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Agriculture : La filière bio se mobilise et demande un soutien plus massif

Agriculture : La filière bio se mobilise et demande un soutien plus massif

par Laurent F.

D’abord inquiète quant au retrait du plan Ecophyto, et face à une crise sans précédent, la Fédération Nationale d’Agriculture Bio (FNAB) multiplie les appels à un soutien plus massif de l’Etat.

La transition en danger ?

Face à la crise agricole, et surtout face aux premières mesures annoncées début février par le Premier ministre Gabriel Attal, les agriculteurs bio n’ont pas tardé à réagir. Devant l’évident recul du gouvernement sur les enjeux environnementaux, c’est par voie de communiqué qu’ils ont exprimé leur vive incompréhension : «Alors que les revendications du monde agricole concernant les revenus sont largement partagées par la filière bio, les demandes concernant les normes environnementales sont un non-sensPhilippe Camburet, président de la FNAB, explique : «16% des Français sont aujourd’hui en insécurité alimentaire alors qu’on produit sur le territoire plus que ce qui est nécessaire pour nourrir toute la population. On n’est plus en 1950 ; on voit bien que le problème n’est pas de produire plus mais de produire durablement, sans détruire nos outils de production que sont les sols, l’eau, la biodiversité.» Pour la Fédération, aucun doute possible : «la suppression des exigences environnementales est un véritable recul et met en danger la transition agro-écologique de la France. Continuer à soutenir un modèle qui a montré ses limites est illusoire.»

«La moitié des jeunes qui s’installent en agriculture aujourd’hui le font en bio. C’est ne rien comprendre aux transitions profondes qui traversent le monde agricole que de nous ignorer !»

Philippe Camburet, Président de la FNAB

Le plan Ecophyto fait son retour, pas le Nodu

«Nous ne sommes plus une poignée de babas cool qu’on peut ignorer. La moitié des jeunes qui s’installent en agriculture aujourd’hui le font en bio. C’est ne rien comprendre aux transitions profondes qui traversent le monde agricole que de nous ignorer !», s’est énervé Philippe Camburet qui a aussitôt appelé l’Etat à prendre des mesures de soutien conséquentes à la filière, au centre même de la transition écologique demandée au secteur agricole. Des mesures qui devront passer notamment par un renforcement des aides, mais aussi par «un vrai plan d’action pour relancer la demande en produits de qualité avec un coup de pouce anti inflation pour les consommateurs», et (bien sûr) par le maintien des ambitions environnementales. À commencer par le plan Ecophyto qui vient régir les ambitions de réduction des produits phytosanitaires, et que Gabriel Attal a d’abord annoncé suspendre. «Le plan Ecophyto est un plan d’incitation à la transition, pas un plan d’interdiction. Le suspendre est un chiffon rouge !», avait alors avancé la FNAB.

La protestation a semble-t-il été entendue au sommet de l’Etat puisque le Premier Ministre a finalement annoncé ce 21 février la publication imminente du fameux plan. Pour autant, le retour de l’Ecophyto implique l’abandon de son pendant français, le Nodu. Une très mauvaise idée, selon le Président de la FNAB ! «L’indicateur européen HRi1 n’est pas vraiment adapté pour mesurer la réduction des pesticides. Les pays d’Europe devaient se mettre d’accord sur un nouvel indicateur cet automne et, même s’ils ont échoué, le sujet reviendra sur la table car plusieurs pays défendent justement le Nodu, comme la Belgique ou le Danemark.»

«On peut constater que si l’engagement public est significatif, il est proportionnellement en déclin et loin d’être à la hauteur des objectifs affichés.»

FNAB

Des aides conséquentes, mais insuffisantes

C’est donc dans un contexte particulièrement tendu, et à deux jours de l’ouverture d’un Salon de l’Agriculture qui s’annonce chahuté, que la FNAB a organisé ce 22 février une nouvelle conférence de presse. Alors que le Ministère de l’Agriculture doit y annoncer son nouveau plan Ambition Bio 2023-2027, la Fédération a souhaité ainsi renouveler son appel aux aides. Et à leur renforcement. Rappelons que le secteur bio subit la crise de plein fouet (et pas seulement agricole), accusant une baisse de 10% de ses ventes en GMS et GSS. Sur les neuf premiers mois de 2023, 172 magasins bio ont fermé leurs portes en France. Et les pertes du secteur sont estimées à 250M€ en 2022, 300M€ en 2023. Pour la FNAB, «en comparant les dispositifs clés de soutien public prévus sur la programmation de la politique agricole commune 2015-2020 et ceux envisagés sur la programmation 2023-2027, on peut constater que si l’engagement public est significatif, il est proportionnellement en déclin et loin d’être à la hauteur des objectifs affichés.»

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