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Vélos partagés: Vélib’, Indigo Weel…Rien ne va plus!

par Laurent F.

A Paris, l’opérateur de services Vélib’ est plus que jamais sous le feu des critiques. De son côté, Indigo Weel annonce la fermeture de sa flotte de vélos et de scooters électriques à Toulouse. Explications.

Face à Smovengo élus et usagers se fâchent!

Le Syndicat Autolib’Vélib’ Métropole (SAVM) réunit les élus des 60 communes du Grand Paris cofinançant le service Vélib’. Depuis janvier 2018, celui-ci a choisi de confier les clés de sa flotte de vélos en libre-service à l’opérateur Smovengo. Problème, toutefois: depuis quatre ans, les critiques et les mécontentements pleuvent! Des vélos hors-service, des pneus crevés, des stations vides… les inconvénients se sont enchaînés pour les 360 000 abonnés. Jusqu’à l’arrivée, en novembre dernier, de 3 000 nouveaux VAE.

Livrés avec dix-huit mois de retard, en raison des pénuries actuelles, ces VAE étaient censés venir renforcer la flotte des vélos bleus, victimes de leur succès. Les usagers ont donc repris espoir… mais ils ont vite déchanté! Une défaillance du paramétrage du contrôleur, et voilà qu’à nouveau des pannes en série ont surgi. De brusques coupures du moteur, même sur des deux-roues chargés à 100 %. Début janvier, l’opérateur annonçait toutefois la résolution de ce bug. Assurant à ses abonnés qui avaient signalé le problème au service client Vélib’Metropole le remboursement de leurs courses défaillantes. Du coup, on croyait l’affaire close. Pas du tout! 

«Le service délivré n’est pas au niveau attendu pour un service public de cette envergure, et ne permet pas une expérience utilisateur satisfaisante.»

Communiqué SAVM

Le SAVM exige une amélioration rapide

Pas suffisant pour certains. Et surtout pas pour le SAVM. Dans un communiqué publié sur son site internet le 25 janvier, le syndicat et ses élus exprimaient «leur préoccupation persistante vis-à-vis de l’exécution actuelle du marché Velib’Métropole. Le service délivré n’est pas au niveau attendu pour un service public de cette envergure, et ne permet pas une expérience utilisateur satisfaisante». Et de poursuivre: «Le syndicat exige du prestataire une amélioration rapide de la qualité de service». Dès le lendemain, Le Canard enchaîné révélait en parallèle l’existence d’une note interne.

Et le moins que l’on puisse dire est que le mécontentement du SAVM est grand. En effet, les soixante élus y déplorent le fait que Smovengo «surestime le nombre de vélos disponibles». Et que «les contrôles contradictoires réalisés témoignent d’un service très loin du niveau attendu». Selon eux, «seuls 20 % du parc total en circulation seraient conformes aux conditions du contrat». Et si «98 % des stations Vélib sont censées offrir des vélos 24h/24 7j/7. Ce seuil dépasserait à peine 50 % dans les faits».

Vélo Velib

Sans parler des terminaux électroniques (sur les vélos comme dans les stations), et de la fiabilité des VAE qui font, eux aussi, l’objet de leurs foudres! D’ailleurs, le syndicat précisait déjà dans son communiqué : «A ce jour, malgré la mise en place par le prestataire d’un palliatif technique fin décembre, l’expérience des usagers peut encore être affectée et l’origine précise des dysfonctionnements n’est toujours pas identifiée. (…) Le nombre de trajets effectués ou le nombre d’abonnés annuels, s’ils sont des signaux encourageants, ne doivent pas masquer la réalité du service public Velib’ Métropole qui reste à améliorer. Nous devons mieux à ses usagères et usagers».

Vers une pénalité record ? 

Des critiques d’autant plus embarrassantes pour Smovengo que le SAVM vient juste de lui accorder une rallonge budgétaire (à hauteur de 4 à 6 millions d’€ supplémentaires chaque année). L’objectif étant de lui permettre de financer l’extension du parc de VAE jusqu’à 40% de sa flotte totale. Pour autant, au regard des défaillances soulignées, le SVAM envisage d’infliger à son prestataire une pénalité d’environ 10 millions d’€. Toutefois, pour son président, Sylvain Raifaud (par ailleurs élu EELV dans le dixième arrondissement de Paris), rien n’est acté. «Nous sommes sur la bonne voie. Nous avons un dialogue exigeant, pour une meilleure fiabilité et une meilleure disponibilité du service. Nous avons lancé un plan d’actions face à la surchauffe des usages de l’électrique. Mais nous attendons plus de la part de Smovengo».

Indigo Weel quitte Toulouse

Filiale du groupe Indigo, célèbre pour ses parkings, Indigo Weel a déployé, depuis septembre 2018 quelques 500 scooters électriques et 600 vélos dans les rues de Toulouse et de trois communes de son agglomération. Mais tandis qu’un nouvel appel d’offre à été lancé, l’opérateur vient de jeter l’éponge. La raison? Officiellement, un gros incendie survenu le 14 décembre sur sa base opérationnelle de Colomiers. Selon un communiqué du groupe, «une analyse d’impact détaillée, après l’incendie (…), conduit Indigo Weel à renoncer à reprendre ses activités à Toulouse et dans l’agglomération. À l’heure de cette douloureuse décision, Indigo Weel tient à remercier la Métropole de Toulouse, les villes de Tournefeuille, Balma et Colomiers pour la confiance témoignée».

Indigo précise également que des remboursements automatisés seront effectués pour ceux de ses 30.000 clients qui disposent d’un reliquat de crédit. Après ses échecs à Lyon et à Bordeaux, Toulouse était la dernière ville où opérait Indigo Weel. Faute de trouver là une rentabilité, la société préfère aujourd’hui se consacrer aux flottes de vélos pour les entreprises et à son offre Cyclopark, qui propose des espaces de stationnements sécurisés avec recharges et réparations possibles.

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