On parlait récemment des escroqueries liées aux panneaux photovoltaïques. La transition écologique donne décidément des idées aux arnaqueurs de tous poils. Une enquête éloquente publiée le 20 juin dernier dans le quotidien «Le Parisien-Aujourd’hui» révèle l’ampleur des arnaques aux Diagnostics de Performance Energétique (DPE) ainsi qu’aux aides à la rénovation.
Rappelons d’abord que depuis janvier 2023, le gouvernement a décidé d’agir contre les passoires thermiques. Les logements classés G+ (ceux consommant plus de 450 kWh/m2 par an) sont désormais interdits à la location. Et, sauf changement de majorité (le Rassemblement national ayant annoncé sa volonté d’assouplir ce calendrier), en 2025 ce sera l’ensemble des biens classés G qui seront concernés. Les F en 2028, les E en 2034.
Hélas, si la loi semble plutôt louable sur le papier, elle a vite montré ses limites… «C’est une mesure qui a créé un monstre. (…) On voit arriver plein de jeunes qui cassent les prix et font n’importe quoi pour contenter les propriétaires ou les agents immobiliers. C’est devenu un enfer, un repaire d’escrocs. Et nos assurances deviennent de plus en plus chères vu que les diagnostics bidons commencent à être attaqués.» raconte un ancien professionnel au quotidien « Le Parisien Aujourd’hui ». Comme bien d’autres, l’artisan a préféré raccrocher les gants face à une situation devenue aujourd’hui hors de contrôle…
«J’ai senti que la mesure du gouvernement serait une aubaine. J’étais au chômage, donc j’ai été formé gratuitement en quelques jours. Depuis, je ne fais que du bouche-à-oreille, avec bakchich. Et ça marche très bien pour moi.»
Un faux diagnostiqueur, au «Parisien-Aujourd’hui»
Face à l’absence de contrôle, l’arnaque prend de l’ampleur
De fait, devant l’ampleur des travaux qui seront nécessaires pour s’aligner à ce calendrier, certains propriétaires anticipent la vente de leur bien quand d’autres préfèrent contourner la loi en s’adressant à de faux diagnostiqueurs tous prêts à leur signer un DPE fantaisiste mais apparemment en règle. «J’ai senti que la mesure du gouvernement serait une aubaine. J’étais au chômage, donc j’ai été formé gratuitement en quelques jours. Depuis, je ne fais que du bouche-à-oreille, avec bakchich. Et ça marche très bien pour moi. Après, je ne compte pas faire de vieux os avec mon entreprise, quitte à la fermer et à en rouvrir une autre ensuite.», explique l’un d’eux au quotidien.
Pire encore, certains de ces diagnostics peu scrupuleux n’hésitent pas à dresser un faux DPE alarmant pour proposer ensuite une nouvelle entourloupe. «Ils vous donnent une mauvaise note pour décrocher des subventions, puis vous faites ce que vous voulez avec l’argent en vous arrangeant avec quelqu’un du BTP qui prend sa part. Ensuite, le diagnostiqueur revient donner une bonne note.», explique Hassad Mouheb, président de la Fédération des experts (Fedexperts) au «Parisien-Aujourd’hui». Tout en regrettant l’absence de réels contrôles. «On voit parfois passer des DPE qu’on sait être de complaisance. (…) On a effectué des signalements, mais si tout est bien fait par le diagnostiqueur au niveau administratif, il n’y a aucune sanction des organismes de contrôle qui n’ont pas assez de moyens. Ils ne vérifient pas les informations frauduleuses. (…) J’espère que tout cela va s’améliorer au fil des mois, parce que là… c’est le Far West!»
Comment être sûr d’un DPE?
Si vous achetez ou louez un bien, il convient de vérifier le DPE qui a été dressé. Voire (si vous avez de gros doutes) à en réaliser un nouveau pour le confirmer ou non. Mais avant cela, vérifiez si l’expert qui l’a réalisé est bien affilié à un organisme certificateur. Et si le document dispose bien d’un numéro d’enregistrement à l’Ademe ainsi que d’un QR code. Attention: ce DPE doit livrer le détail de la consommation pour chacune des pièces du logement. Il doit aussi préciser un certain nombre d’éléments comme la taille du chauffe-eau, l’épaisseur et la surface des vitres, le modèle des radiateurs, le type d’isolation, par exemple.