Mené dans plus d’une trentaine de pays sur les cinq continents, ce sondage montre une large prise de confiance des Français… qui s’accompagne d’un net scepticisme tant dans les actions menées par l’Etat que dans l’engagement réel des entreprises. Ou quand un changement de cap dans la sensibilisation et la formation devient absolument nécessaire. Et urgent.
Réalisé par Ipsos pour l’école d’ingénieurs CESI, ce sondage (publié à l’occasion de la Journée internationale de la Terre, ce 22 avril) a été mené dans 32 pays, notamment en Australie, au Brésil, au Canada, en Colombie, aux États-Unis, en France, en Indonésie, au Japon et en Thaïlande. Et si l’on s’en tient aux seuls résultats français, le constat est plus que paradoxal. Certes, 75% de nos concitoyens sont préoccupés par l’impact du dérèglement climatique. Ils se sentent donc particulièrement concernés par la problématique. D’ailleurs, plus de la moitié d’entre eux considèrent ce changement climatique comme « la plus grande menace sanitaire pour l’humanité ». Pour autant, si 63% estiment que c’est à eux (aussi) d’agir individuellement, ils affichent néanmoins un franc scepticisme, tout particulièrement face aux mesures prises par les gouvernements et par les entreprises.
Gouvernement et entreprises ne convainquent pas les Français
53% d’entre eux estiment en effet que le gouvernement reste trop peu clair sur les plans mis en place. En 2023, ils étaient encore 63% à le penser, ce qui pourrait donc paraître comme une bonne nouvelle. D’autant que, pour 66% des Français, si le gouvernement n’agissait pas, il manquerait à ses engagements vis-à-vis des citoyens. Même chose lorsqu’il s‘agit d’évaluer la responsabilité des entreprises face à leur manque d’actions: seulement 15% des Français estiment pouvoir leur faire confiance pour honorer leurs engagements environnementaux, mise en place de politiques RSE ou pas…
Idées reçues et fake news persistent
Ainsi, si ce sondage montre la large prise de conscience des citoyens, il souligne aussi hélas la persistance des idées reçues et autres fake news. 38% des Français estiment qu’on leur demande trop de sacrifices (+5% par rapport à 2023). Surtout, la transition vers les énergies renouvelables et la fin de l’utilisation des énergies fossiles semblent ne pas du tout les convaincre. Ils sont même le peuple le moins convaincu de la planète! Pour preuve, 58% des Français considèrent que les véhicules électriques sont aussi mauvais pour la planète que leurs équivalents thermiques. Une défiance qui place la France au premier rang mondial du scepticisme. Au deuxième lorsqu’il s’agit d’exposer leurs doutes sur les fermes éoliennes offshore. 37% affirment même qu’elles détruisent nos éco-systèmes... Sur le sujet, seuls les Indiens se montrent un peu plus réticents que nous (38%). Toujours aussi surprenant, la transition vers les énergies renouvelables serait même négative dans l’esprit de 31% de nos concitoyens! Quant au potentiel impact positif de la transition sur les pandémies mondiales, il convainc seulement 18% des Français. Dans le reste du monde, ils sont pourtant 30% à le penser. 25% des Français sont même persuadés qu’elle s’avèrera négative.
Un changement de discours s’impose… rapidement!
Face à ces résultats en demi-teinte (doux euphémisme!), la nécessité d’une sensibilisation et d’une formation axées vers une écologie moins punitive et plus éducative semble des plus urgentes. Car si les Français semblent attendre des preuves encore plus concrètes que celles que l’on connait aujourd’hui pour attribuer leur confiance, c’est aussi à l’Etat de mieux convaincre ses administrés, tout comme aux entreprises de mieux sensibiliser leurs collaborateurs. Dans un récent rapport, The Shift Project tirait la sonnette d’alarme à ce sujet. Ce sondage Ipsos-Global Advisor ne peut que lui donner 100% raison!