ils provoquent souvent la grogne des municipalités et des riverains. Faute d’une réelle réglementation, le gouvernement vient de livrer quelques préconisations qui ont valeur de nouvelles règles.

Dès les premières heures de la crise sanitaire, les habitudes de consommation des Français ont été rapidement bouleversées. Ainsi, selon certains spécialistes, le premier confinement aurait permis au e-commerce de gagner l’équivalent de… dix ans de croissance! Depuis? On le sait: le phénomène s’est largement installé. Selon la FEVAD (Fédération E-commerce et Vente à Distance), sur la seule année 2021 les ventes e-commerce auraient encore progressé de 32%. Et, parmi celles-ci, celles des produits liés au commerce de détail approcheraient les 15%. Du jamais vu!

livraison cajoo
Cajoo

Une réglementation trop floue

Conséquence de cette évolution, de nombreuses enseignes sont apparues qui proposent des livraisons du dernier kilomètre et du quart d’heure (ou à peine davantage). Gorillas, Cajoo, Flink ou encore Frichti, pour ne citer qu’eux, font désormais partie de notre quotidien. Et font un triomphe, à l’image de Gorillas qui a réalisé une levée de fonds record à la fin de 2021. En à peine un an, d’innombrables «Dark stores» sont donc apparus dans les rues de nos villes qui viennent répondre à une demande absolument inédite.

Destinés à servir leur clientèle, ces locaux, souvent situés en lieu et place de commerces ou d’anciens supermarchés ayant baissé leur rideau, sont généralement fermés au public. Bien cachés derrière des vitrines opaques, ils sont utilisés pour l’entreposage, le stockage, et la préparation des commandes. 

Dark Store Flink
Dark store Flink

Peu esthétiques, bruyants, les «Dark stores» agacent de plus en plus!

L’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) vient juste de dresser un état des lieux dans un éloquent rapport. Rien qu’à Paris, près de 60 de ces «Dark stores» et au moins 30 «Dark kitchens» seraient présents en ce début d’année 2022. Des espaces bien souvent critiqués, tant par les municipalités que par les riverains. Jugés peu esthétiques, leur amplitude horaire suscite aussi l’agacement. Ils provoqueraient du bruit jusqu’à tard dans la soirée du fait des allers et venues de leurs livreurs! En tort, ces «Dark stores»? Pas totalement. Car, jusqu’ici, ces ateliers-boutiques profitaient d’une réglementation plutôt floue. Ils pouvaient jouer sur un double statut qui leur permettait… tout ou presque! Celui d’entrepôt et celui de commerce. Mais la situation risque de bientôt changer…

Ou quand le gouvernement ménage «la chèvre et le chou»…

Face à la grogne, le Ministère de l’Économie vient de publier un guide venant clarifier les règles d’urbanisme applicables à ces «Dark stores», et plus généralement au «Quick commerce». Son objectif? Préciser aux élus à quelles conditions un mini-entrepôt peut être considéré comme un commerce et non comme un réel entrepôt. Plus qu’une nouvelle réglementation il vient également apporter quelques préconisations. En clair, ceux qui exercent exclusivement une activité de stockage doivent être considérés comme entrepôts au contraire de ceux qui assurent aussi une activité de «Drive». Eux peuvent être qualifiés de commerçants. 

«Il s’agit désormais de mieux s’insérer dans le tissu urbain et réduire les inquiétudes liées à l’implantation des «Dark stores».»

Gouvernement

Mise aux normes et concertations sont préconisées

L’évidence étant posée, des mises aux normes sont dans les deux cas fortement recommandées par le gouvernement. Pour les «Dark stores» proposant un Drive, il est par exemple demandé une ouverture des locaux au public, «le cas échéant, sur une surface réduite à un comptoir de retrait de commande», ceci pour «mieux s’insérer dans le tissu urbain et réduire les inquiétudes liées à l’implantation des «Dark stores» (moindre fréquentation des rues, vitrines peu esthétiques). Enfin, l’Etat en appelle aussi à la concertation entre les acteurs et les municipalités concernés afin d’«organiser une période de transition pour ceux d’entre eux qui devraient se mettre en conformité avec la réglementation». Ou comment ménager «la chèvre et le chou».

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