Attendue depuis près de deux mois, la nomination du cinquième Premier Ministre d’Emmanuel Macron est intervenue ce 5 septembre. Si le LR Michel Barnier peut se targuer d’un excellent bilan en matière de politique environnementale, ses décisions seront particulièrement scrutées…
Un engagement de longue date
Au terme d’un suspens aux multiples rebondissements, après près de deux mois d’intenses consultations, Emmanuel Macron a enfin nommé son nouveau Premier ministre en la personne du LR Michel Barnier. Un homme qui, tout au long de sa carrière, a multiplié les portefeuilles.
D’abord élu député de Savoie en 1978, puis Président du Conseil général du même département en 1982, Michel Barnier est notamment connu pour avoir été l’auteur d’un rapport parlementaire intitulé «Chacun pour tous et cent propositions pour l’environnement». Avant d’être nommé Ministre de l’Environnement sous François Mitterand. A cette période, il fait voter une loi désormais intitulée «Loi Barnier», à l’origine notamment des «plans de prévention des risques naturels prévisibles», mais aussi d’un «Fonds Barnier» venant financer les indemnités d’expropriation consécutives à un risque naturel important.
Lorsque sous la Présidence de Nicolas Sarkozy il devient (entre 2007 et 2009) Ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Michel Barnier fait aussi adopter le Plan Ecophyto qui fixe l’objectif de réduction de 50% de pesticides, créant ce qui deviendra l’indicateur de référence, le NODU. A cela viendront encore s’ajouter un Plan de relance de l’agriculture biologique, et un autre concernant les performances énergétiques des exploitations agricoles.
Les ONG environnementales plus vigilantes que jamais
Dès sa nomination, les réactions ne se sont pas faites attendre. Et pas seulement du côté de la classe politique évidemment partagée. Celles des syndicats Jeunes Agriculteurs et FNSEA aussi, qui l’ont immédiatement félicité tout en l’appelant à agir «immédiatement» et «à placer l’agriculture dans ses priorités immédiates». La majorité des ONG environnementales reconnaissent quant à elles l’excellent bilan passé, mais pas question d’accorder un blanc seing au nouveau Premier ministre. Le contexte politique et budgétaire est là qui leur laisse craindre le pire: «Malgré un intérêt sincère pour les problématiques environnementales et un bilan concret sur ces sujets (…), Greenpeace France doute de sa capacité à répondre concrètement et rapidement aux impératifs dictés par la crise écologique actuelle.»
«Greenpeace France demande au nouveau Premier ministre (…) de réallouer les budgets nécessaires à la transition, il s’agira du premier test pour ce gouvernement afin de jauger de son ambition concernant les enjeux environnementaux.»
Greenpeace, 5 septembre 2024
Des décisions urgentes, des choix cruciaux
Même son de cloche chez Réseau Action Climat pour qui « il est à craindre qu’il ne fasse pas de la transition écologique une priorité.» Un scepticisme (ou plutôt une extrême vigilance) renforcé par les coupes budgétaires souhaitées récemment par le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal en prévision du futur projet de loi de Finances 2025. De là à voir un recul il n’y a qu’un pas que ces ONG n’hésitent pas à faire. Michel Barnier devra donc rapidement les rassurer. Quel avenir réservera t-il aux aides pour la rénovation thermique, à celles pour l’adoption des véhicules électriques ou pour l’installation des bornes de recharge? Quelle direction prendra-t-il quant au développement des énergies vertes? Seul l’avenir répondra à ce qui constitue aujourd’hui de grandes interrogations.
«Greenpeace France demande au nouveau Premier ministre de revenir sur ces prévisions et de réallouer les budgets nécessaires à la transition, il s’agira du premier test pour ce gouvernement afin de jauger de son ambition concernant les enjeux environnementaux.» Au soir du 5 septembre, lors de la passation de pouvoirs sur le parvis de l’hôtel Matignon, le premier discours de Michel Barnier Premier ministre offrait déjà des éléments de réponse aux plus inquiets: non, il n’a pas oublié l’urgence environnementale. «Agir plutôt que parler.»