Au micro de France Inter ce 13 janvier, la Présidente LR de la région Ile-de-France a repris une idée qui fait son chemin: pour réduire le déficit public, et si l’on supprimait purement et simplement l’agence nationale pour l’environnement? Une proposition qui a évidemment suscité la colère, y compris en haut lieu…
Interrogée au micro de Léa Salamé sur France Inter ce 13 janvier, Valérie Pécresse évoquait la nécessaire réduction du déficit public et la future Loi de Finances 2025 quand elle a repris une piste avancée par des voix de plus en plus nombreuses ces temps-ci. Et si, pour faire les économies exigées par la dette publique française, on supprimait… «l’inutile»?» Certes, pour la Présidente LR de la Région Ile-de-France, «rien n’est jamais inutile, mais il y a des choses qui sont plus utiles que d’autres. Surtout, il y a des doublons, des « triplons »… ce n’est plus possible!» . Et l’élue de citer un exemple concret, un seul: «L’ADEME est une magnifique agence pour l’environnement qui fait des choses très belles. Avec 5 milliards de budget et plus de 1 000 agents. Le problème, c’est que quasiment tous les projets financés par l’ADEME sont co-financés par la Banque des Territoires et par les régions. Ce qui veut dire qu’il y a trois administrations qui travaillent sur les mêmes projets…» Et de proposer tout simplement sa suppression. «Je supprimerais l’ADEME et je transfèrerais son budget aux régions. Les régions ont déjà les services pour mener les instructions puisqu’elles le font déjà!» Quant au millier d’agents qu’elle évoquait, il suffirait de «les répartir ailleurs»… Simple comme bonjour!
Entre colère et agacement…
Bien entendu, les propos de Valérie Pécresse ont immédiatement eu l’effet d’une bombe chez les différentes parties prenantes de la transition écologique. A commencer par leur Ministre de tutelle Agnès Pannier-Runacher qui, le jour même, a réagi sur Linkedin. Pour elle, les arguments avancés tiennent de la pure «caricature». Et même d’«attaques teintées de populisme et de démagogie». La Ministre de la Transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche dénonce ainsi le «simplisme» qui vient dénoncer «un prétendu gaspillage d’argent public et un supposé symbole de bureaucratie. (…) Cet acharnement sur des agents publics qui se lèvent chaque matin pour le service public est inacceptable !» Une situation dénoncée également (sur le même réseau social) par le Président de l’ADEME Sylvain Waserman.
92% du budget de l’ADEME sont consacrés aux aides directes aux territoires
Ainsi, d’une même voix, tous deux ont tenu à rectifier: non, le budget annuel de l’ADEME n’est pas de 5 milliards d’euros comme l’a avancé Valérie Pécresse, mais de 3,5 milliards. Dont «92% sont alloués à des aides directes pour des projets concrets dans les territoires.», rectifie le numéro un de l’ADEME. «Des projets de décarbonation de nos communes et de nos entreprises, des projets de réseaux de chaleur, de meilleure prise en charge des déchets, de changement de chaudière dans des sites industriels, et j’en passe…», précise encore la Ministre. «En 2023/2024, nous avons lancé des chantiers structurants: mesure systématique de l’efficacité carbone de chaque euro investi, renforcement des délégations régionales avec reporting préfectoral, formation de 3 500 élus locaux, et refonte de l’accompagnement des entreprises.», poursuit Sylvain Waserman.
Des économies déjà mises en place
Au delà de ces mises au point, Agnès Pannier-Runacher comme Sylvain Waserman ne bottent pas en touche pour autant: bien évidemment, comme partout ailleurs et malgré l’urgence environnementale, des économies sont nécessaires pour participer au redressement de la dette publique. Mais ces efforts sont déjà entrepris. « Nous y travaillons chaque jour », soutient la Ministre quand le Président de l’ADEME s’appuie sur des chiffres concrets: «Nous avons déjà programmé un effort budgétaire significatif de 210 millions d’euros, avec une réduction de 38% sur nos fonds propres, tout en maintenant le fonds chaleur (800 M€).»
«L’Inspection Générale des Finances, après un audit de quatre mois en 2024, a salué la rigueur de gestion de l’ADEME et recommandé une hausse des effectifs, tout en confirmant qu’aucune dépense somptuaire n’a été identifiée.»
Sylvain Weserman, Président de l’ADEME
Une rigueur budgétaire saluée par l’IGF en 2024
Qui a raison? Qui a tort? La fin du débat pourrait bien être sifflée par une institution en tous points objective, et particulièrement experte sur le sujet: l’IGF elle-même! Sylvain Weserman le rappelle: «L’Inspection Générale des Finances, après un audit de quatre mois en 2024, a salué la rigueur de gestion de l’ADEME et recommandé une hausse des effectifs, tout en confirmant qu’aucune dépense somptuaire n’a été identifiée.». Et le Président de conclure: «Supprimer ou fragmenter ce modèle, ce serait fragiliser les projets des collectivités et entreprises, au moment où l’urgence climatique impose d’accélérer.»