Quelles sont les offres de nos villes? Pour quels enjeux? Et quels sont leurs projets? Make a Move vous invite à un Tour de France des mobilités durables. Nouvelle étape, Toulouse et sa métropole. Nicolas Misiak, Président de la Commission Mobilités à Toulouse Métropole et Président de Tisséo Voyageurs, nous répond.
La métropole toulousaine compte investir 4 milliards d’euros sur quinze ans pour le développement de son réseau de transports en commun. Comment cela va-t-il se traduire?
Nicolas Misiak: «Comme partout ailleurs nous devons lutter contre la pollution de l’air et contre le réchauffement climatique dont la voiture thermique est l’une des grandes responsables. Mais Toulouse est aussi la métropole française qui connait la plus forte croissance démographique: environ 15 000 habitants supplémentaires par an. Les enjeux sont donc très forts. Et à ceux-la s’en ajoute un autre: nous nous devons de répondre aux nouveaux usages de mobilité, avec une demande de plus en forte sur le multimodal. Pour cela, nous comptons effectivement investir 4 milliards d’euros d’ici 2030 sur nos transports en commun gérés par Tisséo. Le premier grand projet porte sur une troisième ligne de métro qui verra le jour en 2028. Elle est particulièrement importante à nos yeux. D’une part, elle sera aussi grande que les deux autres réunies. D’autre part, elle traversera la métropole en desservant les plus grosses zones d’emploi.»
Et pour le reste?
N.M.: «Notre téléphérique Téléo sera mis en service dès ce printemps. Il est en cours de test. Ce sera le plus grand téléphérique urbain de France. Il fera environ 3 kilomètres, avec des pylônes qui montent à 70 mètres de haut. Nous allons créer de nouvelles lignes de bus à haut niveau de service. Et nous développons également des parkings relais tout autour de notre réseau de transports: nous en avons 17 aujourd’hui, soit 8 000 places pour les voitures.»
Justement, qu’est-il prévu côté automobile?
N.M.: «Notre ZFE est entrée en vigueur le 1er mars. Nous avons opté pour une zone assez large puisque les véhicules les plus polluants sont interdits non seulement à Toulouse, mais également dans d’autres secteurs de la métropole. Pour le moment, elle concernera les plus gros véhicules polluants, donc plutôt les professionnels. Par ailleurs, nous avons plusieurs programmes liés à l’électro-mobilité. Notamment «Villagil» avec des partenaires extérieurs qui vont nous aider à déployer davantage de bornes de recharge.
Nous en implantons dans les parkings sous-terrain, en surface, dans les villes de périphérie également. Bien sûr, nous disposons aussi de l’auto partage, avec Citiz. La solution marche très bien: en 2020, au plus fort de la crise Covid l’auto-partage a connu une croissance quand les autres modes de transport ont régressé! Enfin, du côté du covoiturage, nous proposons notre propre solution via Covoitéo, mais nous avons aussi des opérateurs privés comme Karos. Avec, comme pour l’auto partage, des plateformes et des places de stationnement dédiées.»
Et pour le vélo?
N.M.: «Sur la durée du mandat nous investirons entre 80 et 100 millions d’euros pour les pistes cyclables. Le but est de sécuriser celles existantes, mais aussi de déployer un REV (Réseau Express Vélo): treize voies rapides seront déployées dans les prochaines années. Bien sûr, nous allons favoriser aussi les autres usages. Avec notamment des parkings en surface. Nous venons juste de décider de la création de boxes dans les parkings sous-terrains Indigo. Ils seront sécurisés et disposeront de casiers, pour les casques notamment. Enfin, nous venons de lancer un appel d’offres concernant notre flotte de vélos en libre-service. Jusqu’ici c’est JC Decaux qui opère. Nous verrons bien ce que cela donnera, sachant que nous souhaitons proposer des VAE de façon significative.»
« Des flottes de trottinettes électriques en libre-service ? Je crois qu’ici tout le monde est très heureux de ne pas en avoir ! »
Nicolas Misiak, Président de la Commission Mobilités à Toulouse Métropole et Président de Tisséo Voyageurs
Qu’en est-il du free floating toulousain?
N.M.: «Nous n’en avons plus depuis début 2022. Indigo Weel s’en occupait. Hélas leur entrepôt a brûlé à Noël, et ils ont décidé de quitter Toulouse. Mais nous avons décidé de ne pas lancer de nouvel appel d’offre à ce sujet. Nous verrons ce que donne celui dont je viens de vous parler! En revanche, nous en avons relancé un pour les scooters électriques. Deux opérateurs viennent juste d’être sélectionnés: Yego et Felyx. Ils déploieront chacun 300 scooters.»
Et les trottinettes?
N.M.: «Nous n’en avons pas. Et c’est une décision parfaitement assumée ! D’ailleurs, je crois qu’ici tout le monde est très heureux de ne pas en avoir! (rires) Outre les problèmes bien connus liés à l’occupation du domaine public et à la sécurité, nous souhaitons (comme je l’ai dit) favoriser le report modal. Or, il y en a peu avec la trottinette. Quand les gens l’utilisent pour des trajets domicile-travail, bien souvent ils utilisent la leur. Bref, ce n’est vraiment pas notre priorité!»