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Où en est-on des «taxis volants» ? 

par Apolline C.G.

A la rédaction, on n’a pas pu s’empêcher de mettre «taxis volants» entre guillemets. Et pourtant… est-ce encore vraiment de la science-fiction que de s’imaginer voler d’un quartier à un autre? Il semble que non. 

Depuis des années, la course à l’aérien fait rage entre de nombreux acteurs sur tous les plans. Déjà en 2016 les prototypes se multipliaient alors que l’entreprise Uber se rêvait dans les airs avec son application de transport à la demande Uber Elevate*. De son côté, Safran annonçait en 2019 le lancement de la fabrication de moteurs compatibles avec des drônes volants capables d’accueillir plusieurs personnes. 

Une course qui n’étonne personne dans le domaine. En effet, d’après une étude du cabinet Olivier Wyman, les taxis volants pourraient représenter en 2035 un marché de 25 milliards de dollars avec 40 à 60.000 engins volants dans le monde.

Une course qui s’accélère partout aux quatre coins du globe mais qui revêt un aspect particulier pour la France. Avec l’arrivée imminente des Jeux Olympiques à Paris en 2024, traditionnelle vitrine mondiale pour le pays accueillant, les acteurs du domaine se pressent pour être capable de présenter leurs innovations. 

*acquise par Joby Aviation depuis janvier 2020

Concrètement où en est-on? 

Commençons par le début. Qui sont les acteurs principaux? Comment se place la France sur ce créneau?  Si le grand public s’intéresse aux innovations de ce domaine, il est parfois difficile d’avoir une vue d’ensemble sur les engins qui semblent vouloir sillonner le ciel de demain. 

L’appel à projet des aéroports de Paris 

Les entreprises sont nombreuses à chercher à s’inscrire dans ce créneau. En France, suite à un appel à projet conjoint de la part de la RATP, Aéroports de Paris (ADP) et Choose Paris Region, aérodrome de Pontoise – Cormeilles-en-Vexin, «une trentaine de lauréats ont été choisis, afin de pouvoir réaliser dès juin 2021 des expérimentations sur la zone de test à l’aérodrome de Pontoise – Cormeilles-en-Vexin”, un «véliport” inauguré le 30 septembre 2020.

L’occasion de comparer les principaux acteurs de ce secteur en pleine expansion. 

Les entreprises s’inspirent des drones 

Un véhicule à mi-chemin entre l’hélicoptère et le drône, possiblement autonome, et surtout éco-friendly: c’est ce qu’imaginent de nombreuses entreprises qui voient en ce fameux «taxi volant” le futur du déplacement. Car c’est un élément primoridal à retenir: le taxi de demain est électrique et respectueux de l’environnement. Depuis 2016 plusieurs prototypes ont déjà été présentés à commencer par celui de la start-up chinoise Ehang. Le véhicule avait été mis en scène à l’occasion du CES de Las Vegas. 

Drone de la marque Ehang

Les réactions avaient alors été très vives et la presse ne cachait pas une certaine incrédulité, faisant le lien avec plusieurs films de science-fiction.

Une difficulté à envisager sérieusement ces engins de l’air qui a du mal, semble-t-il, à quitter les esprits. Pour preuve, quatre années plus tard en 2020, lorsque Catherine Guillouard, PDG de la RATP présente à la présidente de la région Ile-de-France le VoloCity, Valérie Pécresse fait avec amusement une référence au Cinquième Elément. Et pour cause: avec son look futuriste, le VoloCity de la marque Volocopter est pour le moins impressionnant. 

Volocity

Une technologie de pointe dont les premiers essais ont eu lieu en 2021 au-dessus de la ville de Paris sous contrôle étroit. Le véhicule, que la marque dit prêt à la commercialisation et respectueux des normes européennes, pourrait à ce jour parcourir jusqu’à 35 kilomètres. Il décolle et atterrit à la verticale. La marque n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle travaille depuis 2011 sur le projet d’un taxi volant, ainsi que sur différentes variantes comme le Volodrone pour délivrer des colis par les airs ou le VoloConnect qui se rapproche plus de l’avion en terme de design et permettrait de parcourir de plus longues distances. 

En 2021, Airbus proposait également une alternative via sa filiale Airbus Helicopters. L’engin baptisé CityAirbus reprend le même type de caractéristiques que ses cousins, proposant la possibilité de transporter jusqu’à 4 passagers. Présentée durant le premier sommet sur l’aviation durable organisé à Toulouse en février 2022, la maquette avait convaincu. 

CityAirbus

Prototype de taxi volant en Chine: quand les échéances se rapprochent 

Volkswagen a surpris ce 27 Juillet avec l’annonce du lancement de son premier prototype en Chine. Encore en phase de test pour toute l’année, la marque allemande qui a choisi de présenter l’engin via sa filiale en Chine espère pouvoir mettre en service ces taxis d’un nouveau genre avant 2024. Une échéance qui se rapproche à grands pas et place la marque en bonne position dans la course à l’air. Selon le Figaro, la marque n’a cependant pas encore obtenu de validation auprès des autorités chinoises. Un compte à rebours toujours soumis à conditions, donc. 

Taxis volants: et alors?

Et oui, peut-être qu’au-delà de l’aspect futuriste du projet au fond vous vous dites «et alors”? Outre la sécurité, mot que l’on retrouve presque sans exception dans les slogans de toutes les marques, les taxis volants sont-il vraiment un sujet de société, et si oui, est-il bien passionnant? Il faut avouer que ce n’est pas demain la veille que Monsieur Tout-le-monde prendra son taxi volant pour se rendre au travail.

Non seulement la plupart des prototypes commencent leurs phases de test depuis cette année seulement, mais les plus avancés comme celui de Volkswagen ont une clientèle très spécifique en tête. La marque a d’ailleurs précisé que leurs véhicules volants s’adressaient exclusivement aux «clients chinois fortunés férus de technologie”. Si la phrase vous semble longue, vous pouvez vous contenter de retenir « fortunés ». De même pour les taxis que la RATP souhaite voir survoler Paris en 2024 pour relier les aéroports. Bien que l’entreprise ait annoncé vouloir se concentrer sur l’accessibilité de son service, elle estime le prix autour d’un trajet autour de 100€. A ce prix, mieux vaut être sûr de sa destination. 

Un véhicule propre

Pourtant il serait dommage de ne considérer cette étonnante avancée que comme un nouveau caprice technologique de type «quand on peut on veut” et qui n’aurait pas grande incidence sur nous, le commun des mortels. Les innovations dans le domaine ont été absolument gigantesques rien que ces 5 dernières années et ce marché que tous se déchirent pourrait bien se rendre accessible plus rapidement que prévu, à la faveur de la course au clients. Surtout: il constitue l’une des meilleures alternatives futures aux problèmes d’engorgement des routes et de pollution. Conscientes du tournant nécessaire vers les énergies vertes qui s’opère dans le monde, toutes les entreprises qui cherchent à commercialiser leurs véhicules volants ont pris en compte un cahier des charges plus responsable et conscient de l’environnement vers lequel nous évoluons. 

Alors certes, il est bien orgueilleux (et souvent dans l’erreur!) celui qui tente de prévoir la mobilité de demain. Pourtant, face aux innovations technologiques grandissantes, il semble aujourd’hui difficile d’imaginer un futur où le ciel ne sera pas un lieu de passage (presque) comme un autre. 

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