En l’espace de trois ans, le secteur s’est retrouvé face à de nombreux défis qui lui imposent une profonde (et rapide) mutation. Celui lié à sa décarbonation n’est pas le plus mince…
Crise sanitaire, explosion du e-commerce, puis guerre en Ukraine et pénuries de matières premières… Depuis 2020, supply chain et logistique font face à des défis sans précédent, auxquels viennent s’ajouter ceux liés à sa transition écologique. «Les entreprises sont confrontées au défi de rester en avance sur la demande des consommateurs tout en améliorant la résilience, en réduisant les émissions de carbone, en diminuant le taux de rotation du personnel et en maintenant les coûts à un niveau bas», analyse Rémy Vernet, Directeur de la Digital Supply Chain chez SAP France, un éditeur de logiciels spécialisés qui a récemment publié une grande étude sur le secteur.
C’est donc vers une supply chain performante à tous les «étages» que doivent aujourd’hui se porter toutes les réflexions (et les nécessaires innovations) du secteur. Avec une attention toute particulière pour la décarbonation de leurs activités. Face aux obligations internationales autant qu’à la demande de plus en plus forte des clients, ces enjeux sont devenus si importants qu’ils en sont même absolument capitaux. Si bien que les principaux groupes internationaux n’hésitent pas à largement communiquer sur l’évolution de leurs flottes, montrant là un «farouche engagement» dans des livraisons (beaucoup plus) vertes.
Des avions cargo électriques et des bâtiments éco-conçus chez DHL
Impossible d’être exhaustifs mais, parmi ces grands acteurs, citons le géant DHL qui, dès 2017, s’est fixé l’objectif du zéro émission à l’horizon 2050. Le groupe allemand se veut «à la pointe de l’électrification, avec le déploiement de plus de 30 000 véhicules électriques dans son parc mondial de véhicules de livraison, et la commande de quelque douze avions cargo 100% électriques.» Et ce n’est pas tout: «Plus de la moitié de nos sites (52,1%) sont neutres en carbone, dont 76 nouveaux bâtiments conçus et construits en application des directives en matière de neutralité carbone.» Parce qu’elle souhaite donner l’exemple, DHL a même organisé fin avril son premier sommet mondial: «DHL, l’ère de la logistique durable» a accueilli à Valence (Espagne) plus de 1 000 participants. En amont de l’événement, la firme précisait que «le Sommet mondial 2023 de l’ère de la logistique durable s’adresse aux experts en logistique et durabilité, tous secteurs confondus, souhaitant collaborer, créer des solutions innovantes et parvenir à une logistique plus écologique et plus propre.»
Carburants alternatifs et électrification massive…
Bien entendu, la concurrence n’est pas en reste. Chez XPO, on innove aussi. Avec notamment l’arrivée de la solution LESS (Low Emission Sustainable Solution) qui permet de remplacer le diesel des camions par de l’huile végétale hydrotraitée (HVO). A la clé, la réduction des émissions de CO2 jusqu’à 90%. Du côté de FedEx qui fête ses cinquante ans, on mise clairement sur l’électrique: en octobre dernier, la branche européenne du groupe annonçait «préparer six de ses principales stations à soutenir l’utilisation généralisée des véhicules électriques dans ses futures opérations.» Les 114 premières bornes de recharge ont alors été installées dans des stations de collecte et de livraison de colis à Paris, Strasbourg, Londres, Amsterdam et Madrid. Et une première centaine de fourgons Mercedes-Benz électriques y seront livrés ce printemps.
Géodis: Bientôt des cargos à voile pour les livraisons
Quant à l’autre géant, Géodis et ses plus de 7 300 000 m² de surfaces d’entreposage dans le monde, il a choisi lui aussi d’accélérer, tant sur les carburants alternatifs que sur le verdissement de ses flottes. «420 véhicules biogaz ou électriques permettront de livrer, d’ici 2024, les centres-villes des quarante plus grandes métropoles françaises en solutions bas carbone.», annonçait le groupe dans un communiqué publié fin février. Tout en officialisant son partenariat avec Renault Trucks pour le développement de poids lourds électriques de 16 T adaptés à la logistique urbaine. Mais le développement des solutions rail-route est aussi à l’ordre du jour. Tout comme le transport maritime. Pour preuve, Géodis a récemment signé (via sa filiale Sealogis) un partenariat avec Zéphyr & Borée, une start-up française spécialisée dans la conception de navires cargos à voile. «Sealogis proposera chaque fois que possible des solutions terrestres bas carbone pour la gestion des pré-acheminements et des post-acheminements associés au service maritime Zéphyr & Borée.
Bon à savoir: Make A Move organise le 23 juin prochain les Rencontres Villes et Entreprises dans le cadre du Groupement Logistique et Flottes Durables. Un événement créé spécifiquement pour les gestionnaires de flottes, les responsables RSE, les entreprises de logistique. Avec des interventions d’experts et d’entreprises du secteur des flottes durables. Informations et inscriptions, par ici.