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200 millions d’euros pour «limiter» l’augmentation des tarifs des transports franciliens

by Laurent F.

Une aide exceptionnelle de l’Etat va permettre au Passe Navigo de limiter son augmentation tarifaire en 2023. De quoi faire taire la grogne? A voir…

La question était au centre de tous les débats, et même d’un véritable bras de fer entre Ile-de-France Mobilités (IDFM) présidé par Valérie Pécresse et le gouvernement: le Passe Navigo n’augmentera finalement «que» de 12% en janvier 2023. Concrètement, l’abonnement mensuel coûtera 84,10 euros au lieu de 75,20 euros en 2022 quand on craignait dépasser les 90 euros il y a encore quelques jours.

navigo augmentation

Le forfait ImaginR (destiné aux scolaires et aux étudiants) passera, lui, de 342 euros par an à 365 euros (+6%). Et le ticket unitaire gagnera 20 centimes en passant à 2,10 euros. Grincements de dents en revanche pour le passe hebdomadaire qui subira, quant à lui, une augmentation record (et assez incompréhensible!) de 31,6%, passant à 30 euros au lieu des 22,80 euros actuels. 

«Ces 200 millions supplémentaires n’ont qu’un seul but: protéger les usagers et éviter qu’on ait un passe Navigo qui explose. C’est un geste très puissant et exceptionnel.»

Clément Beaune, Ministre délégué aux transports

Le bras de fer entre Ile-de-France Mobilités et le gouvernement se poursuit!

Si ces hausses de tarif sont relativement limitées au regard de ce que l’on pouvait craindre, c’est grâce à l’intervention de l’Etat. Par la voix du Ministre délégué aux Transports Clément Beaune, le gouvernement a annoncé début décembre le déblocage de 200 millions d’euros pour aider Île-de-France Mobilités. Un épisode de plus dans le bras de fer qui oppose les deux parties depuis que Valérie Pécresse a sollicité l’aide de l’Etat.

Son objectif: «trouver les 950 millions d’euros de recettes supplémentaires pour 2023 et limiter au maximum la facture des voyageurs.» Mais l’appel reçut aussitôt une fin de non-recevoir, le Ministre des comptes publics Gabriel Attal spécifiant à la Présidente de la Région que l’Etat n’était pas le «tiroir-caisse» de l’Ile-de-France. Bref, l’annonce de cette «aide exceptionnelle» vient donc apporter un peu d’air dans ces relations pour le moins tendues. Elle permet surtout de débloquer en partie la situation. Au profit des voyageurs avant tout, a précisé Clément Beaune: «Ces 200 millions supplémentaires n’ont qu’un seul but: protéger les usagers et éviter qu’on ait un passe Navigo qui explose. C’est un geste très puissant et exceptionnel.»

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Des réactions très mitigées

Dès l’annonce de la mesure, la présidente d’IDFM a évidemment réagi, se réjouissant que «pour tous les usagers franciliens, l’État ait enfin pris conscience de la gravité de la situation des transports en Île-de-France.» Un regret, cependant: «que l’Etat ait bloqué son plan de juste partage de l’effort entre les trois financeurs franciliens des transports -collectivités, voyageurs et entreprises- qui aurait permis de fixer le tarif du Navigo à 80,80 euros.» Et de demander également que, face à cette augmentation, les employeurs publics et privés «augmentent leur part de remboursement employeur de 50% à 75% du Passe Navigo de leurs salariés.»

Un tollé chez les usagers!

Mais -on s’en doute!- l’annonce a aussi fait réagir élus d’opposition et associations d’usagers. Ainsi, la Présidente du groupe la Gauche Communiste, Ecologiste et Citoyenne Céline Malaisé a appelé aussitôt Valérie Pécresse (via un communiqué) à «reculer» et à annuler les hausses prévues. «Il serait inconcevable que la Présidente d’Ile-de-France Mobilités maintienne son plan néfaste alors que le gouvernement a fait un pas timide en direction des usagers. Le Navigo à 90 euros comme à 85, pour nous c’est toujours non!» Quant aux différentes associations d’usagers, elles ont également dénoncé la hausse. A l’appel des Associations d’usagers et élus franciliens de gauche et écologistes, une manifestation s’est même tenue dès le lendemain matin devant le Conseil régional. La grogne se poursuivra-t-elle? Affaire à suivre!

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