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Le tri des biodéchets bientôt obligatoire chez les particuliers

par Laurent F.

A partir du 1er janvier prochain, conformément à la loi AGEC, les biodéchets comme les épluchures, restes alimentaires ou encore fleurs fanées ne pourront plus être jetés dans nos simples poubelles. Leur tri deviendra obligatoire, pour les particuliers comme pour les entreprises.

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C’est à un véritable gâchis que souhaite mettre fin la loi AGEC votée en 2020: selon les statistiques fournies par l’Etat, un tiers des déchets que contiennent nos poubelles seraient des biodéchets. A savoir des détritus végétaux ou alimentaires qui terminent le plus souvent enfouis ou incinérés quand ils pourraient être transformés en compost ou méthanisés. Quant au biogaz issu de leur traitement, il pourrait se substituer à certaines énergies fossiles. En conséquence, la loi AntiGaspillage pour une Economie Circulaire imposera désormais à tous le tri de ces biodéchets. Et ceci, dès le 1er janvier prochain. 

La plupart des entreprises déjà concernées par le tri des biodéchets

Les ménages viennent donc rejoindre dans cette obligation un grand nombre de  professionnels. Car, depuis janvier 2012, ceux produisant plus de 120 tonnes de biodéchets par an devaient déjà les trier et les faire valoriser. C’était notamment le cas des entreprises de la grande distribution, des industries agroalimentaires, de nombreux restaurants et cantines, et bien sûr des espaces verts. Les seuils ont ensuite été abaissés: en 2016, les entreprises produisant plus de dix tonnes par an ont aussi été concernées. Et, depuis ce mois de janvier 2023, ce sont toutes celles produisant plus de cinq tonnes par an qui doivent elles aussi trier, désormais. Avant que toutes les autres les rejoignent puisqu’au 1er janvier 2024, la loi abolira l’ensemble des seuils planchers pour interdire purement et simplement le dépôt des biodéchets dans toutes les poubelles. Sans exception. 

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Composteur Gardigame

Concrètement, comment devra-t-on faire?

Au 1er janvier la loi AGEC nous imposera, à tous, de disposer d’une solution afin d’assurer le tri quotidien de nos épluchures, de nos restes alimentaires ou de nos fleurs et plantes fanées. Pas de panique: si vous vivez dans un studio (ou, du moins, dans un petit espace) vous ne serez pas obligé de posséder un composteur et de l’entreposer dans votre cuisine ou dans votre salon! En revanche, où que l’on soit, les collectivités sont tenues de proposer une collecte séparée (via un bac à ordure et un ramassage spécifiques) ou une solution de valorisation (comme les fameux composteurs, donc). Mais il est bien évident que ces solutions ne pourront pas s’appliquer partout de façon identique. Résultat, c’est parfois un véritable casse-tête auquel font face les territoires. Notamment ceux aux disparités géographiques et démographiques importantes.

«On a fourni aux usagers un bac vert qu’on collecte en porte-à-porte chaque semaine. Tous nos camions sont équipés de bennes bi-compartimentées.»

Jean-Luc Salamolard, vice-président en charge des déchets en Puisaye-Forterre, dans L’Yonne Républicaine, le 12 janvier 2023.

Un investissement conséquent pour les collectivités locales

Ainsi, le 12 janvier dernier, le quotidien régional «L’Yonne Républicaine» dressait un premier état des lieux, à tout juste un an de l’échéance. Fortement rural le département de l’Yonne abrite également des bassins de population plus denses. Comme à Auxerre, Sens et, dans une moindre mesure, Joigny. Selon le périodique, une évidence: peu de territoires ici sont d’ores et déjà en ordre de marche. A deux exceptions près toutefois. Le Coulangeois (près d’Auxerre) où le tri des biodéchets se fait depuis plusieurs années déjà. Et, au sud, la Puisaye-Forterre qui l’organise depuis plus de vingt ans. «Notre compost, labellisé depuis 2017, est utilisé par les agriculteurs voisins et mis à disposition des habitants qui le souhaitent. On a fourni aux usagers un bac vert qu’on collecte en porte-à-porte chaque semaine. Tous nos camions sont équipés de bennes bi-compartimentées. C’est un investissement de départ conséquent!», explique Jean-Luc Salamolard, vice-président en charge des déchets. 

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2024… Un cap difficile à tenir?

Et c’est justement sur la question des nécessaires investissements que le bât blesse le plus souvent. Et encore davantage depuis la crise énergétique et l’inflation que l’on connaît depuis quelques mois… Pour nombre d’élus, l’heure est aux restrictions budgétaires. «Il y a eu tellement de paramètres nouveaux à gérer depuis 2020 que cette loi est restée lettre morte.», admet Marc Botin, président de l’agglomération du Grand Sénonais, au même quotidien. Avant de relativiser: «Notre collectivité fait plutôt figure de bonne élève puisqu’elle fait partie des rares de l’Yonne qui ont déposé un dossier à l’Ademe.»

Quant à Michel Jouan, vice-président chargé des politiques de gestion des déchets sur le territoire sénonais, il précise la ligne tenue jusqu’ici, et qui vaut aussi dans d’autres communes du département: «On a essayé d’anticiper. En zone rurale, pas mal de gens sont déjà équipés de composteurs individuels qu’on vend à moitié prix. En zone urbaine, on envisage des sites collectifs. Nous allons faire des essais en lien avec le bailleur social Habellis. Mais, très sincèrement, que tout soit techniquement prêt début 2024 n’est pas tenable.» A suivre, donc…

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