Créé il y a juste soixante ans, l’Office National des Forêts (ONF) a en charge près d’1,7 million d’ha de forêts domaniales appartenant à l’État et 2,9 millions à d’autres propriétaires forestiers publics, notamment aux communes. Doté d’un budget de plus de 900 M€ et d’un effectif de 8 043 agents fin 2023, il gère 25% de la surface forestière de métropole et commercialise 40% des volumes de bois produits en France. A cela vient s’ajouter des missions d’intérêt général pour le compte de l’État, notamment en faveur de la préservation de la biodiversité. L’ONF a publié récemment un rapport à ce sujet. Rapport qui tire quelques sonnettes d’alarme, et en appelle à un soutien plus massif de l’Etat.
50 000 ha de forêts détruits ces dernières années
Le rapport de l’ONF commence par un inquiétant bilan: «les sécheresses et attaques de parasites conduisent à des phénomènes de dépérissements massifs des forêts. 25 000 ha de forêts domaniales et autant de forêts des collectivités ont été détruits entre 2018 et 2021, appelant un effort de reconstitution appuyé par l’État. De plus, le changement climatique ralentit la croissance des peuplements et réduit la production biologique des forêts publiques françaises. Cette vulnérabilité a remis en lumière l’importance des services environnementaux rendus par les forêts, qu’il s’agisse de la préservation de la biodiversité ou encore du stockage de carbone, et l’ONF doit désormais pleinement les intégrer dans ses modes de gestion.»
Un bilan très positif, mais la situation reste fragile
Un satisfecit, toutefois : les finances sont à la hausse ! Les recettes tirées de la vente de bois domaniaux ont progressé, représentant désormais 40% du chiffre d’affaires de l’ONF. Une augmentation due à la hausse des cours du bois observée entre 2022 et 2023, ce qui a «contribué à réduire l’endettement de l’établissement à 271,3 M€ fin 2023, après un pic à près de 400 M€ en 2020 et 2021.»
Mais cette dynamique positive est également due au soutien de l’État, souligne l’ONF qui en appelle à la poursuite des efforts, précisant que malgré ces bons chiffres- sa «soutenabilité financière reste fragile». Parmi ses désidératas, des moyens supplémentaires semblent donc indispensables: «L’extension du régime forestier implique le déploiement de moyens importants, évalués à 70 agents et à 7 M€ supplémentaires par tranche de 100 000 ha. Face aux réticences des propriétaires forestiers publics à contribuer davantage au financement du régime forestier, l’atteinte de cet objectif repose in fine sur une contribution toujours plus importante de l’État.»
Des besoins multipliés par deux, au minimum …
Restent les perspectives. Et les efforts à entreprendre s’annoncent considérables. «À horizon 2050, l’ONF évalue l’effort de reconstitution des peuplements des forêts domaniales dépérissant à 21 000 ha par an contre 12 000 ha actuellement. Le coût des reboisements est évalué entre 100 et 120 M€ par an pour les seules forêts domaniales contre 44,2 M€ aujourd’hui. L’effort financier à prévoir pour les autres forêts publiques est estimé à 120 M€ par an, à la charge de leurs propriétaires avec l’appui de l’État.» L’ONF de préciser alors qu’au regard de ses capacités financières «et sans évolution de ses sources de financement», il ne pourra «répondre seul aux enjeux de la transition écologique, notamment ceux liés au changement climatique.»