La loi l’impose: c’est 70% de véhicules électriques ou hybrides rechargeables que devront compter nos flottes à l’horizon 2030. Mais comment assurer la transition sans se tromper, et sans engager des coûts trop importants? L’Avere France vient de livrer ses recommandations.
Créée en 1978, Avere France rassemble des acteurs de la mobilité électrique, tant dans les domaines industriels, commerciaux qu’institutionnels et associatifs. Aux côtés de ses partenaires (parmi lesquels figurent Enedis, Mobivia, le Groupe La Poste, Zeborne ou encore Renault et Schneider Electric), elle vient de publier un exhaustif guide pratique. Son but: faciliter la transition des entreprises et des collectivités vers des flottes électriques. 108 pages au total qui viennent livrer tous les conseils nécessaires. Et rappeler les obligations fixées par la loi comme le font d’ailleurs, en préambule, trois ministres.
D’une même voix, celle de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, celui des Transports Clément Beaune, et celui de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu le rappellent en effet: «Depuis le 1er janvier 2022, les entreprises possédant plus de 100 véhicules ont l’obligation de commander 10% de modèles électriques ou hybrides rechargeables. (…) 20% à partir du 1er janvier 2024, 40% en 2027 et 70% en 2030. En misant sur l’électrique, les entreprises aideront à densifier le secteur du véhicule d’occasion, qui constitue une porte d’entrée à la mobilité, notamment électrique, pour une majeure partie des Français.»
Quatre erreurs à éviter absolument
Après avoir détaillé chaque étape, depuis l’étude de marché jusqu’à l’installation de la flotte en passant par le bon choix des véhicules, Avere France apporte quelques précieuses recommandations. Et notamment les écueils à éviter si l’on veut réussir son installation, et donc le passage de nos collaborateurs à la mobilité électrique. Pour l’association, ceux-ci sont au nombre de quatre.
1. Ne sous-estimez pas la situation foncière de votre site
«Les investissements à mettre en place pouvant être conséquents et sur une période longue, la pérennité du site ainsi que le type d’occupation (propriétaire ou locataire) sont à prendre en compte. Une non-maitrise des coûts du foncier pourrait entrainer une sous-évaluation de l’investissement, avec des conséquences majeures.» Ainsi, plusieurs questions doivent se poser. Les surfaces de parking sont-elles optimisées? Quel est le taux de saturation du parking? De même, qu’il soit couvert ou non il peut dépendre de réglementations spécifiques qui dirigeront forcément vos choix futurs. Consultez-les absolument!
2. Pensez déjà à la gestion de l’énergie
Demandez-vous si vos infrastructures de recharge seront énergétiquement indépendantes ou reliées au bâtiment. Et anticipez encore: lorsque votre flotte sera 100% décarbonée, de quelle puissance aurez-vous besoin? «L’usage peut aussi mettre en exergue l’intérêt de la charge au domicile de l’employé.», ajoute l’Avere qui, du même coup, incite à s’interroger encore. Quelle est la faisabilité de l’installation au domicile des salariés? Quels coûts pour la supervision, pour la maintenance? Et quelle procédure mettre en place au cas où le collaborateur venait à quitter l’entreprise?
3. Attention au choix des véhicules
Bien entendu, la question est absolument essentielle. Elle influera conséquemment sur le coût de votre flotte, mais aussi sur son acceptation par vos collaborateurs. Alors, hybrides rechargeables ou véhicules 100% électriques? Chacun présente ses avantages comme ses (petits) inconvénients. Pour Avere France, «l’hybride rechargeable sécurise l’utilisateur sur la capacité à rouler sur longue distance, mais fait peser le risque d’une utilisation non optimisée, certains conducteurs pouvant rouler quasi exclusivement avec le moteur conventionnel, générant alors un surcoût de consommation et d’émissions de CO2.» Le 100% électrique? Il garantit «la bascule dans un mode de transport décarboné, mais suppose de maîtriser le besoin de recharge.» Un facteur qui provoquera directement le quatrième point à aborder!
4. Optez pour des types de recharge bien adaptés aux usages de votre entreprise.
Les principaux éléments à prendre en compte peuvent être le kilométrage moyen parcouru à la journée, le temps de stationnement moyen du véhicule, l’enjeu en cas de charge lente… «Les IRVE retenus doivent pouvoir accepter l’évolution des normes à venir comme la norme 15-118 qui sera mise en œuvre en 2023, et qui devrait simplifier le système avec une communication véhicule/borne beaucoup plus avancée.», précise l’Avere. Avant de poursuivre: «Il convient aussi de prêter attention aux têtes de prises. Le type 2 et le combo CSS sont devenus le standard des constructeurs européens. Cependant, certains constructeurs aux USA et en Asie en utilisent d’autres. Il sera important de garder cet élément en tête lors du choix des bornes et des véhicules pour éviter l’achat d’adaptateurs.»
Mais au-delà de ces éléments, quelques recommandations supplémentaires s’imposent encore. Et tout particulièrement avant d’échafauder votre projet IRVE. Elles éviteront elles aussi de vous faire faire de mauvais choix. Et d’engager des coûts inutiles.
Installer sa flotte durable: Quel projet IRVE choisir?
Plusieurs points doivent impérativement être vérifiés. Et anticipés. Ils dépendent des différents cas de figure possibles:
- Vous n’avez pas de parking actuellement, et aucun aménagement n’est possible à court terme. Il vous faudra alors envisager de recharger les véhicules sur des parkings publics ou au domicile de vos collaborateurs.
- Vous disposez déjà d’un parking (ou pouvez en aménager un), mais les places y sont limitées, donc insuffisantes. Dans ce cas (qu’elle dit être le plus fréquent), l’Avere recommande de «mettre en place une gestion énergétique et une incitation à la rotation tarifaire.» Et déconseille fortement «les véhicules hybrides qui ont besoin de se recharger tous les jours.»
- Votre projet IRVE est possible et vous n’êtes pas limité par le nombre de places de parking. Dans ce cas, «il faut dimensionner la puissance de la station par rapport au besoin de roulage moyen. Et la puissance de chaque point de charge en fonction de la durée de stationnement et des capacités de la flotte.»
- Bon à savoir: N’oubliez pas que la Prime Advenir vient subventionner l’installation des bornes de recharge dans les entreprises.