Alors que la loi anti-gaspi rendra obligatoire le tri des biodéchets organiques ou biodégradables, la quatrième édition du Baromètre Odoxa réalisé pour Suez vient d’être publié. Il vient montrer l’évolution de l’opinion et des habitudes des Français sur le sujet.
Nos concitoyens sont-ils prêts à accepter le tri obligatoire de leurs biodéchets au 1er janvier prochain? Quels sont leurs usages en matière de tri? Leur opinion sur le sujet a-t-elle évolué ces derniers mois? Pour le savoir, Odoxa réalise chaque année -pour le compte de Suez- un grand baromètre intitulé «Les Français et la réduction des déchets». Réalisée par Internet du 19 septembre au 6 octobre dernier sur un échantillon de 12 529 Français représentatifs de la population (mais aussi des départements et des régions françaises), l’édition 2023 vient d’être publiée. Elle marque une évidente évolution. Ceci, même si -plus encore qu’un enseignement- une confirmation s’impose: face au tri et à la réduction des déchets, opinions et comportements divergent de façon radicale selon les catégories, et surtout selon le cadre de vie de chacun. D’un côté, ceux qui vivent en maison, les ruraux, les retraités et les habitants des petites villes. De l’autre, les plus jeunes, les habitants des métropoles et ceux vivant en appartement.
Des disparités importantes selon le cadre de vie
Mais pas de quoi être trop pessimiste pour autant puisqu’une immense majorité des Français est désormais convertie au tri (90%). 88% se disent même investis au quotidien pour limiter leurs déchets. Parmi eux, 66% s’estiment d’ailleurs bien accompagnés par leurs collectivités. Un sentiment partagé par tous puisque 67% des habitants des communes rurales le pensent, 69% dans les petites villes, 66% dans les métropoles et 63% en agglomération parisienne.
Mais si (accompagné ou pas) trier ses déchets est une bonne chose, cela ne suffit pas: 57% considèrent qu’il faut désormais adopter une autre façon de consommer, qui en génère moins. En 2022, ils n’étaient encore «que» 53% à le penser. Parmi les populations les plus enclines à ce changement d’habitude, figurent les jeunes (65%) et les cadres (68%). Quoiqu’il en soit, 78% des personnes interrogées disent vouloir proscrire autant que possible les équipements et objets en plastique (soit 3% de plus que l’an passé), et 67% renoncent aux produits jetables (+4%). Autres gestes responsables en progression, l’eau du robinet est désormais privilégiée à celle en bouteille à 73% (+1%).
Des marges de progression demeurent
Mais tous les éco-gestes ne progressent pas. Ainsi, l’achat en vrac peine encore à s’imposer. Il connaît même un léger recul puisque seulement 50% des Français l’ont adopté au moins occasionnellement quand, en 2022, ils étaient 53%. De plus, un tiers d’entre eux trouve difficile de réduire ses déchets. Tout particulièrement les moins de 35 ans (39%), les personnes vivant en appartement (37%), et les habitants de métropoles (35%). Parmi ceux-là, 77% craignent surtout de trop devoir bouleverser leur quotidien pour y parvenir. Une crainte particulièrement présente chez les moins de 35 ans encore une fois (83%), mais aussi chez les cadres (81%) et chez les habitants des grandes agglomérations (79%).
68% de Français font confiance à leurs collectivités pour la mise à disposition de solutions efficaces dans le recyclage de leurs biodéchets
Le tri des biodéchets a encore ses réfractaires
Revenons au tri des biodéchets bientôt obligatoire ainsi qu’à leur recyclage. Une évidence d’abord: la notoriété de cette nouvelle mesure laisser encore à désirer. Seulement 46% des moins de 25 ans en ont entendu parler (contre 75% des 65 ans et plus). Au final, ce sont 63% des Français qui connaissent cette loi. Et, la encore, pour les aider à la respecter ils font confiance à leurs collectivités dans la mise à disposition de solutions (68%). Des bacs à compost notamment. 56% les ont déjà expérimenté, et 23% pourraient sauter le pas en 2024.
Mais le compostage ne fait pas l’unanimité puisque 21% s’y refusent. Ceci, autant pour des raisons logistiques (76% disent ne pas pouvoir, faute d’espace ou en raisons de coûts estimés trop importants) que de nuisances supposées (66% craignant notamment les odeurs ou les insectes qui seraient inévitablement attirés par le compost).Sans surprise c’est chez les habitants en appartement (31%), à Paris (28%), mais aussi en région PACA (28%) que ces réfractaires sont les plus nombreux. Les ruraux (71%), les habitants des petites villes (62%) et ceux résidant en maison (67%) sont au contraire déjà conquis!