Présente au gouvernement depuis 2018, Pannier Runacher, députée du Pas-de-Calais (récemment élue du côté d’Arras) est loin d’être une inconnue. Retour sur son parcours et ses engagements.
Après une longue carrière dans le secteur privé, ce n’est qu’en 2016 qu’Agnès Pannier-Runacher fait son entrée en politique, lorsqu’elle rejoint En marche. Cette macroniste de la première heure n’aura donc pas eu à attendre longtemps avant de faire son entrée au gouvernement. En 2018, le Premier ministre Edouard Philippe la nomme Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, en charge de la reconquête industrielle, de l’artisanat et du commerce. Deux ans plus tard, l’énarque prend du galon quand Jean Castex en fait sa Ministre déléguée à l’Industrie. Elle s’y fait rapidement remarquée: dans le cadre du plan de relance post-Covid, elle présentenotamment un plan de soutien à la filière hydrogène ainsi qu’à la relocalisation industrielle.
Une ambassadrice des énergies renouvellables
En 2022, la Première ministre Elisabeth Borne à son tour la promeut en faisant d’elle une Ministre de plein exercice. Et pas à n’importe quel portefeuille: celui de la Transition écologique, déjà! C’est sous son mandat que sera notamment adopté (en mars 2023) la loi sur le développement des énergies renouvelables qui vise à en faciliter l’accélération, donnant aux collectivités territoriales de nouveaux leviers d’action. Décriée, critiquée par ses opposants, Agnès Pannier-Runacher fera face à de nombreuses polémiques (on y reviendra!). Avant de redevenir Ministre déléguée au sein du gourvernement de Gabriel Attal. Déléguée au Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau, elle sera responsable de l’épauler sur les questions forestières, sans toutefois avoir aucune attribution officielle. Jusqu’à la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, la démission du gouvernement, puis la nomination quatre mois plus tard de Michel Barnier au poste de Premier ministre.
Un Ministère délesté des Territoires, du Logement et des Transports
Après avoir longuement hésité à participer à un gouvernement qui s’annonçait ancré à droite, celle qui se positionne au sein de l’aile gauche de la macronie (elle est, depuis 2020, membre de Territoires de Progrès, un parti créé par Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt) a donc finalement dit oui, (re)devenant Ministre de la Transition écologique à laquelle viennent s’ajouter l’Énergie, le Climat et la Prévention des risques. Elle succède ainsi à Christophe Béchu. Et récupère par la même occasion la tutelle de l’Energie (placée depuis janvier dernier sous la tutelle de Bercy). Au passage, elle perd toutefois la Cohésion territoriale, le Logement et les Transports placés jusqu’ici rattachés au Ministre de la Transition écologique.
Un bilan respectable, mais de vertes critiques…
Bien entendu, les réactions ne se sont pas faites attendre. Si certains saluent cette nomination, reconnaissant sa parfaite connaissance des dossiers, sa capacité à nouer des coalitions parlementaires sur les sujets environnementaux et un bilan passé fort respectable, nombre d’associations ne l’entendent pas franchement de cette oreille. Ce qu’elles lui reprochent? Ses liens de longue date avec des multinationales, notamment. La nouvelle Ministre est, en effet, la fille de Jean-Michel Runacher, ex-dirigeant de Perenco, deuxième producteur français de pétrole après Total. Une entreprise accusée d’être «climaticide», Les Amis de la Terre France lui reprochant même de «violer les droits humains et de ravager l’environnement dans tous les pays où il opère».
Face à la bronca, Agnès Pannier-Runacher a eu beau répondre ne pas avoir à être tenue responsable du passé de son père, lé défense est insuffisante selon ces associations. D’autant que d’autres conflits d’intérêt ont été dévoilés. Comme celui avec Engie Global Market présidé à l’époque par son ex-mari. Autant de raisons qui ont provoqué les appels à la démission. Blanchie par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, Agnès Pannier Runacher s’est dessaisie des questions liées à Engie, mais a pu poursuivre imperturbablement son action au sein du gouvernement.
«Les acteurs de l’énergie ont besoin d’une trajectoire claire, de visibilité et d’un appui politique pour les décennies qui viennent.»
Agnès Pannier-Runacher
Quelles seront les priorités de la (nouvelle) Ministre?
«Plutôt qu’une écologie des interdits, nous défendons une écologie des solutions. Nous portons une autre vision, celle d’une écologie qui croit au progrès et à l’incitation, une écologie qui compte sur l’innovation et la science pour changer notre modèle de production et trouver de nouvelles solutions.», écrivait Agnès Pannier-Runacher dans une tribune publiée dans le quotidien «Les Echos» en 2021. Dans une interview donnée à GreenUnivers (un site destiné aux professionnels de transition énergétique) à la veille de sa nomination, la nouvelle Ministre a réaffirmé sa volonté de développer une énergie décarbonée «couplée à des plans industriels pour les filières».
Aux côtés d’Olga Givernet (la nouvelle Ministre déléguée à l’Energie), elle devra donc mener ces dossiers à bien. Sans pour autant que l’on sache encore le poids des actions de ce Ministère. Réponse prochainement, lorsqu’on saura les grandes orientations budgétaires du gouvernement Barnier pour 2025. Un budget normalement placé sous le signe de la rigueur. En attendant, celle qui disait il y a quelques jours encore n’être «candidate à rien» a rappelé aussi combien les mesures de politique énergétique lui semblaient prioritaires, ciblant la dite priorité à la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). «Les acteurs de l’énergie ont besoin d’une trajectoire claire, de visibilité et d’un appui politique pour les décennies qui viennent.»